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Citations sur Le lac (13)

Que peut-on dire au repas de funérailles d'un homme avec lequel on a cohabité quatre mois sans jamais échanger plus de quelques phrases ? ...
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«  Je me représente des rues ensevelies sous la neige, désertes, avec de hautes congères sur les voitures abandonnées. Les feux de circulation éteints, oscillant sous le vent. Les panneaux publicitaires ternis et en lambeaux . Le marbre sonore des stations de métro vides. Les cinémas aux écrans noirs et aux sièges relevés , les innombrables étages des centres commerciaux , avec leurs vitrines empoussiérées et leurs escalators à l’arrêt.
Il n’y a plus d’électricité depuis longtemps, le froid s’est insinué à l’intérieur des maisons obscures et silencieuses ».......
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J'étais bel et bien devenue celle que je voulais seulement feindre d'être - une créature incapable de mordre ,impuissante, inutile,qui, sur cette île, ne lui était pas plus nécessaire qu'un cochon d'Inde mutique.
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J'eus envie de claquer une nouvelle fois cette satanée porte, afin qu'ils me regardent et que je puisse leur envoyer : "moi aussi, j'y étais, c'est à moi qu'il l'a faite, cette proposition, pas à Serguei ni à vous, mais à moi, parce que j'ai discuté avec lui en barbouillant mes joues de larmes, je lui ai raconté à quel je déteste tout ce qui se trouve ici ."
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S’étant redressée sur ses coudes pour nous dévisager tour à tour de ses yeux fous, toujours à demi fermés, elle lança tout à coup de sa voix enfantine un juron à rallonge, monstrueux et résolument obscène qui nous fit aussitôt réagir : « Chut, les enfants, voyons », mais nous gloussions déjà avant même qu’elle achève sa pensée :
– Non mais regardez-nous : des Moscovites, des belles femmes, qui ont pêché une truite. Regardez-nous, bon sang.
Alors docilement, nous regardâmes.
Il n’y avait rien de nouveau dans ce que nous voyions – des femmes emmitouflées jusqu’à la taille dans des foulards en laine, effilochés et sales, chaussées de bottes rigides, grossières – d’autant qu’il ne s’agissait pas de nos chaussures ou de nos habits -, nos visages et nos mains étaient tannés, gris, étrangers – ce n’était absolument pas nous, pas nous depuis longtemps, et en même temps, nous étions vivantes. Et nous venions de pêcher un poisson énorme, bien gras, un poisson de printemps, nous l’avions pêché nous-mêmes, sans aide ni supervision condescendante.
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Ils n’avaient de façon générale rien à faire du tout, vu que leur héritage, acquis de façon malhonnête et injuste, échu sans même qu’ils s’y soient attendus, leur garantissait quelques mois d’une vie rassasiée et insouciante, que nous ne pouvions qu’observer à distance, pleins d’envie et d’amertume, nous maudissant de notre pusillanimité, parce que nous avions enfin conscience de l’erreur stupide, ridicule et fatale que nous avions commise : attendre une semaine, deux maximum, aurait été amplement suffisant, après quoi nous aurions dû étouffer en nous cette peur humiliante, superstitieuse et répugnante pour aller sur l’autre rive et y prendre tout ce dont nous avions besoin, nos enfants et nous, des biens précieux qui nous étaient dorénavant inaccessibles et étrangers.
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Ce soir-là, allongée contre Sergueï, avec les ronflements bruyants de Léonid en fond sonore dans la chambre comme toujours étouffante et surchauffée – ils insistaient là-dessus, prétendant qu’il était indispensable de remplir jusqu’à la gueule ce poêle souffreteux et noir de suie, sous prétexte que « les enfants allaient avoir froid », et il aurait été aussi impossible et laid de polémiquer qu’il était impossible de passer une nuit entière sans bouger, à respirer, en guise d’air, une chaleur poussiéreuse parfumée des odeurs de onze corps -, je songeais qu’à cette heure-là sur l’autre rive, au lieu de dormir, ils s’étaient tous rassemblés, sans doute dans la salle à manger encombrée de tables dépareillées, et qu’ils écoutaient les récits de leurs voisins fraîchement retrouvés – une petite communauté soudée ignorant toutes les conventions qui nous compliquaient tant la vie, où personne ne devait aimer ou ne pas aimer, accepter ou ne pas accepter qui que ce soit, parce que l’appartenance de chacun à l’ensemble était indiscutable, alors pour la première fois, je ressentis quelque chose qui s’apparentait à un regret concernant notre refus d’en faire partie.
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Ils étaient trop nombreux, ces gens qui me gênaient, et pour une raison ou une autre ils occupaient à présent tout le temps de Sergueï – je restais parfois des heures à tenter de croiser son regard, et je n’y arrivais pas à chaque fois. Dans une certaine mesure, c’était pire que ces douze journées que nous avions passées sur la route, dans des voitures différentes, parce que alors je pouvais au moins m’approcher de lui et l’enlacer à la hâte lors de nos brèves haltes, et je me fichais bien qu’ils nous observent – les alentours étaient si terrifiants. Maintenant aussi la situation était effrayante, mais la peur avait changé de nature, elle était devenue tenace et gluante, quotidienne, refusant de me laisser un quelconque espace de liberté.
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Ils vinrent le huitième jour - de toute évidence, ils s'étaient contentés de nous reluquer pendant un certain temps, observant un délai de quarantaine nécessaire et tacite, pendant lequel ils évaluaient s'il était innoffensif ou pas de respirer le même air que nous, et dès qu'ils eurent assez pesé le pour et le contre, les trois hommes nous décrétèrent aptes à entrer en contact avec eux.
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Tel espace resurgit dans l’instant, tel autre doit être ressuscité par des efforts de mémoire, mais dès que l’image apparaît enfin, on peut continuer et la recouvrir mentalement de neige. Éliminer les passants. Éteindre la lumière.
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