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EAN : 9782246709916
174 pages
Grasset (03/01/2007)
3.34/5   123 notes
Résumé :
"Du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie en situation irrégulière. Il me semblait qu’à tout moment quelqu’un pouvait surgir chez moi en hurlant : Police ! Contrôle d’identité ! Et me contraindre à le suivre. C’était absurde, personne n’avait songé à me mettre à la porte, mon casier judiciaire était vierge et je n’envisageais aucune action terroriste".

La narratrice, un écrivain français de trente ans, est arrêtée par erreur avec d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Claire se fait embarquer par erreur lors d'une rafle d'immigrés clandestins. Bien qu'elle soit 'française' - même si ce n'est pas si évident pour elle en raison de l'histoire familiale et celle de tous les Juifs au cours des siècles -, elle joue le jeu, se fait passer pour une Roumaine, et est transférée dans un centre de rétention.
C'est l'occasion pour cette jeune écrivain d'observer in situ les conditions de vie des 'vrais' retenus, ces réfugiés vivant entre la crainte d'être renvoyés dans leur pays d'origine et l'espoir d'une régularisation pour rester dans notre 'douce France'.
La démarche de la narratrice est identique à celle d'autres auteurs infiltrés tels que John Howard Griffin ('Dans la peau d'un Noir', 1960) et Günter Wallraff ('Tête de Turc', 1986).

Identité, imposture, communautarisme, racisme, judéité et son héritage si lourd, exil, ascension sociale et embourgeoisement, respectabilité à défendre... On retrouve ici des thèmes récurrents dans l'oeuvre de Karine Tuil, présentés et interrogés avec toujours autant de pertinence.
L'accent est mis cette fois sur la question de l'immigration de personnes fuyant la misère, la discrimination, la guerre - politique en vigueur au début des années 2000 pour décourager leur arrivée et leur installation, subterfuges utilisés pour rester...

J'admire cette auteur, j'aime la lire pour son style limpide et agréable, pour le changement de cadre d'un ouvrage à l'autre, pour ces sujets dits 'de société' qu'elle développe avec intelligence et sensibilité autour de parcours singuliers.
Alors je continue, jusqu'à épuisement des stocks. Le prochain sera : 'Tout sur mon frère' (2003).

Sur ce sujet, voir le film 'Samba' (Eric Toledano & Olivier Nakache, 2014), lire 'Police' (Hugo Boris)...
___

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=Z8wrvbs9l8Q
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=K5KAc5CoCuk
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Un peu par hasard, une jeune française se trouve embarquée avec des migrants par la police, pour une vérification des droits au séjour en France. Par curiosité, Claire se laisse emmener dans un centre de rétention, en mentant sur son identité et sa nationalité. Elle peut y voir ce que subissent ces personnes en rétention administrative. C'est aussi l'occasion pour elle de mieux comprendre ce que ses parents juifs ont pu vivre en arrivant en France dans les années 1960...
Elle découvre alors une réalité qu'elle n'imaginait pas, avec deux catégories de personnes : celles qui peuvent rester en France, et celles qui devraient être ramenées dans leurs pays d'origine. Dans l'attente, c'est l'incertitude pour tous du lendemain et le même régime : privation de liberté, promiscuité avec des inconnus, difficultés à se défendre face aux autres et face aux autorités françaises... Chacun adopte sa propre stratégie pour obtenir le « précieux sésame » - un titre qui ne permet pas nécessairement une insertion mais sans lequel la vie est souvent infernale - ou simplement pour ne pas être renvoyé vers un ailleurs encore pire…

L'écriture de Karine Tuil est concise, précise, et très agréable.
Le thème choisi est intéressant et bien traité, même si j'ai trouvé trop appuyé le parallèle entre la situation des migrants et les origines juives de la narratrice.
C'est le troisième roman de cette auteure que je lis. A chaque fois la qualité est au rendez-vous, en particulier celle de l'écriture.

'Douce France', c'est aussi le titre d'une chanson magnifiquement interprétée par Rachid Taha avec 'Carte de séjour' en 1987, sortant de l'oubli et revisitant la terne et franchouillarde version initiale de Charles Trénet ( https://www.youtube.com/watch?v=WWR22LAVyzw ).
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Une jeune écrivain est controlée et arrêtée par erreur avec des immigrés.Choquée mais aussi intriguée, elle cache son identité et se retrouve dans un centre de rétention, avec ces compagnons d'infortunes. Française juive d'Afrique du Nord, cette douloureuse expérience pose la question de son identité et de son appartenance à un pays, d'autant qu'elle s'amourache d'un réfugié manipulateur et séduisant. En s'appuyant sur la célèbre chanson de Trénet, Karine Tuil écrit sur un sujet d'actualité au combien sensible. Ayant pu pénétrer dans un centre de rétention, Tuil appuie ou ça fait mal, montrant comment l'exilé qui espère une reconnaissance administrative, n'est plus rien sans l'attente de la décision d'un juge. L'écriture est cinglante, colérique, entre l'espoir d'hommes et de femmes en attente d'un quelconque Eldorado et d'un pays incapable de faire face à cerre migration qui fuit la misère. Roman court, percutant qui pose de vraies questions, sur l'identité, l'exil, la reconnaissance, le droit de vivre dans la dignité. Vaste sujet oh combien difficle et douloureux.
Bravo à Karine Tuil pour ce récit prenant.
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La narratrice, de nationalité française, se laisse prendre par la police en même temps que des clandestins. Elle se fait passer pour une Roumaine et découvre le monde des centres de rétention administrative.
Un bloc pour les hommes, un pour les femmes, un distributeur de cigarettes en panne, des repas insipides, une multitude de nationalités et donc de langues qui recréé des communautés alors que tous font partie de ceux qui sont « sans papier », expulsables sans autre forme de procès que le passage devant un juge qui ne fait que rappeler l'illégalité de la situation.
Ce récit est celui de son expérience de fausse « sans papier » qui la conduira jusqu'en Roumanie.
L'origine de son indignation, outre les conditions de rétention et l'apparente absence de cause à cette rétention, est exacerbée par l'histoire de ses parents. de confession juive, ils sont arrivés en France après les « évènements » et elle doit sa nationalité française à leur renoncement.
Ce récit est celui d'un phénomène de société qui a soulevé bien des débats.
L'intérêt du point de vue de la narratrice est d'esquiver le débat démagogique et de faire un parallèle entre 2 périodes de l'Histoire de la France. Elle met la situation en perspective de son histoire personnelle et rend le récit source de réflexion plus que de parti pris.
Intéressant
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Une histoire farfelue de cette citoyenne française prise à tort pour une sans papiers, lors d'un violent contrôle d'identité, et qui atterrit dans un camp de rétention de migrants en situation irrégulière. A la fois poussée par la curiosité, étreinte par une peur quasi ancestrale et incorporée par une histoire familiale liée à la judéité et par cette permanente impression de ne pas être chez elle, ou en faute, elle se tait.
Sa rencontre fortuite lors de ce contrôle avec un roumain envers lequel elle ressent une attirance presque animale, contribue à ce qu'elle reste dans ce camp…

Ce roman ressemble beaucoup à ce que fait Karine Tuil, et pourtant il reste différent de ses autres livres. En effet, même si le thème de la judéité est présente (c'est un trait caractéristique et presque permanent des oeuvres de Tuil), l'écriture est incisive, courte, agressive et parfois violente. L'auteure n'a pas laissé beaucoup de place à l'intrigue, à la construction de l'histoire, on ressent une urgence à délivrer un témoignage, une prise de vue à la dérobée, presque illégale tant le roman est brut, comme si il y avais une urgence à écrire, à publier… Cette ambiance donnée par cette écriture, et par ce récit qui est assez court, et lié avec cet état d'urgence que vivent les migrants enfermés dans ces camps de rétention, de passage seulement (même si certains y restent plusieurs mois), puisque ce ne sont pas juridiquement des prisons, même si ces camps offrent sans distinction toutes les privations de liberté et humiliations qu'occasionnent la rétention pénitentiaire.

Je regrette cependant la breveté de ce livre, qui aurait mérité à être plus approfondi, mieux décrit, mais on peux comprendre aisément que nous, citoyens en règles, non seulement nous n'aurons pas l'occasion d'y séjourner, mais que même si nous voulions seulement en savoir plus, nous nous heurterions rapidement à un refus ne serait ce que pour visiter les locaux ou recueillir les témoignages de ces migrants ainsi parqués. Il me semble que l'autrice a précisé en fin d'ouvrage qu'elle n'avait pu se rendre que dans un seul centre, et encore le plus moderne de tous, ce qui laisse sous entendre que cela reste un milieu opaque, c'est pourquoi ce récit reste important, bien que court, et laissant beaucoup de questions en suspens.

Cette histoire fictive fait écho à une série réalisée et basée sur l'histoire vraie d'une Australienne qui s'est retrouvée très longtemps dans un de ses camps, avant que l'on ne découvre sa vraie identité. Cette série s'appelle Sateless pour ceux que cela intéresse.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Samir grattait le sol avec un morceau de bois. Il y avait dans ce geste toute la lassitude d'un homme qui aurait perdu la notion du temps. J'ai voulu m'approcher pour lui parler [...] mais Yuri m'a barré la route avec son bras d'un mouvement brutal. Il m'a dit : 'C'est qu'un Arabe'. Au centre [de rétention], le jeu social, loin d'être aboli, instaurait ses règles impitoyables, engendrait ses propres conflits et ce n'était plus une simple lutte des classes mais une rivalité profonde, un combat pour la survie, une compétition, chacun cherchant à défier l'autre, à l'abaisser à une condition inférieure, à paraître plus convenable, mieux intégré, chacun espérant supplanter l'autre dans la course à l'accession aux titres de séjour.
(p. 88-89)
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(...) tu as ta carte d'embarquement ? Tu crois qu'ils vont nous servir un petit déjeuner ? Allez, montez, au fond ! Non, je ne possède ni arme ni coupe-ongles ! les passeports et le fric ! Près du hublot s'il vous plaît avec vue sur le ciel, vous pisserez dans cette bassine, posez vos affaires sur le tapis merci, tu voyages en classe économique ? Tu as vu ma tête sur mon passeport ? J'ai visité le Mexique, l'Australie et la Chine, vous n'avez rien à déclarer ? On roulera sans s'arrêter. Je ne supporte pas le décalage horaire si les enfants crient, j'les fais descendre. Par ici s'il vous plaît, que voudriez-vous boire ? Dix heures d'avion, c'est long. Vingt-quatre heures de route, vous n'avez qu'à crever, j'en ai rien à foutre !
« Nous vous souhaitons un agréable voyage. »
___

[ parallèle entre un trajet en avion choisi par une personne libre, et le long parcours clandestin semé d'embuches de migrants...
... j'ai respecté la ponctuation de l'auteur ]
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Lorsque j'apercevais des voitures de police, je bifurquais, changeais de route, j'avais des réflexes de gangster alors que j'étais un écrivain
sans antécédents criminels. Mes parents, des Juifs d'Afrique du Nord qui avaient émigré en France à l'âge de dix-sept ans, m'avaient élevée dans la crainte. Juifs, ils voulaient se faire discrets ; immigrés naturalisés au début des années 60, ils se sentaient inférieurs aux 'vrais' Français comme s'il en existait des faux. (...)
Je ne voulais pas avoir affaire à la police française, la Mémoire est une vieille Juive hystérique, tu lui dis de se taire, elle hurle encore plus fort, 'Souviens-toi ! Souviens-toi !' tu n'as plus d'autre choix que de Lui obéir avec la peur que ça recommence, pas de répit pour les Préposés au Devoir de Mémoire.
(p. 11-12 & 15)
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C'était un homme de type maghrébin âgé d'une quarantaine d'années. Il portait une longue robe en laine noire, des chaussures à talons et un sautoir en perles. Des cheveux courts et frisés encadraient un visage aux traits durs, marqués par la fatigue, et l'on discernait, derrière l'apparente légèreté de l'homme féminisé, grimé, toutes les crispations de l'exil. Un gendarme nous avait raconté qu'il avait fui l'Algérie où il avait été persécuté et menacé de mort par ses frères. Il se prénommait Samir, se faisait appeler Samira : 'Où est-ç'qu'on l'met ? Chez les hommes ou chez les femmes ?' Il souhaitait se retrouver parmi les femmes, 'Je suis une fille'. 'On n'en veut pas ici' - les femmes avaient peur, elles ne sortaient pas du bloc. Un homme avec elles ? Non. Un étranger au regard fuyant. Placé de force dans le bloc des hommes, il avait été passé à tabac par des retenus. 'On n'en veut pas ici non plus. Qu'elle dégage !' On l'avait finalement transféré chez les femmes, le visage couvert d'ecchymoses.
(p. 88)
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Il y a un moment, dans toute histoire d'amour, ou l'on sent confusément que nos résistances tombent. J'avais lutté, réfréné mes pulsions et je lachait prise.
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Vidéo de Karine Tuil
Augustin Trapenard propose de partager un moment en compagnie d'auteurs qui raconte comment les livres ont changé leur vie et continuent de les guider. Quels pouvoirs peuvent-ils bien avoir ? 
Après les grands romans qu'étaient "Les choses humaines" et "La décision", Karine Tuil a décidé de faire un pas de côté. L'autrice présente "Kaddish pour un amour", un recueil de poésie publié chez Gallimard. Réflexion sur le pouvoir des mots, qui peuvent tout ressusciter. 
Prière juive récité à la mort d'une personne, le kaddish est aussi une glorification du divin. Ce n'est pas seulement Dieu que glorifie Karine Tuil, mais d'abord l'être aimé qui nous a quitté.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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