Citations sur La ritournelle (63)
_Moi aussi, j'ai été surprise d'apprendre ce matin que ça n'était pas chez elle. On était pourtant prêts à y aller! J'y ai vraiment cru, cette année!
Il m'a fait de la peine, avec ses amis qui annulent à la dernière minute. On ne va pas le laisser tout seul pour Noël...Surtout la première année où il n'y a plus maman.
Nadine et son brushing “Catherine Deneuve” firent une entrée magistrale. Les bras ouverts, les épaules en arrière, avec des derbies talonnettes noires vernies, un costume cintré couleur corbeau et une chemise blanche impeccable, elle faisait très “Festival de Cannes” des grands jours.
Anne tenta d’embrasser sa mère qui lui tendit, non pas sa joue, mais son sac à main.
– Sympa ton petit côté “hôtesse de l’air”, ma fille. Ce n’est pas très Noël, mais ça doit être confortable…
Nadine observa attentivement la silhouette qui s’offrait à elle :
- Oh mon Dieu !
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? S’inquiéta Antoine.
- Tu nous fais une grossesse nerveuse ? ironisa-t-elle, en lui tapant amicalement sur le ventre.
Vexé, Antoine lissa sa chemise du plat de la main.
- Moi, je suis reconnaissante que la vie m'ait donné cette famille. Alors, oui, elle n'est pas parfaite, mais c'est la seule qu'on a, et il faut en prendre soin. Elle est surtout ce qu'on en fait. Ce que la vie nous a mis comme embûches sur le chemin , et comment on y fait face.
Une famille, ça se pardonne avant que ce ne soit trop tard. On pourrait quand-même pouvoir se dire les choses, sans se brouiller à vie. A commencer par se dire qu'on s'aime et se rappeler pourquoi. Être reconnaissant de ce qu'on a.
- Et que dites-vous d'une femme qui aime le vin, que c'est une alcoolique ? Une femme qui préfère avoir les cheveux courts, qu'elle manque de féminité ? Une femme qui ne se maquille pas, qu'elle est négligée ? Une femme qui dit des gros mots, qu'elle est vulgaire ? Eh bien, figurez-vous, cher Patrick, que je suis une vieille fille, vulgaire, chieuse et alcoolique. Et je vous emmerde !
Les rares fois où l'on osait la contredire, pour garder sa contenance et éviter de réagir à chaud, elle se lançait avec application dans des séries de contractions pelviennes, trois précisément, une série par enfant délivré par voie basse. D'abord, "l'Ascenseur", puis "la Hotte", c'est-à-dire l'aspiration intérieure par le haut - aussi appelée "la Paille"-, et enfin, elle finissait par "le Tensiomètre", comprenez le resserrement dynamique, telle la pompe activée par le médecin pour prendre la tension. Trois séries de dix contractions et elle retrouvait ses moyens. Et sa repartie.
- On reprend juste où on en était l'année dernière, clarifia-t-elle dans son bon droit. Il s'agirait de grandir, de faire quelque chose de sa vie...Je ne vous ai pas élevés à ne rien faire.
Anne s'agaça.
- J'aimerais bien qu'on arrête avec cette dictature du "faire"! "Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? Qu'est-ce que tu as produit ?" J'aime passer une heure à rêvasser, à promener mon regard sur un beau paysage, sur un beau bouquet, une fleur rare. Ça n'est pas du temps perdu.
-On doit mentir alors ? Demanda Léo.
-Oui, tu fais exactement comme les adultes, assura Tom