AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 147 notes
5
20 avis
4
24 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Parfois, les livres attendent sagement qu'on soit prêt à les ouvrir…

J'ai rencontré @beataumubyeyimairesse l'année dernière, lors d'une séance de dédicaces à @letraitdunion.librairie . J'avais bu les paroles de cette femme charismatique et étais ressortie de la librairie grandie.

Il y a peu, Consolée s'est faufilée dans ma valise jusqu'en Belgique, c'était le moment, symbolique, pour faire sa connaissance. Et quelle claque !!!

Une plume sublime,
subtile et poétique.
Une histoire bouleversante, qui met en lumière un scandale qui vous soulève le coeur…

Lisez-le !
Commenter  J’apprécie          30
Consolée est le joli prénom de naissance d'Astrida.
Quelle étrange phrase !
C'est qu'Astrida a remplacé le prénom de Consolée, enfant mulâtre, remise aux bons soins d'une institution religieuse catholique ayant pour mission de faire des enfants, nés d'amours interdites, entre colons Belges et Africaines Rwandaises, des enfants à l'éducation européenne. Il y a déjà une Consolée à l'orphelinat, alors les soeurs la renomme Astrida avant de la modeler, de la façonner.
Astrida, abandonnée par sa mère car ses oncles ne voulaient pas d'une enfant à la peau aussi blanche, se plie aux volontés des soeurs. Elle a trop peur d'être à nouveau dépossédée d'un lieu, de visages familiers, d'un endroit où grandir.
Des années plus tard, Astrida est à l'EHPAD. Sa tête a tendance à oublier..son passé resurgit au détour d'un atelier d'art thérapie.
Et voilà les destins d'Astrida et de Ramata qui se croisent.

Comment parler du racisme ordinaire, du racisme primaire, du racisme tout court ? Comment aborder la question du colonialisme, du post-colonialisme de l'intégration, de l'assimilation des émigrés, des discriminations et de tous ces termes connotés et si peu reluisants dénonçant les Européens colonialistes, et ceux de notre génération ? Comment nous permettre de voir en face des vérités bonnes à dire ? Comment s'affranchir des préjugés ?

En lisant ce roman, récit alterné de deux parcours de vie uniques.
En se laissant porter par le style de l'auteur.
En écoutant la voix de Consolée et Ramata et les enseignements qu'elles nous livrent.
Commenter  J’apprécie          30
« Au moment où leurs silhouettes atteignent le sommet de la colline, une araignée entreprend de tisser une toile qui scintillera bientôt sous la lune, entre les branches les plus basses du ficus centenaire. »
Une araignée élaborant sa toile comme l'écrivaine aura tissé son texte…, l'image surgissant dans les très émouvantes dernières pages du roman (mais c'est promis, on ne vous en dira pas plus, sur cette fin !) a d'autant plus valeur métaphorique que la trame du récit est complexe, jonglant avec les temporalités, sur plus de soixante ans d'écart, comme avec les espaces, entre les deux côtés de l'Afrique, la Belgique et la région de Bordeaux, sans que jamais, pourtant, l'on ne s'y perde. Mais cette toile narrative est aussi un piège, comme celle de l'araignée, puisque, au-delà du plaisir que l'on éprouve à lire cette histoire, c'est tout un faisceau de questions qu'elle fait naître, nous invitant à reconsidérer les effets – les méfaits…- du colonialisme et le racisme vécu par les immigrés, comme à découvrir la difficulté du travail de mémoire et de transmission pour les plus âgés d'entre eux. Une toile, enfin, brodée d'une poésie capable de concilier gravité et humour, tendresse et violence, un texte tressé d'un fil d'écriture tendu de Consolée à Astrida – ou peut-être est-ce l'inverse ? – sur lequel pourrait venir se poser l'oiseau Sakabaka, le messager du grand-père rwandais…
En 2019, alors qu'elle atteint la cinquantaine, Ramata, une femme d'origine sénégalaise, ayant fait toute sa carrière comme cadre dans une collectivité territoriale avant d'y être victime de harcèlement et d'un burn-out, décide d'abandonner cette vie professionnelle pour devenir art-thérapeute. Au cours d'un stage dans un Ehpad du Sud-Ouest, elle rencontre, parmi ses patients, Astrida, une vieille femme métisse, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui semble perdre peu à peu, en même temps que la mémoire proche, l'usage du français, y substituant une langue inconnue. Intriguée par cette femme qui manifeste d'emblée de l'affection à son égard, elle décide d'enquêter sur son passé…
le récit, dès lors, fait alterner d'un chapitre à l'autre l'évocation de cette quête de Ramata - qui découvre qu'en fouillant l'histoire d'Astrida, c'est aussi la propre histoire de sa famille qui remonte à la surface, de l'arrivée de son père sénégalais en France et du racisme vécu alors au quotidien à la révolte de sa fille Inès, toujours confrontée au renvoi à son « origine », et dont elle ne partage pas le choix du voile, en passant par son mariage avec Khalil, le maghrébin, lui-même obligé de se battre contre la xénophobie – et les réminiscences du passé d'Astrida, la petite fille rwandaise, baptisée Consolée, à qui l'on impose ce nouveau prénom lorsqu'on la conduit à l'institut pour enfants « mulâtres » de Save, afin de la préserver des préjugés des villageois, dans une société où les métisses, fruit des abus sexuels des colons, sont mal considérés. Au fil des pages, dans ce décor de l'Ehpad auquel Beata Umubyeyi Mairesse sait pleinement donner vie, évoquant la réalité du quotidien et les souffrances des patients ou des soignants, s'instaure ainsi tout un jeu d'échos entre les destins de Ramata et de sa famille sénégalaise et celui de Consolée-Astrida, la rwandaise rapatriée d'urgence en Belgique peu avant l'indépendance de son pays natal et qui, adoptée par un couple de flamands, construira peu à peu son autonomie dans une Belgique puis une France encore hantées par les fantômes et les fantasmes de leur passé colonial. En recomposant l'aventure de vie d'Astrida, c'est bien son propre chemin d'existence que retrouve Ramata, montrant à quel,point notre société peut rendre encore ces parcours d'intégration difficiles à qui vient de loin. Un texte qui nous engage, de la sorte, à corriger notre regard, mais qui, en même temps, porté par la délicatesse des mots de Beata Umubyeyi Mairesse, se dévore avec plaisir… N'hésitez plus, allez à la rencontre de Consolée !
Commenter  J’apprécie          30
L'autrice nous fait voyager entre l'enfance d'une métisse rwandaise et sa vieillesse dans une ehpad de Bordeaux où elle souffre de la maladie
d' Alzheimer.
On apprend la ségrégation envers les métisses dans les colonies belges et le "vol d'enfant" orientés vers des orphelinats religieux puis vers des familles belges puis on s'interroge sur la fin de vie de certains immigrés qui oublient le français. Je recommande ce roman
Commenter  J’apprécie          20
Pourquoi avoir attendu de longs mois avant d'ouvrir Consolée ? Je me le demande. J'ai lu presque d'une traite les 300 page de ce livre passionnant et tellement émouvant. J'ai découvert Beata Umubyeyi Mairesse cette année avec « Tous tes enfants dispersés » que j'avais beaucoup aimé. Ce nouveau livre m'a encore plus convaincu car il traite des questions d'exil mais aussi de racisme avec énormément d'intelligence.

En 1954, au Rwanda, Consolée, une enfant issue d'un père blanc et d'une mère rwandaise est envoyée dans une école pour « enfant mulâtres ». Retirée à sa famille et confiée aux soins de religieuses, elle découvre brutalement une nouvelle culture et de nouvelles règles. Soixante-cinq ans plus tard, Ramata arrive dans une maison de retraite pour y animer des ateliers d'art thérapie. Parmi les pensionnaires, l'une d'elle l'intrigue. Il s'agit de madame Astrida, une métisse atteinte d'Alzheimer qui oublie progressivement le français au profil d'une langue inconnue. Ramata tente de retrouver le passé de cette femme et ce confronte en même temps à sa propre histoire.

En suivant le destin d'Astrida et de Ramata, nous reconstituons progressivement le puzzle de vie marquée par le déracinement et le racisme. L'autrice explore la manière dont les préjugés et la xénophobie influent sur le destin des personnes. Ramata comme Astrida se construisent avec le poids de la haine et des attentes des autres. Ramata, progressivement, change son regard sur sa propre personne, prend conscience de ce qui l'amené à devenir cette femme là. Elle réfléchit au racisme ordinaire et à l'impact qu'il a eut sur sa vie. Elle regarde ces enfants et voit les chemins différents qu'ils empruntent pour trouver leur place dans ce pays où ils sont nés mais qui ne les accepte pas complètement.

L'histoire de Consolée met en lumière les rapports ambiguës que les Belges ont entretenu avec les enfants métisses. Issus d'un parent blanc, ils ont chercher à la éduquer comme des blancs mais sans pour autant les considérer totalement comme leur semblable. Avec un volonté de charité teinté de racisme, les autorités arrachent des enfants à leur mère et les privent ainsi de leurs racines. Ces enfants au sang mêlé, fruit d'amours désapprouvés, n'ont leur place nulle part.

Les héroïnes de ce roman m'ont émue par leurs questionnements et leurs errances. Elles ont vécu plusieurs vies, changée de trajectoire pour mieux rebondir. Elles sont en constante réinvention, prisonnière du regard d'une société qui ne réussit pas à faire le deuil de ses colonies. Leur rencontre fait émerger des questionnements intéressants, des discussions importantes. Si l'autrice ne propose pas de réponse, elle ouvre des pistes de réflexions salutaires. Elle montre avec force les obstacles et les dilemmes qui jalonnent la vie des français issues de immigration. J'ai pris énormément de plaisir à lire ce livre pour ces personnages attachants mais aussi pour son sujet si bien traité.
Commenter  J’apprécie          20
Encore un très beau livre de Beata Umubyeyi Mairesse.
Nous partons à la rencontre d'Astrida/Consolée, placée en EHPAD et qui a un passé mystérieux que Ramata, la cinquantaine, en pleine reconversion essaie de comprendre. L'auteure nous emmène au Rwanda dans les années 50, à une époque à laquelle les enfants métis étaient enlevés à leur famille pour être "éduqués" dans des institutions religieuses. Consolée a subit le même sort que les natifs au Canada, aux USA, en Australie, à la Réunion ...
Des personnages aux multiples visages et toujours des évocations très poétiques du Rwanda.
Commenter  J’apprécie          20
Rentrée Littéraire 2022 Prix Talents Cultura 2022

Ramata, la cinquantaine, a quitté le Sénégal encore enfant pour la France. Elle a fait de brillantes études, a occupé de hautes fonctions dans une entreprise. Malgré tout, elle ne s'est jamais sentie intégrée, ni à sa place.

Elle a fini par faire un burn-out, a quitté son emploi et s'est tournée vers une reconversion professionnelle : l'art-thérapie.

C'est ainsi qu'elle se retrouve à faire un stage dans un Ehpad et à proposer des activités aux pensionnaires. le comportement d'une résidente l'interpelle. Madame Astrida, vieille femme métisse atteinte de la maladie d'Alzheimer, semble perdre l'usage du français et parle dans une langue inconnue.

Touchée par l'isolement de cette vieille dame, Ramata va tenter d'en savoir plus afin de pouvoir l'aider.

Elle va ainsi découvrir que Madame Astrida, est née au Rwanda d'un Blanc et d'une Rwandaise ; que selon la politique menée par le gouvernement belge pendant la colonisation, elle a été enlevée à sa mère pour être placée dans une institution pour enfant mulâtres.

L'autrice, Rwandaise elle-même et ayant échappé au génocide des Tutsi, révèle les atrocités commises envers ces enfants qui ont été traités comme des marchandises que l'on voulait faire disparaître du paysage et qui, par la suite, ont été adoptés par des couples en Belgique.

« Mais quand les hommes retournaient en Belgique ou changeaient d'affectation, les enfants nés de ces relations ‘interraciales » restaient là, trop visibles au sein de leurs familles maternelles noires. L'autorité coloniale se méfiait de ces métis et les considérait comme une dégénérescence pour la race blanche. Les « mulâtres » comme on disait alors, constituaient un problème que la Belgique n'avait pas prévu dans ses colonies. Leur nombre croissant inquiétait, car il mettait en danger la hiérarchie raciale, qui était le socle de l'organisation coloniale. «

Si la mise au jour de ce pan de l'histoire est nécessaire, c'est un autre aspect qui a le plus retenu mon attention.

Des études sur les compétences cognitives démontrent que les personnes âgées multilingues développent des troubles langagiers en priorité sur les langues tardivement acquises. La personne âgée ne sait plus s'exprimer que dans sa langue maternelle et n'est parfois plus compris par son conjoint (si couple mixte) ni même par ses enfants si ceux-ci n'ont pas appris la langue de leurs parents.

Dans notre monde de migration, choisie ou forcée, un nouveau problème de société est en train d'être révélé par des chercheurs en neurosciences canadiens.

» Consolée » est un roman qui parle de réparation symbolique, des langues qui constituent un être humain, nous fait découvrir l'histoire coloniale du Rwanda et met également en lumière les parcours des enfants issus de l'immigration en recherche d'intégration.

Un très beau roman dont Beate Umubyey Mairesse a remarquablement parlé lors de la remise des Talents Cultura le 8 Septembre dernier.

Je remercie les Editions Autrement et Cultura pour cette découverte.
Commenter  J’apprécie          10
J'avais beaucoup apprécié son précédent ouvrage Tous les Enfants dispersés , et Beata Umubyeyi Mairesse m'a ravie avec son dernier livre . Elle a le sens des titres et les deux titres proposés sont tellement beau .
Nous sommes à nouveau au coeur de l'Afrique et de ses caractéristiques avec le destin de Consolée , petite fille mulâtre , qui n'est ni blanche ni noire . Elle subira le choix des adultes en quittant sa famille pour se rendre dans un orphelinat , spécialisé pour ces enfants avant de rejoindre la Belgique .
Surtout , on la retrouve à la fin de sa vie dans une maison de retraite , en France . Une intervenante africaine - s'intéresse à son cas car Consolée oublie le français et parle une langue inconnue . Un belle histoire d'entraide , d'amour .
Commenter  J’apprécie          10
C'est toujours un plaisir de lire Beata Umubyeyi Mairesse, de faire la connaissance de ses personnages, d'essayer de comprendre leur vision de cette Europe parfois trop présente dans des contrées lointaines.
Consolée, arrachée à sa mère, placée dans une institution pour « Mulâtres » afin de déculpabiliser le royaume belge en donnant une éducation européenne aux enfants nés de pères blancs.
Rebaptisée Astrida… Ne perd-elle pas tout cette fillette, son grand-père, ses histoires, sa langue, sa maman, et même son prénom ?
Ramata, immigrée de la première génération, qui ne fait pas de bruit, se fond dans le décor, fait des études brillantes, qui un jour, à trop vouloir être parfaite fait un burn-out et se reconvertit en art-thérapeute.
J'ai aimé que Ramata parte à la découverte de Consolée, qu'elle découvre le passé si riche de cette vieille dame à qui on a imposé une maison de retraite sans âme.
J'ai aimé que Ramata nous parle de son enfance, de son père, de sa famille et de sa vision de « Lafrance ».
Des évènements tragiques mis en évidence par la douceur de l'écriture. Une belle lecture !
J'ai aimé l'écriture si poétique de Beata Umubyeyi Mairesse.
Lien : https://leslecturesdejoelle...
Commenter  J’apprécie          10
Un roman d'une infinie humanité. Une écriture fluide. de beaux messages délivrés.

L'auteure nous permet à travers les histoires de Consolée et de Ramata, une immersion dans la vie, les difficultés, le sentiment d'abandon ou d'appartenance d'immigrés africains.

Cette rencontre entre une art-thérapeute en reconversion professionnelle et une vieille dame métis est l'occasion de revenir sur le passé colonial de la Belgique (et par détours de la France) au Ruanda Burundi. J'ai beaucoup appris sur le
sort des enfants « mulâtres » dans la première partie du XXe siècle.

J'ai aimé les descriptions des paysages, de la faune et de la flore africaine, de même que certaines traditions.

Le roman est également l'occasion de se questionner sur la manière de traiter nos aînés dans les Epadh, la transmission des histoires familiales pour que ceux qui nous quittent ne soient pas, à jamais, exclus de nos vies. Garder traces de notre passé familial pour le transmettre à notre tour à nos descendants, c'est aussi ça l'Histoire.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (386) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}