Quelque part dans un sous-marin ou une tombe, Edmond Grignard s'éveille. Le silence commence à monter à l'assaut du quinquagénaire. Les battements de son cœur, les flux de son sang, la cadence de sa respiration rythment son angoisse. Un point familier lourd et mortel s'installe dans sa poitrine et cherche à l'asphyxier. La sueur trempe le creux de son dos. Dans sa poche, il trouve la boîte qui contient ses pilules. Le couvercle résiste puis cède. Un geste maladroit et les petites billes roulent dans tous les sens. A quatre pattes, dans le noir, Edmond cherche sa vie qui lui échappe (p.153)
En France , il n'y a que les bourgeois pour faire la révolution ! C'est pour ça qu'on attendra encore un peu
En France, il n’y a que les bourgeois pour faire la Révolution !
Je sors de l’usine. Arrêt sur le trottoir. Je relève mon col. Dans mon dos, tout autour de moi, les ouvriers. Mes frères de chaîne. Ça déferle. Des Parigots, des Algériens, des Espagnols. Comme des automates, ils avancent. Ils ont des steaks frites ou des merguez semoule plein l’imagination. Les premiers vont retrouver leur Josette, une mégachiée de mômes et France-Irlande à la Télé. Les autres, une piaule d’hôtel surchargée ou bien le bar à arcades et mosaïque tenu par Mohamed sur les hauteurs de Meudon. Ils ont tous en commun une serviette de cuir avachie ou un sac de gym.
À remarquer qu’on est toujours victimes d’une espèce d’ivresse verbale, à force de se connaître. L’un contamine l’autre, on peut plus s’arrêter.
En vieillissant, on prend la tête qu’on mérite.
Vous êtes des trouillards, des fils de bourgeois, des types qui ne savent pas se servir de leurs mains… Luis veut intervenir. Il prend l’air du continent qui en a vu d’autres. Sans doute parce qu’il voit Tinou se dégonfler comme une baudruche. Je lui laisse pas le temps de placer un autre discours. Ça devient long, tous ces mots. Je lui colle mon poing dans la gueule. La force vient de prendre le pas sur l’intelligence.
Si notre affaire s’était plaidée maintenant, si on avait cherché les raisons de notre violence, si on avait voulu expliquer notre délire, cela aurait été simple : on était ivres, mes bourriques, ivres-vivants.
Quelquefois il y a des gens qui font irruption dans votre vie n’importe comment.
Silence prend l’air boudeur. Celui des enfants qui voudraient faire des gestes d’hommes, mettent le chapeau de leur père et s’aperçoivent qu’il leur arrive aux yeux.