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Critique de Flaubauski


J'ai pris le temps de me plonger dans la poésie de Verlaine en lisant un recueil, par-ci par-là, pendant plusieurs mois, de cette intégrale qui traînait dans ma bibliothèque depuis des années. J'ai pris plaisir à en relire certains, comme Poèmes saturniens et Romances sans paroles, pour moi des chefs d'oeuvre de modernité, autant par leurs paradoxales harmonies musicales discordantes et détonantes dans le climat littéraire de l'époque – « Et pour cela préfère l'Impair » – que par leur description d'univers tout aussi modernes et paradoxaux, de Paris à Londres, en passant par la Belgique. J'ai pris plaisir également à en découvrir d'autres plus tardifs, comme Jadis et Naguère, dont je ne connaissais que l' »Art Poétique », et qui m'a permis de prendre conscience de l'importance qu'a pu avoir le poète pour les décadents à la fin du siècle, ou encore de Parallèlement.

Mais ces recueils, plus tardifs dans leur publication, reprennent à majorité des poèmes écrits bien antérieurement, laissant penser qu'après Romances sans paroles, la poésie de Verlaine s'est comme assagie, voire affadie, ne laissant que peu de place à la fantaisie première, surtout de forme, mais aussi de fond. A partir de l'incident londonien, coupant court à sa relation avec Rimbaud, et l'emprisonnement qui en a suivi, en effet, celui qui avait fait le choix de la bohème avec son jeune amant, prend le chemin de l'expiation dans la religion, Sagesse en étant la parfaite illustration. La modernité poétique qui précédait laisse place à une poésie classique, dans la tradition d'une poésie religieuse avec laquelle j'ai beaucoup de mal, assez déconcertante lorsque l'on ne connaît que les premiers recueils. Puis, jusqu'à la fin de sa vie, Verlaine retombera dans ce qu'il considère comme ses travers, pour mieux les expier ensuite, chaque nouveau recueil renvoyant à l'une des deux facettes désormais présentes en alternance dans son oeuvre. Malgré tout, j'ai trouvé le parcours de cet homme, encore plus que de ce poète, touchant, dans toutes ses difficultés à se trouver, tout au long de sa vie, au point de finir par mourir misérablement ; parcours qui se ressent, justement, assez magistralement, dans son oeuvre même.

Cette intégrale a donc été une lecture en demi-teinte mais nécessaire : ou comment une oeuvre peut prendre une bien autre résonance quand on prend le temps de la parcourir dans son ensemble.
Lien : https://lartetletreblog.word..
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