Une invitation à découvrir un peuple fascinant, les Adivasi, « ceux qui étaient là avant ». Parmi tous les ouvrages sur l'Inde, ce beau livre de Ruth van der Molen se distingue par un regard ethnologique inédit sur ces tribus qu'on dirait sorties d'Afrique ou d'Océanie. Deux cent millions de gens, nos contemporains, vivant de manière plus ou moins « primitive », et totalement méconnus. Cet ouvrage traite de leurs grandes diversités, de ce qui les rassemble, aussi de leurs luttes et revendications identitaires ; cet ouvrage veut faire entendre leurs voix, les faire connaître, les faire « reconnaître ».
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Il ne faut donc pas se contenter de regarder les images de ce livre, il faut regarder aussi à travers elles et même parfois à côté d’elles. Ainsi nous pouvons essayer de trouver en nous des sentiments, des émotions, que d’ordinaire nous ne connaissons pas, que nous évitons, que nous repoussons, ou bien qui sont enfouis dans notre mémoire et apparemment oubliés. Laissons-nous prendre par la main, par l’œil et par notre être tout entier. Qu’y trouverons-nous ? Je ne sais pas. En reviendrons-nous ? Je n’en suis pas sûr.
Ils m’ont remarquée de loin... Une fois arrivée en face d’eux, je ressentis quelque chose de très fort m’envahir. Je percevais en moi le pouvoir de leur esprit. À leur contact, j’ai connu la puissance des fleurs et de leur parfum ; pénétré le mystère de l’univers végétal et son silence ; compris l’importance des arbres sans lesquels nous ne pourrions vivre. […] La terre appartient aux hommes qui la cultivent, à ceux qui "étaient avant", c’est-à-dire les Adivasi.
Ils sont peuples de terre, de forêt, d’eau et d’air. Ils sont faits de ces éléments, notre première boue créatrice, notre glaise originelle. Ils sont ce que nous avons abandonné, ils sont ce qui nous fait défaut, ils sont le cri qui ne passera plus notre bouche. Ils sont ce que nous avons perdu à tout jamais, semble-t-il. Ils sont, dans leurs luttes et dans leur réveil, notre propre engourdissement, notre sommeil nauséeux. […] Ils sont ce qui fait que les êtres "s’acharnent", car il en va de leur "chair'.