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Immense, époustouflant, musical, enthousiasmant, l'incomparable Verlaine sans oublier son frère d'écriture Charles Vildrac ! livres de chevet, de lampe, de lune, de soleil
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J'ai pris le temps de me plonger dans la poésie de Verlaine en lisant un recueil, par-ci par-là, pendant plusieurs mois, de cette intégrale qui traînait dans ma bibliothèque depuis des années. J'ai pris plaisir à en relire certains, comme Poèmes saturniens et Romances sans paroles, pour moi des chefs d'oeuvre de modernité, autant par leurs paradoxales harmonies musicales discordantes et détonantes dans le climat littéraire de l'époque – « Et pour cela préfère l'Impair » – que par leur description d'univers tout aussi modernes et paradoxaux, de Paris à Londres, en passant par la Belgique. J'ai pris plaisir également à en découvrir d'autres plus tardifs, comme Jadis et Naguère, dont je ne connaissais que l' »Art Poétique », et qui m'a permis de prendre conscience de l'importance qu'a pu avoir le poète pour les décadents à la fin du siècle, ou encore de Parallèlement.

Mais ces recueils, plus tardifs dans leur publication, reprennent à majorité des poèmes écrits bien antérieurement, laissant penser qu'après Romances sans paroles, la poésie de Verlaine s'est comme assagie, voire affadie, ne laissant que peu de place à la fantaisie première, surtout de forme, mais aussi de fond. A partir de l'incident londonien, coupant court à sa relation avec Rimbaud, et l'emprisonnement qui en a suivi, en effet, celui qui avait fait le choix de la bohème avec son jeune amant, prend le chemin de l'expiation dans la religion, Sagesse en étant la parfaite illustration. La modernité poétique qui précédait laisse place à une poésie classique, dans la tradition d'une poésie religieuse avec laquelle j'ai beaucoup de mal, assez déconcertante lorsque l'on ne connaît que les premiers recueils. Puis, jusqu'à la fin de sa vie, Verlaine retombera dans ce qu'il considère comme ses travers, pour mieux les expier ensuite, chaque nouveau recueil renvoyant à l'une des deux facettes désormais présentes en alternance dans son oeuvre. Malgré tout, j'ai trouvé le parcours de cet homme, encore plus que de ce poète, touchant, dans toutes ses difficultés à se trouver, tout au long de sa vie, au point de finir par mourir misérablement ; parcours qui se ressent, justement, assez magistralement, dans son oeuvre même.

Cette intégrale a donc été une lecture en demi-teinte mais nécessaire : ou comment une oeuvre peut prendre une bien autre résonance quand on prend le temps de la parcourir dans son ensemble.
Lien : https://lartetletreblog.word..
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L'oeuvre poétique de Verlaine est, comme celle de Hugo, inégale. Certains recueils sont des chefs d'oeuvre où tout est parfait: Romances sans paroles, où l'influence de Rimbaud est forte, et qui contient des poèmes absolument novateurs comme Charleroi, ou Beams, Fêtes Galantes, un joyau d'une unité de ton incroyable, d'autres recueils où presque tout est magnifique: Poèmes saturniens, Sagesse, ou encore contenant des poèmes prodigieux comme Crimen Amoris dans Jadis et Naguère. Et puis, dans la suite de sa production, c'est mon opinion que peut-être d'autres ne partageront pas, la veine créatrice se perd, beaucoup de poèmes sont plutot fades, voire de la prose rimée, je pense aux poèmes de Dédicaces, Invectives, Épigrammes, notamment, mais il y a cependant, des perles rares, comme ceux évoquant Lucien Letinois, avec le magnifique poème: "il patinait merveilleusement...." , jusqu'à cet extraordinaire dernier et prémonitoire poème : Mort, où Verlaine, une dernière fois, et de façon bouleversante, évoque son combat personnel contre sa lâcheté, sa fuite dans le rêve, dont la Mort le rendra victorieux.
Mais, je ne me lasserai jamais de lire et d'apprendre par coeur les poèmes de Fêtes Galantes et Romnces sans Paroles.
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Un peu de poésie dans notre monde... Un luxe à savourer sans modération
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Comme beaucoup de personnages publics, Verlaine fait partie de ces artistes complexes dont on ne peut séparer « l'homme » et « l'oeuvre », même si certains aspects de leur personnalité sont fortement choquants, vis-à-vis de la morale ou de la loi. Les exemples ne manquent pas au cours des siècles. Et s'il fallait mettre au rencart les oeuvres de tous ceux qui ont à un moment ou un autre offensé leurs contemporains par des actes répréhensibles, le patrimoine littéraire et artistique risquerait d'être fortement amputé. le problème est ancien, mais il se fait de plus en plus sensible, en fonction d'une part de l'évolution des moeurs, d'autre part de celle des réseaux sociaux qui permettent de dire tout et son contraire, « sans filtre » et donc de construire ou détruire des personnalités. Ce qu'on appelait autrefois « la rumeur » est devenue une arme de destruction massive. Mais on ne va pas refaire le monde, ni vous ni moi. Faute de pouvoir trancher, soyons objectifs, et tâchons d'être raisonnables, sans être emportés par une passion partisane.
Exemple parfait : Paul Verlaine (1844-1896). Sublime poète, et homme exécrable : alcoolique et violent, il battait sa femme enceinte et son enfant, et même sa mère (qu'il adorait). Puis il abandonne sa famille pour vivre avec Rimbaud une passion « infernale » qui finit par une tentative de meurtre par balle sur son jeune amant. de prisons en hôpitaux il tombe dans une misère noire dont il ne ressortira pas. Et pourtant, il nous laisse une poésie d'une beauté extraordinaire, pure et limpide, semblable à une musique berçante ou enchanteresse, ou encore d'une élégiaque authenticité…
Pour comprendre sa poésie, il faut comprendre son caractère. Verlaine est un être plein de contrastes : voluptueux, il ne sait pas résister à l'appel des plaisirs (tous les plaisirs, y compris les plus répréhensibles) et en même temps, il est un chercheur d'absolu, lucide sur ses faiblesses et avide de rédemption. Il est en quête d'un bonheur qu'il sait impossible à atteindre, d'une innocence qu'il sait à jamais perdue. Sa poésie se ressent de ces contradictions.
Littérairement parlant, il est à la fois un héritier et un précurseur : il connaît ses classiques depuis Villon jusqu'à Baudelaire, en passant par Nerval (ces trois poètes sont des étapes majeures dans la façon d'écrire la poésie), sans oublier bien sûr les romantiques avec Hugo, les Parnassiens avec Gautier et Leconte de Lisle, ou toute la mouvance impressionniste. Attaché à montrer les mystères de l'âme humaine et celle des choses, il pratique un art poétique d'une grande musicalité, basé sur une simplicité lexicale, familière et consensuelle, comme une confidence avec le lecteur. Il multiplie les expériences poétiques (cf son poème « Art poétique », dans « Jadis et naguère ») :
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
L'un des grands mérites de Verlaine, c'est d'avoir remis au goût du jour une poésie cadencée comme un chant (toujours ce rapport à la musique), qui était celui de du Bellay, De Lamartine, de Nerval, de Hugo, et qui après lui sera amplifié par Apollinaire, Eluard et Aragon.
Et le Verlaine poétique qui restera, c'est bien celui de ce chant profond, mêlant nature et vie intérieure, l'âme partagée entre l'ange et le démon, proche de la vie des pauvres gens, d'une simplicité et d'une humilité exemplaires, et pour nous lecteurs, rempli d'accents à la fois émouvants et déchirants, ce chant profond, c'est celui du Pauvre Lélian..
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Pour moi, le plus grand poète français. "De la musique avant tout chose... " Je suis moi même, modestement, à la croisée de la littérature et de la musique et Verlaine est LA référence. Sensibilité et (apparente) simplicité. Indispensable.
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Dans ma hiérarchie personnelle, Verlaine s'est toujours trouvé loin derrière Baudelaire. De par sa personnalité, celui-ci était très supérieur à celui-là. Mais la différence se retrouve aussi dans la qualité de la poétique. Je ne compte plus les poèmes de Baudelaire qui m'émeuvent et qui m'éblouissent. Verlaine, on le connait surtout pour quelques poésies, toujours les mêmes, comme "Mon rêve familier" ou "Les sanglots longs / Des violons / de l'automne…" etc, par exemple.
Mais j'ai voulu redécouvrir cet auteur, à travers ses oeuvres complètes. A côté de divers textes que je considère comme assez maladroits sur la forme (les rimes sont parfois simplistes, à mon avis), j'ai eu le plaisir de goûter à quelques poésies que je ne connaissais pas encore ou que j'avais oubliées. Je les ai mises en citation.
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Cette immense oeuvre poétique qui lui a valu sa gloire, Verlaine nous laisse, seul, avec ses vers qui reflètent, dans toute leur splendeur, la grande complexité de l'homme. Bien qu'il se soit plu souvent à brouiller les pistes en mêlant les poèmes de « jadis » à ceux de « naguère ».

Le premier recueil qu'il a publié, s'intitule les « Poèmes saturniens » (1866). Les tableaux poétiques qui y sont évoqués ont un fort goût parnassien. Son adhésion à l'esthétique (impersonnelle) du Parnasse, une adhésion qui tend d'ailleurs au pastiche, n'empêche pas le poète de faire l'aveu d'une expérience psychologique originale, en évoquant, avec toute sa sensualité, sa mélancolie (« Nevermore »), ses tourments moraux (« Soleil couchant ») ou encore la femme idéale (dans, « Mon rêve familier »).

Et le rêve devient prédominant dans les « Fêtes galantes » (1869) et « la Bonne Chanson » (1870). Si le premier livre apporte l'évasion dans un XVIIIe siècle un peu factice, avec une mélancolie insidieuse qui s'infiltre dans la joie revendiquée.
Le second livre est marqué par la fadeur qui s'instaure comme tonalité spécifiquement verlainienne. Ici, l'être est en proie à des tournoiements d'où s'effacent le temps et le moi.
Il se dégage, en outre, un fort lyrisme « impersonnel » qui masque, en réalité, une grande revendication de « l'individualité » de sa part. Et cette dualité là, est la source de l'originalité de ce recueil !

Chez Verlaine, l'influence de Rimbaud est indéniable et a été déterminante dans l'élaboration de « Romances sans paroles » (1874). Ce dernier a poussé Verlaine, ce rêveur sensuel et mélancolique, à chercher dans le rêve un nouveau mode d'expression qui permettant de traduire, immédiatement et musicalement, le ressenti des choses.
Pour ma part, je dirai que l'impressionnisme de Verlaine a atteint son point de perfection dans ce recueil ! Chaque sensation est signifiante et la conscience individuelle s'est trouvée d'elle-même (et non plus recherchée, comme nous l'avons dit plus haut).

L'harmonie et l'ordre chez Verlaine (alors que sa vie de jadis n'était que violences et ivresses, ivrognerie et brutalité), se trouve peut-être dans « Sagesse » (1881). L'intention apologétique y est manifeste. C'est le livre où reparaît le vie humble, où les faux beaux jours, la beauté des femmes, et même l'espoir (« qui luit comme un brin de paille dans l'étable ») sont des réalités rugueuses et parfois mal contrôlées (comme le vers) mais désormais susceptibles d'être interprétées par le poète.

C'est dans le même esprit de construction de soi au sein du monde que Verlaine compose « Jadis et naguère » (1884). Ce recueil voudrait intégrer le passé de l'homme et du poète dans une nouvelle perspective, qui sous-tend une option morale et religieuse.


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Verlaine est un poète qui se fait compositeur et musicien. Il donne une très grande importance à la mélodie de ses écrits, chaque mot chante tel un rossignol sur une branche d'arbre. Il convient de dire cependant qu'il se laisse porter par les ailes de l'oreille musicale de son âme, pour choisir toujours les mots, ou plutôt les justes notes, qui la plaisent.

Verlaine noue, avec autant de justesse, les mélodies et les rythmes. Les rimes et les assonances intérieures sont les doigts magiques qui jouent sur le piano harmonique dans sa poésie. Elles tracent, d'une manière merveilleuse, un squelette poétique qui enfante un orchestre du vers des mots d'une qualité rythmique très fine.

En effet, on observe que ses oeuvres sont marquées par : le romantisme qui est omniprésent dans son style d'écriture, le parnasse ou autrement dit le mouvement littéraire qui s'intéresse à la beauté formelle, et par l'influence de son poète préféré, Baudelaire. Et ce à travers la présence de la provocation dans le choix de certains titres, et la mélancolie exprimée dans certains poèmes décrivant des paysages tristes.

Enfin, même si les mots ne sont par nature des notes musicales, Verlaine sait comment les transformer en morceaux musicaux, pour orchestrer les sentiments du lecteur dans tous ses états d'âme.
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Cool poeme
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