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Loin des voluptés
Un amour qui chante
Comme une soprane
Un amour qui ronfle
On dirait la basse !
C’est pourtant le même
Faut changer d’antenne !
Oh que je rigole
Loin des voluptés…
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Carnaval, carnaval
Carnaval, carnaval,
Ai-je péché par la rime ?
C’est un péché infime
Mais c’est un vrai régal !
Carnaval, carnaval,
Les rimes sont légitimes
Et ne font pas d’victimes
Pas plus qu’un code postal !
Carnaval, carnaval,
Cours les joies de la chair !
Car les joies de la rime
Sont des joies enfantines !
Carnaval, carnaval,
Je suis bonne pour l’enfer
Mon vers pèche, à mon âge,
Par des enfantillages !
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Avec ma pagaie
En passant par la Lorraine
Avec mes sabots
En passant par la Lorraine,
Avec mes sabots,
En ramant parmi les rimes
Avec ma pagaie, don dine, oh ! oh ! oh !
Avec ma pagaie.
Je ne suis pas si vilaine,
Avec mes sabots,
Je ne suis pas si vilaine,
Avec mes sabots,
Ma passion pour l'éphémère,
Je la poursuivrai, don dère, oh ! oh ! oh !
Je la poursuivrai !
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On commence à m’offrir des carnets…
Ce sont les premiers signes
De la reconnaissance.
Les fleurs sont périssables,
Les bonbons gâtent la ligne.
Un carnet, quoi de mieux
Pour accueillir généreusement la création !
Je me sens écrivain et poète,
Non ! Je me sens Colette
Au bureau, entourée de ses chats.
Chaque nouveau verbe passe à la ligne !
Si mon mari me lit
Il sera ahuri :
« Tout ça, c’est des conneries
Je t’aime, ma chérie ! »
L’artiste qui peint
Sa nature morte
À la souris morte
Nous dit son mal-être
Pour nous percuter.
Quand la Renaissance
Nous reviendra-t-elle
Pour nous émouvoir ?
De sa fraîcheur , la Seine m'asperge .
Dans les arbres plantés sur la berge ,
Le soleil joue encore à cache-cache
Avec un ragondin à moustache ...
Et je sais que mon bonheur est là
Ce n'est pas Firefox Mozilla !
La miniature
Comme je ne composerai pas de sonates
Ni de symphonies, ni d'opéras,
Et ne serai qu'une fantaisie,
Qu'une toccata, qu'un court prélude,
J'affectionnerai la miniature
Et j'écrirai à petites touches
Car mon Dieu quitte l'église
Si les cloches sonnent trop fort !
Le mouvement perpétuel
Des mots qui se cousent
Et se décousent...
J'ai envie de ne servir à rien
Seulement perpétuer la beauté
La beauté, la beauté n'est pas morte
Le lecteur sera poète, lui aussi !
( p.42)
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Sans toi
Sans toi, mes bras
Sont des queues-de-rat
Mes lèvres
Des porcelaines de Sèvres
Et mon nez s’est damné
Pour un mot raffiné !
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Loin des voluptés
Un amour qui chante
Comme une soprane
Un amour qui ronfle
On dirait la basse !
C’est pourtant le même
Faut changer d’antenne !
Oh que je rigole
Loin des voluptés…
Prenez-le, ce poème
Prenez-le, ce poème
Mais délicatement
Pour ne pas le casser
Lisez-le ce totem
Mais avec le doigté
Pour ne pas le blesser
Puisque sa transparence
Et son opacité
Sont fiancées !
( p.90)