Personne ne sut quoi dire. Surtout pas l'essentiel. Une ritournelle familiale.
Moi, je suis reconnaissante que la vie m'ait donné cette famille. Alors, oui, elle n'est pas parfaite, mais c'est la seule que l'on a, et il faut en prendre soin. Elle est surtout ce qu'on en fait. Ce que la vie nous a mis comme embûches sur le chemin, et comment on y fait face."
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Un bébé, ça doit rester une envie. On a gagné la pilule pour ça.Pour pouvoir choisir le sens à son existence.
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Dans leur famille, c'était en effet une certitude. Les disputes faisaient partie de la tradition.
Parmi les planches savonneuses, on trouvait les élections et la politique en général, l’environnement, les écolos, le bio, les bobos, les bobos-bio, les bobos-bio-écolos, les gauchistes, les végans, les vaccins, la fin de vie, l’éducation des enfants, le programme scolaire, les religions, la Chine, le nucléaire, les éoliennes, le pastique, le « made in France », les voies sur berge, la circulation en ville, les vélos et les trottinettes, l’avion, le football, les JO, les réseaux sociaux, les GAFA, les impôts, la retraite, les voitures électriques, les radars, la limitation de vitesse, les permis de construire, les réfugiés, les chômeurs, les féministes, « Mee too », la « Cancel culture », la peine de mort…. Et les colis livrés à domicile.
Année après année, la liste des sujets tabous s’allongeait, réduisant celle des conversations possibles.
Lucie rejetait en bloc la société de consommation. Sa seule dérogation à ses convictions : les petits amis, qu’elle consommait en masse et à la chaîne. Ils avaient tous une date limite d’utilisation. Elle affirmait n’avoir besoin de personne, mais Lucie aimait avoir sa cour. Il lui fallait toujours quelqu’un pour lui tenir le miroir et lui renvoyer son reflet le plus flatteur. Quelqu’un qui ne la contredisait pas, qui abondait dans son sens, comme sa mère l’avait toujours fait avec elle. Voilà pourquoi cette mante religieuse choisissait des partenaires dotés du charisme d’une huitre et de l’ambition d’un lombric.
Une famille, ça se pardonne, avant que ce ne soit
trop tard. On pourrait quand même pouvoir se dire les choses, sans se brouiller à vie. À commencer par se dire qu'on s'aime et se rappeler pourquoi. Juste être reconnaissant de ce qu'on a.
Armée de son aspirateur de compétition, embout "grands dégâts, capacité maximale", Anne fit disparaître les dernières miettes laissées par ses fils et lança :
- A table !
- Mais on a pas trinqué, dit Mémé, la seule dont la flute était toujours pleine.
- Tant pis ! On trinquera l'année prochaine.
«Ma soeur adorée, je te l'avais dit que le jour où je partirais, ce serait pour de bon... II m'en aura fallu du temps pour trouver ma place, mais j'ai fini par y parvenir. Sache que je suis heureux. Et je sais que tu l'es pour moi. Ton frère, qui t'aime. »
-qu'est-ce que tu dis? Attendre pour se dire "je t'aime"? Bah non, il ne faut attendre pour ces choses-là...