Zoo : Ou l'Assassin philanthrope

Une pièce amusante, où Vercors parle de l'homme, de son rapport à la nature et aux animaux. C'est à la fois philosophique, écologiste et humaniste. Une bonne surpise!

Cette pièce de théâtre traîne depuis des années dans ma bibliothèque. Je l'avais déjà lue (et étudiée) en première car elle était dans mon programme pour le bac de français. Je me souviens avoir apprécié cette lecture à l'époque mais ne m'en souvenant plus des masses, j'avais envie de la redécouvrir avec un oeil un peu plus mature (enfin j'espère !).
J'ai profité du dernier Read-A-Thon pour redécouvrir cette histoire et je ne suis pas du tout déçue, bien au contraire !

Un homme - Douglas Templemore - appelle le Docteur Figgins et l'Inspecteur Mimms en pleine nuit. Il a besoin des deux professionnels pour qu'ils constatent le décès d'un nourrisson, son fils, né d'une « femme indigène ». Il avoue l'avoir tué délibérément en lui injectant un produit toxique.
Les questions s'enchaînent alors : est-ce un bébé humain ou est-ce un petit singe ? Templemore est-il coupable d'infanticide ou a-t-il « simplement » tué un animal ?
Un tribunal se réunit pour juger du crime de Douglas Templemore, appelant successivement à la barre de nombreux témoins et scientifiques de diverses domaines : anthropologues, médecins légistes, zoologistes, religieux,… malgré tout ce savoir, le doute persiste : quelle est la définition de l'être humain ?

Zoo ou l'assassin philanthrope est une pièce de théâtre. Habituellement, c'est un genre qui me « déplaît » (enfin, peut-être pas à ce point, mais c'est un des genres avec lequel je prends rarement du plaisir) mais pour une fois et grâce à Vercors, je suis enthousiasmée !
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde… Les didascalies sont assez nombreuses pour qu'on s'imagine correctement les scènes et les dialogues sont assez « intelligents » pour tenir en haleine jusqu'au bout.
Il y a plusieurs passages amusants, beaucoup d'ironie et parfois ce qu'on pourrait qualifier d'humour noir ; tout pour me plaire !
Les personnages sont assez nombreux mais arrivent un par un sur scène (ou presque) donc on ne les confond pas. Et puis, la liste des personnages en introduction permet de s'y retrouver, au cas où.
Vraiment aucune difficulté de compréhension dans cette lecture et les termes scientifiques sont de toute façon expliqués en note de bas de page.

Je ne suis pas une adepte des questions « philosophiques ». Enfin, disons que je lis surtout pour me détendre, pas tellement pour me prendre la tête ; mais ici, la question de la nature de l'Homme est si bien amenée que c'est un plaisir !
Au fil des pages, on se rend compte, comme le soulignent les personnages, que tout (ou presque) a été décortiqué et définit sauf… l'Homme. Où s'arrête le singe, où commence l'Homme ? Et puis, d'autres questions, d'autres zones d'ombre voient le jour avec les témoignages pendant le procès : quand peut-on commencer à parler de langage ? Encore une fois, où est la limite ? Peut-on, objectivement, la fixer ?
Autant de questionnements amenés par Vercors qui, en retour, apporte des hypothèses scientifiques qu'il s'amuse à opposer, mettant en évidence un grand nombre d'absurdités.
Finalement, la mort de l'enfant n'est qu'un prétexte à la question générale. Vercors parvient-il à une réponse ? A une réponse cohérente ? Et bien, à mon goût, la réponse à la question n'est en fait pas ce qui compte le plus. En effet, c'est surtout le cheminement jusque là et la mise en évidence de certaines absurdités qui importent.

Il semblerait que Vercors ait également abordé le sujet dans un roman en 1952 - Les Animaux dénaturés - qui, dorénavant, me tente bien. Quelqu'un l'a lu ? Me le (dé)conseille ?
J'ai cru voir que Zoo ou l'assassin philanthrope était comparé à Candide ou l'optimisme mais personnellement, j'ai préféré Vercors à Voltaire… à vous de voir !
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..

Qu'est-ce qu'un tropi? Un enfant peut-il être issu d'un homme et d'un singe ou d'autre chose? et que signifie être un homme réellement? Zoo ou l'assassin philanthrope est une pièce de théâtre pleine de réflexions et d'interrogations sur la nature de l'être humain mais aussi sur la morale du début du XX°s et le sens du colonialisme abordé. Cette pièce ne m'a pas déplu mais vers la fin, j'avais un peu le cerveau en feu...par moments c'est cool de faire des pauses...

pièce de théâtre en 2 actes et 11 tableaux.

Pièce passionnante à lire, sans doute également passionnante à voir mais les représentations sont rares, la dernière (?) au théâtre de la ville en 1975 , il y après de 40 ans.

De Vercors je ne connaissais (comme beaucoup) que "le silence de la mer". J'ai donc découvert un autre Vercors grâce au choix du responsable du café littéraire auquel je suis inscrite.

Douglas Templemore appelle un médecin en pleine nuit pour constater le décès de son fils, âgé de quelques heures, et qu'il vient d'assassiner.Or en soulevant la couverture le médecin constate que l'enfant est un singe.

Un procès va se dérouler : la jeune victime est-il de race humaine ?,son père risque alors la peine de mort, un singe ? son père sera acquitté c'est un animal qu'il a tué.

Vont défiler à la barre des scientifiques (anthropologue,géologue,paléontologues), des médecins,un bénédictin, un homme d'affaires.

les débats vont tourner autour d'une question : qu'est-ce qu'un homme ?

les débats relèvent à la fois de la comédie, de la philosophie et de la science.

Cet auteur m'a toujours fasciné, j'initiai ainsi ma lecture sous de bons auspices. Et voilà l'exemple même d'une lecture intelligente ET divertissante, de celle qui fait réfléchir sans douleurs encéphaliques.
Adios Doliprane je t'aimais bien,
Mais de toi je n'ai point besoin
Quand je lis l'histoire de l'Assassin.
Zoo m'a interpellé:
- Hep! vous là! Vous n'y aviez pas pensé ?
- Non, je suis un tropi qui s'ignore...

Une pièce de théâtre sur la définition de l'Homme .
S'agissant d'une pièce de théâtre, l'oeuvre n'est pas très longue et la thématique est plus abordée que véritablement traitée, mais elle nous pousse à nous interroger sur ce qui nous différencie ( ou pas) des autres êtres vivants, sur la présumée supériorité de l'homme , sue ce qui nous définit... La réponse apportée est celle à laquelle aboutissent les protagonistes de la pièce, en fonction des éléments communiqués par chacun, mais elle n'est pas érigée en vérité absolue.
Malgré le thème, la pièce est plutôt drôle et facile à lire. Si j'en ai l'occasion, je lirai avec plaisir le roman qui est à l'origine de la pièce " Les animaux dénaturés"

J'avais lu il y a longtemps« les animaux dénaturés » de Vercors et j'avais été très marquée par le prétexte invraisemblable et l'humour de ce roman qui finalement cherche à traiter d'un thème très sérieux, à la fois anthropologique, philosophique, scientifique: comment définir l'homme?quel est le propre de l'homme?
Vercors reprend ce thème sous la forme plus courte et dynamique de pièce de théâtre. Zoo ou l'assassin philanthrope.
Un journaliste usant d'un stratagème amoral met toute la société britannique, la cour de justice , des scientifiques ,un homme d'église et les jurés au pied du mur, pour statuer de la nature du bébé qu'il vient de tuer/ bébé humain ou non humain. Car il, était le fruit d'une insémination avec une femelle de l'espèce pithécanthrope surnommée tropi récemment découverte en Nouvelle-Guinée et qui présente des caractéristiques humaines et animales. Mais alors, ce bébé est-il un homme ou un singe ?Si le bebe est un humain le journaliste est un assassin tandis que si le bebe est un animal il sera relaxé.

Les Tropi pourraient représenter le fameux chainon manquant entre le singe et l'homme.

Bien que cette fiction soit drolatique il n'en demeure pas moins que le sujet est très délicat et peut mettre mal à l'aise. Vercors transpose cette fiction dans la société anglaise qui pourrait bien être celle du 19 eme siècle. On touche à du sacré et les hommes paraissent très agités autour de notions tabous, de pulsions racistes, et d'ethnocentrisme.
Au delà de cette controverse se trouvent des enjeux économiques puisque l'Australie exploite des Tropi dans ses usines textiles, main d'oeuvre qui ne leur coute rien . Si ce sont des humains alors ce sont aussi des esclaves ce que l'Angleterre rivale économique de l'Australie souhaite prouver et condamner.
Voilà toute la société sommée de se prononcer. dispute . controverse.

la controverse de Valliadolid apparait en filigrane quand il s'est agi de déterminer si les amérindiens étaient des hommes , avaient ils une âme et donc biensur quel était leur statut vis à vis de l'église.

Bon livre de philosophie. Réflexion de l'Homme comparé au singe. Je pense que cette version théâtrale représente mieux les interactions entre les individus notamment au tout début du texte. Cependant, il faut avoir compris, dès le début de l'intrigue, les rôles de chacun des personnages et leurs liens entre eux pour mieux être ancré dans la pièce.

De Vercors, on ne connait guère que "Le silence de la mer". On sait beaucoup moins qu'il a été auteur de théâtre, notamment avec cette pièce qui interroge sur l'homme et la société. Pas toujours facile à aborder par son style, il est source de réflexions, de critiques envers nous même et le monde qui nous entoure. La lecture est fascinante pour le lecteur qui persévère et s'accroche.
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