Citations sur Les Pierres couchées (21)
Les anges aussi doivent savoir affronter le mal.
Il avait reçu la veille un mail, envoyé d’un cybercafé à Paris, qui disait exactement : « Si tu veux avoir des informations sur Yann et Céline, va demain soir à minuit aux pierres levées de Penmach : signé Bélénos ». Un message qu’il aurait normalement jugé idiot, mais cela faisait exactement soixante-treize jours que le mot normal n’avait plus de sens pour lui. Soixante-treize jours que ses enfants avaient mystérieusement disparu, lors des vacances de la Toussaint. Il visitait avec eux une exposition sur les trésors de la Basse-Égypte au Louvre. Il était en train d’admirer des fresques extraites du tombeau d’un roi, quand ils avaient disparu. Il ne s’était pas inquiété. À quatorze et douze ans, ils avaient largement passé l’âge d’être en permanence dans les jambes de leur père, mais, ne les trouvant toujours pas au bout d’une dizaine de minutes, il était allé voir les gardiens. Il y avait peu d’affluence ce jour-là.
Un grand merci à Jacques Vandroux pour ce délicieux roman qui a réussi l’exploit de m’amener du Quartier Latin à la Martinique en passant par la lande bretonne, tout en restant hors des sentiers battus.
L’intrigue démoniaque est servie par une écriture efficace et précise. On va de découverte en découverte, de retournement de situation en retournement de situation, sans pouvoir reprendre haleine, mais sans jamais non plus perdre le fil de cette histoire menée de main de maître.
— On m’a juste parlé de menhirs dans la lande et on m’a donné le nom de votre village.
— Ouais, c’est ça, répondit l’homme, mais vos menhirs, personne ne les a relevés et cela fait des siècles qu’ils sont à terre. Alors, la prochaine fois, demandez les pierres couchées, vous aurez une réponse plus rapide.
La salle éclata de rire à la boutade du joueur de belote, mais l’étranger ne se démonta pas.
— Sauriez-vous me situer leur emplacement sur cette carte ?
Grand seigneur, il lui indiqua l’emplacement des monolithes.
— Le site des pierres levées est-il loin d’ici ?
Le patron l’avait regardé en fronçant les sourcils, comme surpris par sa question. « Les pierres levées ? » Puis il avait posé la question à la cantonade.
— Eh, les gars, ça vous dit quelque chose, les pierres levées ?
Agacés d’être coupés dans leur conversation, mais intéressés par une situation qui les changeait de leurs habituels sujets de discussion, les hommes s’étaient regardés les uns les autres, dubitatifs. Jusqu’à ce qu’un petit vieux, arrêtant momentanément sa partie de belote, ne hasarde :
— Les pierres levées, c’est pt’être ben les cailloux du Diable, du côté de la lande de Kernouez.
L’étranger se leva avec une carte routière et se dirigea vers la table des joueurs de cartes. Il salua celui qui venait de prendre la parole et demanda :
— On m’a juste parlé de menhirs dans la lande et on m’a donné le nom de votre village.
— Ouais, c’est ça, répondit l’homme, mais vos menhirs, personne ne les a relevés et cela fait des siècles qu’ils sont à terre. Alors, la prochaine fois, demandez les pierres couchées, vous aurez une réponse plus rapide.
La salle éclata de rire à la boutade du joueur de belote, mais l’étranger ne se démonta pas.
— Sauriez-vous me situer leur emplacement sur cette carte ?
Grand seigneur, il lui indiqua l’emplacement des monolithes.
La femme regarda Philippe dans les yeux et lui dit :
— Tu vas entrer dans une période de ténèbres, Philippe.
Il se demanda comment elle connaissait son nom, mais aujourd’hui, il avait décidé de ne s’étonner de rien. Il lui répondit ironiquement :
— Si vous me connaissez si bien, vous savez que j’y suis, dans les ténèbres ; ceci étant dit, c’est gentil de vous soucier de moi.
La couleur que prirent ses yeux le dissuada de continuer sur ce mode et il l’invita à continuer.
— Je vous écoute.
— Tu vas croiser des forces dont tu ignores le pouvoir, mais rien ne pourra t’en empêcher. Prends cet objet, garde-le précieusement et prononce les mots qui y sont gravés quand tu auras besoin de protection.
Elle posa alors sur la table une statuette en pierre polie, représentant une femme stylisée aux formes généreuses qui lui fit instantanément penser aux statuettes primitives, symboles de la déesse mère. Puis elle se leva et quitta la salle. Philippe bondit vers elle.
— Mais qui êtes-vous et quelles sont ces ténèbres dont vous parlez ?
Elle se retourna et le regarda fixement. Il vit dans ses pupilles les lueurs d’un combat intérieur et une sorte de chaleur réconfortante aussi. Elle franchit le seuil de la bâtisse et disparut. Philippe comprit qu’il ne servait à rien d’essayer de la rattraper et retourna à sa table, plus secoué qu’il ne voulait l’admettre. Ce qui avait débuté comme une espèce de jeu de piste d’un goût douteux commençait à devenir inquiétant.
Soixante-treize jours que ses enfants avaient mystérieusement disparu, lors des vacances de la Toussaint. Il visitait avec eux une exposition sur les trésors de la Basse-Égypte au Louvre. Il était en train d’admirer des fresques extraites du tombeau d’un roi, quand ils avaient disparu.
Il avait reçu la veille un mail, envoyé d’un cybercafé à Paris, qui disait exactement : « Si tu veux avoir des informations sur Yann et Céline, va demain soir à minuit aux pierres levées de Penmach : signé Bélénos ». Un message qu’il aurait normalement jugé idiot, mais cela faisait exactement soixante-treize jours que le mot normal n’avait plus de sens pour lui. Soixante-treize jours que ses enfants avaient mystérieusement disparu, lors des vacances de la Toussaint.
Il avait reçu la veille un mail, envoyé d’un cybercafé à Paris, qui disait exactement : « Si tu veux avoir des informations sur Yann et Céline, va demain soir à minuit aux pierres levées de Penmach : signé Bélénos ».
— Les pierres levées, c’est pt’être ben les cailloux du Diable, du côté de la lande de Kernouez.
L’étranger se leva avec une carte routière et se dirigea vers la table des joueurs de cartes. Il salua celui qui venait de prendre la parole et demanda :
— On m’a juste parlé de menhirs dans la lande et on m’a donné le nom de votre village.