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EAN : 9782754308106
130 pages
Le livre Actualité (09/10/2019)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Quand le piano s’est tu, quand l’amour est tout mangé, quand les sentiments sont vagues et les espoirs aussi, l’écriture devient une forme de vagabondage sur les marécages. Loin des voluptés, le poète flotille sans se décider, et sa poésie se fie à l’errance pour ne pas penser à l’avenir. Il reste des moments-privilèges auxquels l’écriture s’accroche pour résister à un désaccord universel. Tout en entendant l’orage lointain, le poète est volontiers myope, part dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Chers Babeliotes ! Je vous annonce la parution de mon nouveau livre. Comment vous dire mes impressions confuses de mon propre ouvrage ?

Le procès de la Rime, le procès de la Reine. C'est la haine du beau, haine de l'élégance. C'est la Révolution, tuerie à la française ou tuerie à la russe ! Ça ira ! Ça ira tout de même sans vos rimes et surtout, et surtout, sans compter des syllabes ! C'est la haine du luxe, du grand luxe de détails. C'est la haine, c'est la haine des instants privilèges. À bas toute harmonie, senteurs, baumes, douceurs ! C'est la haine du classique, c'est la haine des règles, c'est la haine des maths, c'est la haine des cadences. C'est la haine du propre, boue et beau se confondent. C'est la haine du pur, c'est la haine des Grâces. C'est la haine des Muses qu'on taquine cruellement ! Ni rayures ni fleurs ni syllabes ne se voient. Les tonneaux se renversent dans la rue Saint-Antoine. Des vers tachés de sang, écrits avec du sang, sont encore à l'honneur…
Mais pas d' vers dans la haine, pas d' Paris sans la Seine, pas de force dans les cris ! Cette rime qu'on assassine, ma petite Bécassine, a pourtant survécu à la grande guillotine. C'est le nouveau Jésus ! Et la rime-fistonne n'a pas perdu sa langue !
Rimer, ne pas rimer, to be or not to be ? Chacun pense ce qu'il pense et chacun fait ses choix. Moi, je vis à l'anglaise donc j'adore et vénère la famille royale ! Rime est morte ! Vive la Rime ! Ma rime n'est pas par terre. C'est la Rime d'Angleterre. Et je rime à l'ancienne tels des vieux artisans. Vive la Rime chargée d'ans ! J'ai gratté, j'ai creusé et je creuse toujours ! J'ai pioché, remâché l'herbe drue de la Rime. L'avocate de la Rime, l'avocate de l'Ange, je ne fais pas de rimes, c'est la Rime qui m'a faite !
Celui qui rime encore, qui se dit griffonneur de poèmes inactuels (ou bien intemporels ?), il vous dit : « Éteignez vos maudits téléphones ! Les poètes, les poètes, venez vite ! Rime vous sonne ! »
Le hameau de la Rime… Des mots tels des poussins, des mots illuminés illuminent la basse-cour. Loin des yeux de la cour, Son Altesse Rime accourt oubliant ses longues jupes. Et la Rime rougit sous le fard de ses joues…
Un procès de la Rime ? Suis-je une illuminée ? Ai-je conçu ce bouquin comme un livre-procès ? Cette idée est la mienne. Mon idée bien-aimée vit en moi en sourdine, pianissimo féroce, et jamais un clébard n'a tant chéri son os ! Pianissimo féroce puisqu' existent déjà des forte* gentillets et des forte faiblards ! Qu'est la rime aujourd'hui ? Atavisme ? Imposture ? Mais est-elle si fautive ? Est-elle artificielle ? Si elle a trop de chaussures, si elle mange trop de gâteaux, c'est que son vagin pleure de désenchantement ! Et si ça continue, et si ça continue, notre Rime sera trash, elle aussi, par dépit !
J'ai écrit cette préface pour vous dire mes excuses. J'avais honte de la Rime puisqu'elle me ringardise ! J'ai juré : plus de rime (et c'était une prouesse !), pour revenir à la rime, faillir à ma promesse… Ne jamais dis jamais, poétesse-pécheresse ! Ne jamais dis jamais : vers rimé, vers quand même !
Rime, est-elle si affreuse ? Est-elle pire que la prose ? Est-ce cucu ? à l'eau de rose ? Les cadeaux de la rime, cadeaux empoisonnés ? Ô Rime, diable ou sirène… Elle m'enchante, je l'écoute ! Ou je ne l'écoute pas ? Céder aux nouveaux maîtres qui sont fous des haïkus ? Des haïkus, comme une loupe, qui savent grossir les mots !? Chaque vers est un choix : vers sans rime, vers quand même !
J'ai pensé à Schoenberg qui a fait un « procès » à la tonalité ! Ma modeste aquarelle s'échappe de mon tiroir pour lui rendre un hommage aussi bref que lointain. Douze couleurs comme douze sons pour donner quelque sens à ma folle fantaisie. Comme la rime, les toniques, dominantes furent bannies par cet homme de génie. La dodécaphonie, sa nouvelle sirène, a régné quelque temps. Mais chaque règne son déclin. On condamne la rime, on condamne les règles, si c'est pour en faire d'autres, ma rime, je la gracie !

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Ce livre correspond bien à l'idée que l'on se fait de Maryna Uzun lorsque l'on lit ses écrits qu'elle publie de temps à autre : une sorte de folie dans l'écriture, des mots qui courent sur le papier, pêle-mêle, dans une sorte de confusion, de hâte. Il devait y avoir urgence à les sortir…
Les fervents admirateurs, comme moi, des Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Hugo ou Aragon, auront peut-être du mal à s'y retrouver. Mais patience…

J'ai donc commencé à lire. Les mots se balançaient, avançaient, se mélangeaient, s'entrelaçaient, lassaient…
Parfois, je cherchais un fil conducteur aux phrases, puis décrochais, vaincu. Je continuais, étonné par cette langue peu courante :

« On commence à m'offrir des carnets…
Ce sont les premiers signes
De la reconnaissance
Les fleurs sont périssables,
Les bonbons gâtent la ligne.
Un carnet, quoi de mieux
Pour accueillir généreusement la création ! »

Je trouvais des jeux de mots « Un roman noir ou un vers blanc » :
« Un vers sans rime-enjoliveuse
Un vers austère,
Sans artifice,
Un vers sans sauter à la corde,
C'est un vers sobre,
C'est un vers nu !

Mais qu'est-ce qu'elle raconte, me disais-je parfois ?

Un homme en parka rouge apparaissait dans « Sur les marécages ». La dernière strophe me plaisait :
« Il recompte pas
Les baisers donnés
Il recompte pas
Les baisers reçus
Mais parfois, parfois,
Il y en a si peu
Il y en a un seul
Il s'endort avec ! »

Certains poèmes étaient vraiment drôles « Des cheveux blancs » :
" Des cheveux blancs
Ne se marient
Qu'à des vers blancs

Et un vers blanc
Ne rime qu'avec
Un cheveu blanc "

Et la première strophe de "Sans complexes" :
" Une femme poète
Bel et bien sans complexes
Un chapeau sur le sexe
Et un slip sur la tête"

Je continuais ma lecture. Maryna maniait également très facilement les rimes à l'ancienne dans « Je suis dopée à la rime » :
« Je suis dopée à la rime
Dans mon oeuvre-marathon
Et ce n'est pas qu'elle prime
Elle me donne le ton
Et me sors de la déprime
Quand je ronge mon croûton ! »

Ou bien dans l'excellent poème « Carnaval, carnaval » :
« Carnaval, carnaval,
Cours les joies de la chair !
Car les joies de la rime
Sont des joies enfantines !

A la fin de ma lecture, j'étais conquis.
Les mots étaient maniés comme des notes sur le piano de Maryna : en désordre… mais avec grâce.
J'ai passé un bon moment. J'ai découvert une femme insaisissable, de grand talent.
J'ai rencontré une Poétesse.

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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
ELLE ADORAIT QUAND...

Elle adorait quand
On se perdait dans
Les rues, les passages
Du Paris-village
Les passages-phares
De la ville aux arts
Les ruelles simplettes
Pour les trottinettes…
On retrouvait ce
Qu’on ne cherchait pas
Qu’on n’avait jamais
Oublié, perdu :
L’envie de marcher
Le plaisir du pas…
Elle adorait se
Tromper de mousseux
Elle adorait se
Perdre dans les cieux
Elle adorait se
Tromper de saison
On était chanceux
De voir la maison !
Se tromper de car,
Se tromper de gare,
Elle aimait se perdre
Dans le beau du Phèdre…
Nom de la Joconde,
Il n’existe au monde
Rien de plus hideux :
Qu’ se tromper de voeux
Jamais vivre à deux
Pour les deux qui s’aiment !
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On adore le veau d’or
J’adorais le piano
Il était grand et fort
Beau comme un kimono.
Il était toujours sage
Disait la vérité
Il chantait dans sa cage
Avec ingénuité.

J’ai frappé les cymbales
De la vie maritale
J’ai joué la ritournelle
De l’amour maternel.
J’ai frappé les cymbales
J’ai frappé le piano…
Le piano sans pédales
Me répond tout penaud :

« Depuis bientôt sept ans
Je dors comme un sabot !
Retourne à tes amants
Je ne suis qu’un crapaud !
Un piano vermoulu,
Je ne compterai plus
Sur ta fidélité
Ni ta dextérité ! »

Ainsi je me remets
À mes mille brouillons
Qu’un jour je raturais
Aux ciseaux, au crayon.
Un vers, tel un violon,
Chante plus qu’il ne parle
Le piano me recale
Je ferai du violon !

Donnez-moi ce violon
Sans archet que j’ le gratte
Si le dieu Apollon
Siffle pour les pirates !
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Le laid est venu
Le laid est venu
Expulser le beau :
Le maître c’est moi,
Tu es mon bouffon !
Non, je t’émascule
Tu seras curé !
Tu es trop ringard
Tu as trop régné !
Mais il n’a pas pu
Taire les mésanges
Ni décolorer
Les feuilles d’automne
Ni guillotiner
Tous les arbres fous
Ni déraciner
Les herbes rebelles
Contenez vos larmes !
Mazoutez les mouettes !
Vive le noir d’encre,
Le noir absolu !
L’Art et la Nature
Sur le pied de guerre
La guerre est hideuse
Elle est plus que laide !
L’artiste qui peint
Sa nature morte
À la souris morte
Nous dit son mal-être
Pour nous percuter.
Quand la Renaissance
Nous reviendra-t-elle
Pour nous émouvoir ?
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I cannot afford (Ma chanson frivole)


Un gardien de parc
Me fait des sourires
De foudre
Un gardien de parc
A des bottes noires
Très lourdes
Loin des sentiments
Et des centilitres
Il est vraiment beau

Et je m’imagine
Lady Chatterley
Idiote
Il a un sifflet
Pour chasser le monde
Ô crotte !
Il passe à moto
Sans bruit, électrique,
Sans se retourner

Des petits chéris
Qui font du poney
C’est chaste
Une aire de jeu,
Des buissons, pelouses,
C’est vaste
Mais le beau gardien
Joue au badminton
Avec mon enfant

Avec mon enfant…

La frivolité
Est encore un luxe
Chapardé
Que je ne peux pas
Que je ne veux pas
M’accorder
Je suis faite de
Détermination
C’est ma nature

Mon gardien absent
Où est-il passé ?
Quelle île ?
Ma passion virée
Ma passion mutée
Futile
Trois jours, trois semaines
Puis trois mois, trois ans
Reste ma chanson

Reste ma chanson…
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Si c'était à recommencer
Je serais assurément botaniste
La flore , c'est de l'oxygène
Les plantes ne fument pas de cigares

Les arbres ne font pas de bruit
Ce sont des cordes que le vent anime
Les plantes ne papotent pas
Ne trompent pas par leurs paroles vaines

Les arbres ne se soûlent pas
Pourtant la flore est très souvent en fête
Les plantes dites vénéneuses
Possèdent chacune leur antidote !

Je serais bien dans une serre
Dans une orangerie comme un îlot
Un chêne ne s'en va jamais ,
Le chêne de ma vie et de ma mort !

Malgré cela , je suis pianiste
Hélas , je ne suis pas une main verte !
" L'amour est un oiseau rebelle "
Je joue Bizet sans être une Carmen ...

La ré mi fa la fa mi ré
Mi fa sol lalalala si la sol ...
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