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Citations sur La Cité des Saints et des Fous (24)

"Que peut-on dire d'Ambregris qui n'ait été déjà dit ? Le moindre quartier de la ville, si superflu qu'il paraisse, a un rôle complexe, voire équivoque, à jouer dans la vie de la communauté. Et j'ai beau me promener très souvent sur le boulevard Albumuth, l'incomparable splendeur de la cité ne cesse de se rappeler à moi, avec son amour des rituels, sa passion pour la musique, son inépuisable et magnifique cruauté."
Voss Bender, Mémoire d'un compositeur,
volume 1, page 558,
Ministère de la Presse Fantasque.

Incipit du roman
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« Je crois maintenant fermement qu’Ambregris, et tout ce qui lui est associé, est un produit de mon imagination. Je ne crois plus qu’Ambregris existe. » (p. 256)
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Dradin, amoureux, sous la fenêtre de son amour, les yeux levés vers elle tandis que la foule grouillante déferle autour de lui, multitude rouge vif aux vêtements rugueux qui le bouscule et le meurtrit sans même qu’il s’en aperçoive. Car Dradin la regarde ELLE, qui prend la dictée d’une MACHINE, un impénétrable bloc gris duquel sortent les écouteurs enserrant sa délicate tête ovale. Dradin reste abasourdi, stupéfait par ces yeux d’un bleu séraphin, ces longs cheveux d’un noir de jais cascadant sur les épaules, ce mélancolique visage pâle que masque, sur la vitre, le reflet du ciel de plus en plus gris. Elle se trouve trois étages plus haut, sertie dans la brique et le mortier, presque un monument, assise près de la fenêtre juste au-dessus de l’enseigne "Hoegbotton & Fils, distributeurs". Hoegbotton & Fils, la plus grande affaire d’import-export de toute l’anarchique Ambregris, la plus ancienne des cités, à laquelle on avait donné le nom de la partie la plus précieuse et la plus secrète de la baleine. Hoegbotton & Fils : des caisses et des caisses de perversités expédiées pour l’amusement des décadents depuis la très lointaine Surphasie et les régions inférieures de l’Occident, ces endroits qui en un rien de temps se mouillent, mûrissent et pourrissent. Et pourtant, conjecture Dradin à propos de son amour, elle semble d’extraction plus satisfaisante, non pas casanière, mais mal à l’aise à l’étranger, à moins de voyager au bras de son amant. A-t-elle un amant ? Un mari ? Ses parents sont-ils toujours en vie ? Aime-t-elle l’opéra ou les pièces de théâtre paillardes données près des quais, où des ouvriers chargent de leurs membres grinçants les caisses de Hoegbotton & Fils sur des chalands tout près de se mesurer au puissant fleuve Moss qui s’écoule, léthargique et limoneux, jusque dans le tourbillon rapide de la mer ? Si elle aime le théâtre, je peux au moins lui offrir cela, pense Dradin, bouche bée et les yeux levés vers elle, sans se soucier de ses cheveux longs qui lui tombent sur le visage. À une telle distance du fleuve, la chaleur le flétrit, mais il ignore la sueur lui enserrant le cou.
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Non, il choisirait le second itinéraire, celui qui traversait les quartiers les plus anciens de la ville, des quartiers plus que millénaires, si vieux qu ils ne se souvenaient plus d eux-mêmes, leurs pierres lissées et privées de leur mémoire par les années.
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Mon travail consiste à créer des phrases parfaites pour une clientèle variée. Il ne s'agit pas là de simple journalisme, car le journalisme nécessite une transparence de verre, sans réflexion de lumière, sans même un reflet. Je ne suis, il est vrai, qu'une des nombreuses personnes à travailler là. Certaines ne sont pas des artistes mais des techniciens qui se gargarisent avec des cailloux pour améliorer la diction imparfaite de leurs phrases parfaites, ou les pêchent nonchalamment, en tirant sur leurs lignes de loin en loin dans l'espoir que les phrases feront surface toutes entières, achevées, épaisses de sens. D'autres encore fument, boivent ou absorbent des substances illicites pour persuader les mots de venir sur la page
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2. Une note de bas de page sur le but de ces notes de bas de page : le présent texte en regorge afin d’éviter de vous infliger, touriste nonchalant, un volume de connaissances qui risquerait de vous peser et de vous empêcher d’apprécier les charmes de la ville avec votre habituelle désinvolture insouciante. Afin de contrecarrer vos prévisibles efforts – une fois découvert un sujet intéressant dans le présent récit – de sauter des passages, j’ai extirpé tous les renvois à d’autres publications Hoegbotton polluant telle une invasion de fongus les autres brochures de cette collection.
3. Il me faut ajouter à la note 2 que les informations les plus intéressantes seront uniquement incluses en notes de bas de page, que je m’efforcerai de multiplier au maximum. De plus, les informations évoquées en note seront plus tard développées dans le texte principal, ce qui plongera dans la confusion ceux d’entre vous ayant décidé de ne pas lire les notes de bas de page. Voilà ce qu’il en coûte de tirer un vieil historien du bureau d’enseignant derrière lequel il sommeillait pour le forcer à collaborer à une collection de guides de voyage populaires.
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N'avez-vous jamais... N'aimeriez-vous pas vivre dans un endroit plus mystérieux, plus coloré, plus vivant ? Ici nous savons tout, nous pouvons tout. Moi, j’ai travaillé cinq ans comme rédacteur technique à réunir de règlements municipaux en livres. Je n'avais même pas une fenêtre dans mon bureau. Parfois, alors que je codifiais mon cinquantième, soixante-quinzième, mon centième règlement sur les eaux usées, j'avais juste envie de me lever, de pulvériser mon ordinateur, de mettre le feu à mon bureau, de réduire en cendres cet affreux endroit pourri... Le monde est si petit. N'avez-vous jamais voulu, eu besoin de plus de mystère dans votre vie ?
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Derrière les arbres de plus en plus clairsemés, on voyait des bâtiments décorés d'un bout à l'autre d'étoiles dorées, comme la voûte du paradis, mais alors que le paradis n'a d'étoiles que par intervalles, ici les surfaces étaient intégralement recouvertes d'or, sortant du centre en un flot sans fin. On trouvait autour du bâtiment principal d'autres constructions, plus modestes, elles-mêmes entièrement ou en partie entourées de galeries à colonnes. Des structures d'une complexité impressionnante s'étendaient à perte de vue. Puis venait un deuxième cercle de bâtiments, plus grand que le premier, aux pelouses couvertes de champignons de toutes tailles et de toutes couleurs - allant de monstres aussi gros que des oliphants à de délicats nodules vitreux pas plus grands que des ongles d'enfant. Ces champignons - à chapeaux rouges et bleus, la face inférieure saupoudrée de traînées argent, émeraude ou obsidienne - lâchaient des spores aux fragrances des plus variées et des plus remarquables, tandis que les chapeaux gris s'en occupaient, en la circonstance, avec une délicatesse admirable et un tendre intérêt... Il y avait aussi des fontaines qui alimentaient des vasques en eau; des jardins, certains suspendus, emplis de mousses, lichens et fougères exotiques, d'autres descendant en pente douce jusqu'au niveau du sol; et un bain d'or pur à la beauté indescriptible
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Une seule présomption : en un mot, que sa mère était folle. Et si elle n'était pas folle mais juste "déboussolée ", comme disait le grand Voss Bender?. Et si cette tête grisonnante mais léopardesque, cette silhouette florissante renfermaient toute une étendue de santé mentale, dont seule la coquille extérieure se trouvait en proie à des hallucinations, des incantations et des métaphores inappropriées ? Que cela impliquerait-il ? .Un individu sain d'esprit supporterait-il d'être ainsi malmené comme un animal enchaîné ?. Une telle humiliation ne risquerait-elle pas de conduire une personne à la folie même qu'elle avait jusqu'alors évitée
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On peut tirer plaisir à imaginer cette scène burlesque le géant se penchant pour communiquer avec le nain, le nain s'exprimant dans une langue si subtile et si sophistiquée qu'elle résiste aujourd'hui encore à toute tentative de traduction, tandis que le géant crache une suite de consonnes et de voyelles rudes qui doivent ressembler pour le chapeau gris à une soudaine crise d'apoplexie
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