Citations sur Le Pavillon des enfants fous (121)
J'aurais voulu déchirer, tuer, violer. Mon ambition n'a pas de limites lorsqu'elle a pour but de libérer mon âme. (..) Je ne peux rien faire sinon crier, un cri fou qui ne déchire que mon propre coeur, que ma propre voix, un cri pour les enfants abandonnés, un autre appel, une demande d'amour qui, elle aussi, se perdra dans le vide.
Je ne trouve plus la vraie raison des choses. Rien n'a de sens. Inutilité profonde et accusatrice. Je me fonds dans la solitude et la tristesse. Désœuvrement, je ne connais plus l'insouciance, la lumière me déplaît et je déteste le soleil, où suis-je donc passée, moi ? Je ne cesse de me chercher et une réplique de cinéma passe, doucereuse : "Il faut être patient, ça peut prendre des années... une vie..."
Mes yeux se sont détournés des vitres teintées, mon dos se redresse légèrement et mes larmes redoublent. Le bruit de la clef qui tourne dans la serrure... La porte jaune qui s'ouvre sur cette silhouette blanche, comme j'aimerais qu'elle ne soit qu'une silhouette, un fantôme qui passe et ne s'arrête pas..." *
J'essaie de retrouver un monde, je regarde tous les chemins avant de choisir le mauvais, mais rien n'est indiqué et personne ne veut me tendre la main, ou plutôt, je ne veux en prendre aucune.
Non, je ne serai même pas condamnée à mort, ma peine sera bien plus pénible: une mort lente, traînant derrière elle cet espoir vain mais inévitable qui vous fait supporter votre incessante souffrance.
Vous m'avez jeté votre monde au visage comme un seau d'eau, je ne trouverai jamais le chemin, je suis perdue.
Internée à l'âge de treize ans pour anorexie mentale dans un hôpital parisien, Valérie Valère a attendu d'avoir quinze ans pour écrire ce récit : "Ces quatre mois restaient tellement présents en moi, tellement que j'ai compris que si je ne disais pas ce temps passé dans le pavillon des enfants fous, il me gênerait, s'interposerait entre moi et la vie. Il fallait que j'en sorte!"
Pourquoi donc font ils des enfants?Pour les montrer aux voisins? Pour recoller leur couple désuni? Pour avoir une "chose" bien à eux? Pour s'assurer une retraite?
Comment peut-on vivre? C'est impossible! Qu'ils me laissent sortir et on verra! Je recommencerai mon suicide raté, je repenserai aux mêmes choses que celles qui ont envahi mes pensées le jour où j'ai décidé de me tuer en cessant de manger.
J'entends les cris hystériques des enfants prisonniers, je ne les vois pas, je m'y refuse, je suis stupidement répugnée, non je n'ai rien à voir avec eux : les fous. Mais, moi aussi, je suis folle, c'est pour cela n'est-ce-pas...?