Le métier de mourir. On en découvre un bout. On est en 1985, pendant trois jours, l'auteur nous plante au milieu des militaires. On est au Liban, un check point stratégique, un avant poste, pour protéger Israël du Hezbollah et des Palestiniens. On est aux côtés de Favrier, la vingtaine, soldat français qui s'engage pour comprendre pourquoi les hommes s'entretuent pour cette terre d'Israël. Et Belleface, la soixantaine, l'adulé, le paternel, la légende, celui qui a déjà fait tant de champs de bataille.
C'est au travers de ces deux personnages principaux qu'on évolue au travers des stratégies militaires, des tours de garde, des menaces qui rodent, des souvenirs d'Indochine, d'Algérie, des batailles d'après seconde guerre mondiale, même
Lawrence d'Arabie contre les Turcs est cité ici, c'est dire si on peut aller fouiller dans
L Histoire pour se rafraichir la mémoire.
Et dans tout ça, on a accès aux pensées des soldats, à leur intimité qui tourne en boucle. Et ça ça m'a particulièrement plu pendant ma lecture. Comment ils gèrent l'ennui et la vigilance, les souvenirs qui hantent, leurs penchants pour tenir. Comment ils se questionnent sur l' attachement à leurs racines, la direction qu'ils ont donné à leur vie, le sens qu'ils en font. Leurs questionnements sur la foi, sur leurs idéaux, leurs modèles. Incontestablement leur métier les met dans un autre monde, celui que le civil ne comprendra jamais, fait de choses indicibles et innommables.
Quelques confidences sous forme de dialogues m'ont paru un peu trop scolaires, et quelques traits de Belleface m'ont semblée surfaits pour donner du crédit à ses agissements, on a des bribes de vie et beaucoup de spéculations pour construire son aura. J'aurai pu me passer des passages de l' Ecclésiastique aussi, ça n'a pas donné plus de corps au récit pour ma lecture.
L'ambiance autour de la sentinelle, les paysages vus des yeux des personnages, la beauté du Liban à cette frontière m'a complètement transporté.
Le métier de mourir n'est pas La Mort est mon métier de Merle mais a bien une base avec la Shoah.
En définitive la lecture m'était interessante pour faire des ponts avec
L Histoire
. J'ai apprécié trouver dans le roman une ambiance de huis clos psychologique singulier. Mais la figure « chant d'honneur » n'a pas trouvé une empreinte suffisante en moi.