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4,03

sur 227 notes
Butare, Rwanda.  Nous sommes en 1997, trois ans après le génocide.  Blanche, qui vit à Bordeaux avec son mari et son fils, revient pour la première fois au pays depuis les massacres de 1994, pour y revoir sa mère Immaculata (peut-être les pages qui m'ont le plus intéressée) et son frère Bosco. du fait de sa double nationalité, elle a pu être évacuée en France au moment du génocide, contrairement à sa mère et à son frère qui ont été des témoins plus directs des événements. Tout y était pour que ce roman me plaise, la construction chorale, la qualité de l'écriture, les thèmes abordés, l'envie de me faire parler du génocide rwandais et de la fracture sociale qui en a résulté, abordée d'un point de vue intrafamilial, et pourtant, un certain ennui m'a accompagné tout au long de ma lecture. Je m'attendais à plus de fracas alors que l'auteure semble vouloir nous ménager. Comme il s'agissait de son premier roman, je reste curieuse de ce qu'elle a écrit par la suite.
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C'est parce que j'ai adoré "Consolée" que je n'ai pas hésité à emprunter le premier roman de Beata Umubyeyi Mairesse lors de ma dernière visite à la bibliothèque. Sans être un coup de coeur comme "Consolée", je garderai quand même un très très bon souvenir de "Tous tes enfants dispersés".

On suit tour à tour trois personnages, de trois générations différentes : Immaculata, Blanche et Stokely. En plus de faire partie de la même famille, c'est l'histoire du Rwanda qui les relie (génocide des Tsuti et guerres civiles), que l'on perçoit donc de trois points de vue différents, chacun l'ayant vécue différemment.

Immaculata est Tutsi. Elle a deux enfants, Blanche et Bosco, la première d'un père Blanc, le second d'un père Hutu. Elle a vécu la guerre, soit en prison, soit cachée dans la cave d'un libraire et voisin Hutu. Elle a perdu quasiment tous les membres de sa famille, tués dans le génocide. Elle a passé un certain temps après coup à rassembler tous leurs ossements afin de leur offrir une fin plus "digne". Mais les drames n'en ont pas fini avec elle, elle en perdra l'usage de la parole et se réfugiera un peu plus dans le silence...

Alors que son fils a fugué pour s'enrôler dans l'armée, elle enverra Blanche auprès de son père, en France, avant les terribles événements rwandais. Elle espère pour sa fille une vie plus occidentale, loin de la guerre. Si cette dernière n'en oublie pas ses racines, c'est en France qu'elle restera, elle finira ses études et rencontrera le père de son fils, Stokely. L'éloignement de son pays natal et des siens, ainsi que les non-dits, les secrets et enfin les silences d'Immaculata, appuieront davantage le rejet dont Blanche s'est toujours sentie victime...

Stokely, quant à lui, parce qu'il a un problème de santé, ne peut visiter le pays natal de sa mère. C'est donc sa grand-mère, avec qui les liens sont très forts, qui viendra à lui. C'est avec lui qu'Immaculata prononcera les premiers mots tus depuis si longtemps, c'est ainsi qu'il commencera à s'intéresser à l'histoire du Rwanda...

Immaculata a les deux pieds au Rwanda, Blanche n'en a plus qu'un seul et Stokely aucun. L'histoire familiale de chacun est la même, mais racontée dans trois perspectives différentes. C'est fort, intense, parfois douloureux, tant par les événements que par les relations entre les protagonistes. Un peu comme un roman choral, tantôt narré à la première personne, tantôt à la troisième, Beata Umubyeyi Mairesse nous plonge dans son récit de manière fort envoûtante. J'ai retrouvé son style poétique, tout en finesse, qui m'a conquise une nouvelle fois.

Beata raconte la guerre et le génocide, et les drames familiaux, visiblement en connaissance de cause. Elle-même originaire de Butare (comme Immaculata) et survivante du génocide des Tsuti (comme Immaculata également), vivant aujourd'hui à Bordeaux (comme Blanche et Stokely), on ne peut que ressentir la dimension personnelle à travers l'histoire de ses trois personnages. C'est un morceau d'elle qu'elle nous partage, et ça n'en est que plus percutant et poignant.

Un récit très facile à lire, malgré les événements éprouvants.
Une plume toujours aussi enchanteresse.
Des personnages abîmés par la guerre et/ou un passé familial douloureux, attachants, intéressants.

Un très beau premier roman.
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Blanche vit à Bordeaux où elle a refait sa vie après avoir fui le Rwanda en 1994. Elle est partie alors que le génocide des Tutsi faisait rage, elle a laissée derrière elle sa mère et son frère. Depuis, elle est mariée à une homme d'origine antillaise et elle est maman d'un fils, Stokely. Des années plus tard, elle retourne dans son pays natal pour rendre visite à sa mère. Mais, se retrouver est-il encore possible après tant d'horreurs ? Les liens peuvent-ils se retisser quand on a côtoyé l'enfer ? le gouffre n'est-il pas désormais trop grand entre celle qui est partie et celle qui est restée ? de son côté Stokely cherche à en savoir davantage sur son histoire familiale, sur le pays d'où vient sa mère.

Dans une langue ciselée, l'autrice dit la douleur mais aussi l'espoir. Elle emploie des métaphores d'une grande force qui donnent à voir l'indicible. Avec délicatesse et justesse, elle explore les liens familiaux distendus par l'horreur. Elle dit les silences, les incompréhensions et les maladresses au sein d'un couple où chacun porte un héritage trop lourd.

C'est aussi un texte sur la transmission et le poids des drames sur les générations suivantes. La culpabilité, le remords, la solitude mais aussi l'espoir et l'amour traversent les personnages et en font des êtres vibrants. En France comme au Rwanda, ils se débattent avec leur identité et le racisme ambiant.

Ode aux figures maternelles qui se battent, le roman se fait bouleversant quand il est question de filiation. Il rend hommage à cette pulsion de vie qui fait se relever après l'innommable. A travers trois générations qui tentent de renouer les liens familiaux, l'autrice nous offre un récit à visage humain d'un drame absolu.

Un coup de coeur et une autrice que je relirai.
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Un livre témoignage écrit par trois personnages offrant 3 points de vue. Immaculata, sa fille Blanche et le fils de celle-ci Stokely.
Blanche est née au rwanda de l'union d'Immaculata et d'un français, elle est donc métisse, ce qui lui vaut respect et parfois incompréhension. Son petit frère Bosco, tout comme elle n'a pas connu son père. Leur enfance se déroule dans ce pays dont l'histoire a subit de terribles soubresauts jusqu'à ce terrible mois d'avril 1994 qui voit arriver le génocide des Tutsis.
Blanche arrive à fuir en France, Bosco s'engage dans les combats et Immaculata essaie de survivre.
Tour à tour, Blance, sa mère et son fils écrivent les liens qu'ils essaient de retisser malgré les événements, malgré la guerre et malgré les ressentiments qui couvent.
Comment s'aimer quand on a été séparé par un traumatisme vécu de manière si différente. Comment se réapproprier sa famille et ses racines quand on ne se comprend plus et que le silence a pris la place du désespoir.
Un livre magnifique, empli de sagesse, de sensibilité, de vie et surtout et par-dessus tout de transmission familiale.
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Un roman fort d'une douceur d'écriture à la découverte d'une famille, d'un genocide et plus généralement de la place de chacun dans le monde ou la société dans laquelle il vit.
Des passages bouleversants, un livre simplement humain que je recommande !
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Ce livre m'a bouleversée comme rarement, en plusieurs passages, les larmes sont montées . Il y a le génocide atroce , inimaginable , et comme un chant terrible du destin qui vient s'enroûler autour , les tragédies familiales, et leurs non-dits. On vibre avec la narratrice qui brise le cercle du malheur et rend possibles l'espoir, l'espérance . Par son fils la vie se prolonge, possibilité de guérir et réconcilier. Merci Madame Umubyeyi Mairesse.
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Il est parfois difficile d'écrire la critique d'un roman qu'on a beaucoup aimé parce qu'on veut convaincre qu'il faut le découvrir sans pour autant dévoiler son charme.
Alors je dirai simplement que j'ai beaucoup aimé ce roman dans lequel toute l'histoire ne se devine que par les sous-entendus des personnages. L'écriture de l'auteure est surprenante de simplicité qui masque toute une complexité, celle de raconter une histoire émotionnellement intense mais tout en sobriété. Tout au long de ma lecture j'ai été impressionnée par le talent d'écrivain de l'auteur. On sent qu'elle raconte une histoire très personnelle, qui lui tient beaucoup à coeur, mais ce roman ne prend pas la forme d'une confession comme on pourrait s'y attendre.
Trois générations, la grand-mère, la mère et le petit-fils esquissent le destin du peuple rwandais. L'auteure alterne ces trois points de vue permettant ainsi au lecteur de bien saisir les différents thèmes abordés, leur importance et l'influence qu'ils ont sur les personnages.
Bien sûr, le génocide des Tutsi au Rwanda est présent mais ce n'est pas un roman qui aborde frontalement ce thème. Et c'est ce que j'ai beaucoup aimé. Il n'est jamais raconté brutalement, mais il sert de toile de fond et il transparaît en filigrane dans toute l'histoire.
Je ne veux pas en dire plus si ce n'est que je ne peux que vous conseiller de découvrir ce court roman et de vous laisser séduire par l'écriture poétique et pleine de justesse de son auteure.
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Lisez ce livre.
Il raconte d'abord une histoire de famille comme il y en a beaucoup, il parle de maternité et de filiation, il parle aussi de rancunes et de non-dits.
C'est par les voix, de la mère à Butare, de sa fille exilée en France, puis du petit-fils, que l'on se coule dans cette petite musique familière : les naissances, les relations mère-fille...
Et soudain, comme un verre qui explose : les souvenirs qui remontent, ceux du génocide rwandais.
C'est le grand talent de Beata Umubyeyi Mairesse, que d'écrire cette petite musique qui nous semble coutumière, qui permet de s'identifier à ses personnages, et puis tout à coup de nous balancer à la figure cette atrocité.
C'est par la grâce de son écriture que nous prenons conscience de ce qu'a été le génocide.
Alors certes, prendre conscience c'est bien insuffisant pour appréhender la tragédie. Ceux et celles d'entre nous qui ont grandi et vivent dans une Europe unifiée, pacifiée depuis 77 ans, dont les seules batailles (et heureusement, chanceux que nous sommes) sont électorales ou syndicales, pouvons-nous, ne serait-ce qu'un instant, nous représenter l'horreur sans nom qu'ont vécue ces familles ?
Non bien sûr, on ne peut pas. Pas un instant.
Mais Beata Umubyeyi Mairesse nous permet, par la puissance de son écriture, de nous dire : Ô ciel, cette mère, ça pourrait être moi. Ces victimes pourraient être mes enfants.
Vous le sentez, le frisson glacé, vous le sentez votre coeur, manquer un battement à cette pensée ?
Voilà ce que ce roman parvient à faire. Et c'est déjà énorme.
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Bien que prenant sa source dans le conflit rwandais, il ne s'agit pas d'un récit sur les conséquences des séparations, des traces laissées par la guerre au sein des corps, des âmes et des coeurs.
C'est aussi la difficulté des personnes issues d'une culture et vivant dans une autre, à trouver qui elles sont, à se trouver des repères, des valeurs.
C'est un roman qui traite d'un thème universel.

L'écriture de l'auteur dont le français n'est pas la langue maternelle est d'une très haute qualité que certains "écrivains" de langue maternelle française n'atteignent pas. On y trouve de la poésie, on ressent la douleur, on est emporté le tourbillon.
Le tourbillon se trouve aussi dans le déroulement du récit. Il est bâti de telle sorte qu'il fait parler à tour de rôles les trois personnages, représentant trois générations d'une même famille mais l'on ne sait pas toujours qui est qui.. on nage par moment dans un certaine confusion qui perturbe la lecture et ne permet pas de recevoir intégralement la force de l'écrit.

En conclusion, c'est un roman fort, d'une très grand humanité, superbement écrit, demandant par moment un réel effort pour se retrouver mais le ressenti lorsque l'on referme le livre mérite largement ce relatif effort.
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Je suis complétement passé à coté de ce roman. Trois génération (mère, fille, petit-fils) autour du génocide des Tutsi au Rwanda. Tous les sujets du livre sont abordés avec délicatesse. Mais arrivé au tiers du livre je n'arrivais pas à bien comprendre qui était qui , qui avait fait quoi, les impacts du génocide sur les personnages. Bref, ce roman qui me semblait très prometteur m'a laissé de marbre.
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