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Citations sur Tout sur mon frère (24)

Mes parents ne m’avaient laissé entrevoir l’amour qu’à travers les livres dont ils considéraient qu’ils étaient des codes d’apprentissage de la vie. Eux-mêmes ne pouvaient pas me servir de modèles, ils s’aimaient d’un amour étrange, une forme de communion intellectuelle; leurs esprits étaient en parfaite harmonie tout comme le sont des corps mus par la même attraction. Ils parlaient pendant des heures, ils se caressaient avec leurs mots, leurs désaccords intellectuels étaient aussi virulents, leurs débats aussi animés que la banale dispute de deux amoureux. Je n’avais jamais connu une entente de cet ordre-là avec une femme. Avec Claire, l’amour s’apparentait à un rapport mercantile: il y avait un débiteur, un créditeur; nos relations étaient aussi saines que peuvent l'être celles qui unissent un banquier et son client.
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Pour la première fois de ma vie, je rencontrais une femme qui ne jugeait pas mes actes, n’analysait pas mes pensées, n’intellectualisait pas nos rapports. Une étrangère qui ne parlait pas la langue de mes parents. À la question : « Aimez-vous Céline ? » que mon père lui avait posée lors de leur première rencontre, Claire avait répondu : « Céline ? J’adore ! Surtout depuis que l’on a nommé ce nouveau créateur à la direction artistique de la maison ! » Et mon père avait baissé les yeux, consterné mais par qui ? Des deux, qui était le plus ignorant ? Elle, qui n’avait jamais lu l’écrivain français ou lui dont le regard n’avait pas été captivé par les collections du créateur de mode ?
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Quelle consternation s'ancra dans leurs regards le jour où ils [mes parents] constatèrent que j'avais choisi une autre voie que la leur ! Des heures passées à lui lire 'L'Iliade et L'Odyssée', à lui faire réviser son grec ! un compte ouvert à la librairie pour qu'il puisse choisir lui-même ses livres ! des journées entières chez les bouquinistes et les libraires du Quartier latin en quête d'une édition originale pour 'ça' ? Voilà ce que mes parents avaient pensé lorsque je leur avais annoncé mon intention d'étudier la finance. La richesse culturelle et intellectuelle primait [pour eux] sur toutes les autres.
(p. 33)

[ père traducteur, mère prof de grec ]
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Mes parents distinguaient deux catégories d’êtres humains : ceux qui aimaient lire et les autres, sans se soucier des clivages ethniques, raciaux, religieux, politiques ou économiques. Ils revisitaient la déclaration universelle des droits de l’homme : tous les hommes ont le droit de lire. Et au sein de cette démocratie à l’échelle familiale, nous étions libres d’affirmer nos goûts littéraires, de ne pas aimer un livre que la majorité avait encensé, libres de contrer l’opinion parentale, mais la jouissance de cette liberté-là nous isolait plus qu’elle nous unissait. Les livres se substituaient aux êtres. Ils étaient devenus les seuls membres de notre famille.
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C'est son incapacité à affronter ses propres faiblesses, à assumer son orgueil et son désir de reconnaissance sociale, ce désir que j'étais le seul à affirmer au sein de notre famille, ce désir que nous cachons tous en nous comme une bête immonde parce qu'il nous fait honte, parce qu'il nous fait peur et qu'il dévoile aux autres autant qu'à nous-mêmes nos propres défaillances. (p87-88)
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La littérature était une religion, elle en possédait le caractère sacré, en imposait les rituels : la foi, les livres érigés au rang d'icônes, la quête presque mystique du Livre, celui qui, tel un messie, les mènerait vers la rédemption et le Paradis éternel, la lecture enfin, activité relevant du divin exercée plusieurs fois par jour avec un recueillement proche de la méditation. Lire, c'était prier; moi, je n'avais aucune inclination pour la prière.
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C’était l’absence de livres qui m’avait sauté aux yeux en franchissant le seuil de son appartement. A moins que ce ne fût la présence envahissante de ses photos de couples posées ça et là sur tous les meubles comme des preuves irréfutables de leur amour –oui, ils paraissaient heureux, ils exposaient leurs signes extérieurs de bonheur avec une fierté vulgaire
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Ils lisaient des livres, lisaient la presse, si seulement ils avaient pu lire dans mes pensées, ils auraient été horrifiés par l'ampleur du désastre! Car je rejetais non seulement les livres mais aussi ce qu'ils incarnaient aux yeux de mes parents : l'accession à la connaissance, à la culture et, d'une certaine façon, l'expression suprême de la liberté. La légèreté, le choix d'une vie facile, artificielle et vénale s'imposèrent à moi comme les seuls palliatifs à la douleur qui m'étreignait lorsque j'envisageais mon avenir tel qu'ils l'avaient rêvé pour moi, un avenir austère, une vie lisse, sans aspérités. Claquemurés chez soi, les yeux rivés sur les pages d'un livre, que pouvait-il nous arriver? Mes parents distinguaient deux catégories d'êtres humains : ceux qui aimaient lire et les autres, sans se soucier des clivages ethniques, raciaux, religieux, politiques ou économiques. Ils revisitaient la Déclaration universelle des droits de l'homme : Tous les hommes ont le droit de lire
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Si la vie est un pont, autant le traverser à bord d'une voiture avec chauffeur, équipée de doubles airbags, confortable et climatisée avec, à son côté, quelques femmes pour vous accompagner durant le voyage. Un flambeur! Déjà, enfant, lorsque mes parents me demandaient ce que je voulais faire plus tard, je répondais d'un ton assuré, un sourire candide accroché à mes lèvres : « Je veux être riche. »
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Pour avoir un frère écrivain, je savais qu'il fallait s'en méfier. Un reptile était moins venimeux.
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