La Passeuse de mots, tome 1

Je sais que l’esprit est le seul enfer d’où il est impossible de s’échapper,...

- C'est mieux ainsi, assure Alric avec dureté. La vengeance n'apporte rien de bon, vous savez ? À part une autre vengeance, et une autre. Et toujours cette même soif de sang qui ne s'étanche jamais.

La plupart des gens ne font qu'exister, parce que vivre est bien plus compliqué.

Même l'étoile la plus isolée appartient à une constellation

La facilité est ton amie, mais elle est d'un ennui mortel. Le danger me stimule, m'incite à repousser mes limites. C'est comme ça qu'on progresse, qu'on se surpasse. Retiens bien ça.

- Si tu veux mon avis, c'est l'univers entier qui devrait s'intéresser à une fille telle que toi.
- À une jeune pâtissière maladroite ?
- À un esprit libre et vivant.

Je ne sais pas depuis combien d'heures je suis en train de lire. Deux, peut-être cinq. Pour moi, le temps est un concept barbare. Il se définit par le nombre de livres dévorés et les aiguilles correspondent aux pages qui se tournent dans un bruissement familier et apaisant. Dans ma chambre, aucune horloge au mur pour me rappeler à l'ordre, alors je continue mes lectures sans écouter les cris de mon corps affamé de sommeil. Impossible de dormir avant d'avoir fini mon chapitre et, lorsque j'en termine un, je ne peux m'empêcher de me jeter sur la suite, plongée au cœur de ces aventures épiques. Je crois que je suis atteinte d'une étrange maladie mais je ne souhaite pas en guérir.

Pour moi, le temps est un concept barbare. Il se définit par le nombre de livres dévorés et les aiguilles correspondent aux pages qui se tournent dans un bruissement familier et apaisant.

Ma tête se renverse vers le plafond tapissé de milliers de fragments de pierres précieuses, irrisées, brillantes. Elles se réverbèrent dans le mouvement discret des vagues en formant un dégradé de turquoise. C'est comme si un humain avait voulu soudoyer un dieu pour qu'il lui accorde une partie du ciel étoilé, et que, devant son refus, il l'avait arrachée de force et apportée au cœur de l'océan pour la conserver à l'abri des regards indignes de sa perfection.

- Personne ne t'a dit que ce serait facile, Een Valaan. Rien ne l'est dans ce monde. Je sais de quoi je parle. Il faut sans cesse se battre pour obtenir ce que l'on veut : la reconnaissance, le pouvoir, la paix, l'amour. Tout. C'est dur, c'est injuste, mais c'est comme ça. La vie est un perpétuel champ de bataille.