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3,94

sur 572 notes
Dommage que la forme m'ait dérangée et parfois laissée à la marge car le fond est vraiment intéressant et même parsemé de petites touches humoristiques. Les Français, par exemple, font l'objet de petites piques qui m'ont beaucoup amusée. Mais le summum est sans doute cette demande en demande en mariage (oui, il y a aussi une histoire d'amour) …Une merveille d'anti romantisme !

Mais le fond de l'histoire n'est pas là… Elle commence d'ailleurs par un cadavre, « un tout petit cadavre », comme le signale le narrateur. Douglas Templemore, en présence d'un médecin et d'un agent de police, affirme avoir tué son fils, fruit d'une insémination avec une femelle de l'espèce Paranthropus Erectus récemment découverte en Nouvelle-Guinée et qui présente des caractéristiques humaines et animales. Mais alors, ce bébé est-il un homme ou un singe ? Pour le médecin, après un examen plus approfondi, pas de doute : c'est un singe ! Qu'il soit baptisé et déclaré à l'état civil n'y change rien. Il ne s'agit donc pas d'un assassinat. le policier, perplexe, se demande s'il doit mettre Douglas en état d'arrestation pour meurtre…

Ne vous méprenez pas, ce n'est pas non plus un policier. La première moitié du livre revient sur ce qui a amené Douglas à cette situation et la deuxième moitié met en scène un procès retentissant avec son lot de discussions animées et controversées autour d'un thème central : ce qui définit l'homme et ce qui le différencie de l'animal. le roman soulève aussi d'autres questions tels que l'hybridation, l'éthique, l'alignement des convictions dans un couple (surtout celle de la femme !), ce que l'on est disposé à faire pour une cause que l'on considère juste, si tant est qu'une telle cause existe réellement…

« Ce serait trop beau de mourir pour une cause tout à fait juste ! C'est vrai qu'il n'y en a pas. La cause la plus juste l'est généralement par-dessus le marché. Il faut toujours, pour la soutenir efficacement, ces intérêts que vous appelez sordides. »

Le thème principal (qu'est-ce qu'un homme ?) est donc captivant et abordé sous différentes perceptions. Mais, comme déjà signalé, je n'ai pas adhéré à la forme. le plus dérangeant est sans doute d'avoir eu la sensation d'être décalée temporellement, d'être projetée dans l'illusion d'un passé qui cherchait à s'imposer comme un présent, déjà lui-même passé ! Bien que le narrateur date la fin de son roman en 1951 (et une ou deux brèves allusions au procès de Nuremberg tendent à confirmer la période), j'ai eu l'impression tout au long de ma lecture d'être au XIXème siècle, de par l'attitude des personnages, la désignation de sauvage, et même les exhibitions des Tropis (c'est le surnom donnée à ces Paranthropes). . Impossible de ne pas penser à ces peuplades tragiquement arrachées à leurs terres et leurs familles pour être exhiber dans les zoos ! Ce décalage m'a souvent mise en porte à faux avec les intentions de l'auteur, il a créé en tout cas des attentes qui n'avaient pas lieu d'être. Ce livre se lit malgré tout avec plaisir et je suis bien contente de l'avoir lu.
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Une équipe de chercheurs, accompagnée du journaliste Douglas Templemore est à la recherche en Nouvelle-Guinée, du chaînon manquant dans l'évolution humaine. Ils découvriront, bien vivante, une espèce inconnue, les « tropis », sorte d'individus quadrumanes possédant des rites funéraires. Nous y voilà ! Déjà, des industriels sans scrupules lorgnent une main d'oeuvre à bon marché…

On l'aura compris, l'intrigue, pour originale qu'elle soit n'est qu'un prétexte à un questionnement bien plus profond : qui est l'homme, cet « animal dénaturé » ?
Bien sûr, ce bouquin quelque peu iconoclaste, aussi bien dans le ton que dans le propos, n'a pas la prétention d'apporter de réponse à la question ; d'autant que les problématiques induites sont nombreuses : esclavage, euthanasie, clonage…

On est bien loin du « Silence de la mer »… Qu'importe, voilà un bouquin qui, même s'il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses reste un de mes grands coups de cœur d'ado.
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Qu'est-ce qui distingue l'être humain de l'animal ? L'homme du singe, en l'occurrence ? La parole, l'art, les rites funéraires, l'organisation sociale, la fabrication d'outils, le rire, la capacité d'abstraction... ?
Voilà la question soumise à un tribunal anglais dans les années 50, à propos de Tropis - hominidés fictifs découverts en Nouvelle-Guinée - suite au meurtre de l'un d'eux.

Cette intrigue est prétexte à des débats foisonnants et passionnants. L'auteur retourne indéfiniment la question, à coups d'arguments religieux, philosophiques, scientifiques et juridiques. de quoi faire cogiter le lecteur sur les limites de chacune de ces disciplines (et sur leurs interactions, comme pour l'euthanasie, l'avortement, le clonage...). Et l'exercice est jubilatoire, surtout lorsque le débat se complique de considérations politico-économiques (esclavage, ici).

Bien que toutes ces questions m'aient intéressée, ce roman m'a semblé interminable, maladroit et lourd. Pas moyen de me persuader que l'intrigue se situait dans les années 50, tant les protagonistes, leurs dialogues, leurs idées - sur les ‘races' humaines notamment - semblent dater de l'époque victorienne.
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Une espèce inconnue, mi singe mi homme est découverte dans la jungle. Un jeune journaliste veut prouver leur (in)humanité en tuant le fruit de son expérimentation, un bébé issue de son croisement avec une tropi comme on les appelle. S'en suit un procès, des raisonnements interminables, une conclusion ironique.
Même si le nazisme est évoqué dans ce livre écrit en 1952, et s'il se veut un plaidoyer contre le racisme, il ne vaut pas, et de loin, le Silence de la mer, du même auteur.
Malgré tout, une réflexion se dégage : les animaux dénaturés, ne serait-ce pas nous ?
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Pour éviter que la tribu récemment découverte des tropis (genre d'homo érectus) ne soit exploitée comme animaux dans les filatures australiennes, le journaliste Doug conçoit un plan macabre, et espérer que la justice considère l'enfant comme un humain, quitte à être condamné à la pendaison.

Le procès fort bien mené avec l'intervention de paléontologues, zoologues, médecins, religieux, psychologues, métaphysiciens... ne m'a que modérément passionné.
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J'aime beaucoup Vercors, et conserve un souvenir ému et puissant du Silence de la Mer. Mais ce roman fantastique et philosophique n'est pas à la même hauteur.
Les réflexions émaillant le récit, autour de la notion d'humanité, d'animalité, et des droits ou devoirs que le premier s'arroge vis à vis du second sont intéressantes, sans toutefois épuiser le débat.
Le récit fantastique lui-même semble très inspiré de Jules Verne dans le style, plus XIXème et victorien que XXème et Vercorien.
Ce n'est donc, en conclusion, pas désagréable à lire, plutôt bien construit, malgré des répétitions et lourdeurs, mais le thème passionnant, eût à mon goût mérité mieux.
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Dans ce court roman écrit en 1951, Vercors pose la question de ce qui définit l'homme. Même s'il la pose au sujet d'un peuple primitif découvert par une expédition scientifique, on ne peut pas s'empêcher d'y voir un lien avec les questions posées par la barbarie nazie, d'autant que Vercors y fait lui-même plusieurs allusions dans le livre.
Le premier chapitre s'ouvre par une formidable accroche: un homme, Doug Templemore, s'accuse du meurtre de son fils et demande à être jugé pour ce crime.
Puis on revient en arrière sur les débuts de la relation entre Doug et Frances, et ce qui a poussé Doug à s'engager dans l'expédition scientifique qui va le mener à la découverte des Tropis.
Ensuite, à travers des lettres de Doug à Frances, on suit la vie de l'expédition et on découvre avec lui le peuple tropi, qui pourrait bien être le chaînon manquant dans la chaîne de l'évolution.
Hommes ou singes? Telle est la question, pour des raisons scientifiques bien sûr, mais bien vite ce sont des préoccupations économiques qui font de cette question métaphysique un enjeu crucial.
La forme du procès permet alors à l'auteur de développer son argumentation et d'exposer clairement les différents points de vue sur le sujet.
La construction du roman, et surtout son style original, arrivent à rendre passionnants et clairs un sujet ardu et une question métaphysique majeure. C'est un vrai tour de force que réalise l'auteur, et l'ouvrage reste toujours d'actualité.
J'ai particulièrement aimé le ton humoristique et décalé du narrateur omniscient, et j'ai donc pris beaucoup de plaisir à lire ce livre qui fait également réfléchir à des questions éthiques bien après l'avoir refermé.

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Cet ouvrage a été lu par ma fille en classe préparatoire ECS, "l'animal" étant le thème officiel pour l'épreuve de culture générale en 2021.

Sous des airs de roman policier puis de romance et de roman d'aventures, il se révèle finalement être un conte philosophique plein d'humour.

"Qu'est-ce qui définit l'homme ? " voilà la question que pose ce livre paru en 1952, et que se sont posée de nombreux intellectuels après la seconde guerre mondiale.

L'auteur n'y apporte pas de réelle réponse et force parfois le trait. Cependant, ce sont surtout les questionnements et réflexions qui se font jour à travers les débats qui sont enrichissants et toujours d'actualité, hélas

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Sait-on soi même se définir ? Comment peut-on définir les autres vivants si nous ne pouvons nous définir nous mêmes ? Qui invente l'échelle ? Qui la construit ? Qui l'impose, pourquoi et à qui ? Qu'est ce qu'être humain ? Où commence la frontière ? Et cette frontière existe t elle ? Qui ou quoi sera dit un jour « être humain » , un jour « être une bête » ou un autre jour « n'être rien ». Où est la frontière ? Une peau ? La forme d'une oreille ? Un cri ? Un dieu ? Une morale ? Un livre ? Un gri-gri ? Un interdit ? Un acte civil ? Une âme bi-polaire tanguant entre le bien et le mal ? Où commence la nature et la dénature ? Qui sont les monstres ? Quels monstres se montreront dignes de rejoindre les autres monstres ? Qui devrait avoir le droit de soumettre et qui devrait n'avoir qu'un seul devoir : celui de se soumettre ? «  L'humanité n'est pas un état à subir. C'est une dignité à conquérir ». Se poser la question, douter, voilà peut être le début de notre humanité. Une pléiade de questions dans ce roman de Vercors. Des questions posées au lendemain de la seconde guerre mondiale et auxquelles il nous reste encore à répondre. Racisme, ethnocentrisme, eugénisme, colonialisme, identité, cultures, fascisme, libéralisme, Vercors explore, interroge à travers le devenir du peuple des Tropis.
Intelligence ? Force ? Croyance ? Savoir ? Où commence la nature , où commence le crime ? Qu'est ce qui nous donne le droit ? Nous légitime ? Nous permet ? Qui sommes nous au juste, au singulier, nous les hommes, animaux dénaturés empêtrés dans nos petits bouts de papier d'identité inventée ?
Il me revient une pensée de Pierre Desproges : « Remarquons au passage que si l'on dit « les animaux » au pluriel, on dit « l'homme » au singulier. Parce que l'homme est unique. de même, nous dirons que les animaux font des crottes, alors que l'homme sème la merde ." Chroniques de la haine ordinaire : le règne animal extrait.
« Tous nos malheurs proviennent de ce que les hommes ne savent pas ce qu'ils sont, et ne s'accordent pas sur ce qu'ils veulent être ». DM Templemore.


Astrid Shriqui Garain
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Quelle fabuleuse réflexion sur l'origine des espèces, j'ai beaucoup apprécié le biais que propose ce récit. En fait il est multiforme. Il alterne les lettres, deux niveaux de récit, des dialogues,... Il y a quelques données chiffrées et datées, lesquelles s'intègrent très bien dans le livre. Les thèmes de réflexion autour de ce thème sont variés: origine des espèces, rapport entre le singe et l'homme, droit à l'exploitation des animaux, la question de l'âme spécifiquement humaine,... Les éléments du débat sont posés clairement, chacun s'y retrouve ou en tout cas a l'occasion de nourrir sa position. Je le recommande chaudement.
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