Citations sur Romances sans paroles. Dédicaces. Épigrammes. La Bonne c.. (11)
La lune blanche
Luit dans les bois
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...
0 bien-aimée.
L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...
Rêvons, c'est l'heure.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...
C'est l'heure exquise.
J'allais par des chemins perfides,
Douloureusement incertain.
Vos chères mains furent mes guides.
Si pâle à l'horizon lointain ;
Luisait un faible espoir d'aurore
Votre regard fut le matin.
Nul bruit, sinon son pas sonore,
N'encourageait le voyageur.
Votre voix me dit : « Marche encore ! »
Mon cœur craintif, mon sombre cœur
Pleurait, seul, sur la triste voie ;
L'amour, délicieux vainqueur,
Nous a réunis dans la joie.
Avant que tu ne t’en ailles,
Pâle étoile du matin,
— Mille cailles
Chantent, chantent dans le thym. —
Tourne devers le poète,
Dont les yeux sont pleins d’amour ;
— L’alouette
Monte au ciel avec le jour. —
Tourne ton regard que noie
L’aurore dans son azur ;
— Quelle joie
Parmi les champs de blé mûr ! —
Puis fais luire ma pensée
Là-bas, — bien loin, oh, bien loin !
— La rosée
Gaîment brille sur le foin. —
Dans le doux rêve où s’agite
Ma mie endormie encor...
— Vite, vite,
Car voici le soleil d’or. —
Es-tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n'en sais rien mais j'aime leur clarté profonde,
Mais j'adore le désordre de tes cheveux.
Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton coeur ?
Je n'en sais rien mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur.
Fidèle, infidèle ?
Qu'est-ce que ça fait,
Au fait
Puisque toujours dispose à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.
L’ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée,
Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles,
Se plaignent les tourterelles.
Combien, ô voyageur, ce paysage blême
Te mira blême toi-même,
Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
Tes espérances noyées !
Tu crois au marc de café,
Aux présages, aux grands jeux :
Moi je ne crois qu'en tes grands yeux.
Tu crois aux contes de fées,
Aux jours néfastes, aux songes.
Moi je ne crois qu'en tes mensonges.
Tu crois en un vague Dieu,
En quelque saint spécial,
En tel Ave contre tel mal.
Je ne crois qu'aux heures bleues
Et roses que tu m'épanches
Dans la volupté des nuits blanches !
Et si profonde est ma foi
Envers tout ce que je crois
Que je ne vis plus que pour toi.
Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses
De cette façon nous serons bien heureuses
Et si notre vie a des instants moroses,
Du moins nous serons, n’est-ce pas ? deux pleureuses.
Ô que nous mêlions, âmes sœurs que nous sommes,
À nos vœux confus la douceur puérile
De cheminer loin des femmes et des hommes,
Dans le frais oubli de ce qui nous exile !
Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles
Éprises de rien et de tout étonnées,
Qui s’en vont pâlir sous les chastes charmilles,
Sans même savoir qu’elles sont pardonnées.
Rien, ô ma pauvre enfant !
Et c'est avec un front éventé, dépité,
Que vous fuyez devant.
Vos yeux qui ne devaient refléter que douceur,
Pauvre cher bleu miroir,
Ont pris un ton de fiel, ô lamentable sœur,
Qui nous fait mal à voir.
Et vous gesticulez avec vos petits bras
Comme un héros méchant,
En poussant d'aigres cris poitrinaires, hélas
Vous qui n'étiez que chant !
Car vous avez eu peur de l'orage et du coeur
Qui grondait et sifflait,
Et vous bêlâtes vers votre mère - ô douleur
Comme un triste agnelet.
Et vous n'avez pas su la lumière et l'honneur
D'un amour brave et fort,
Joyeux dans le malheur, grave dans le bonheur,
Jeune jusqu'à la mort !
Les roses étaient toutes rouges
Et les lierres étaient tout noirs.
Chère, pour peu que tu te bouges
Renaissent tous mes désespoirs.
Le ciel était trop bleu, trop tendre,
La mer trop verte et l’air trop doux.
Je crains toujours, — ce qu’est d’attendre
Quelque fuite atroce de vous.
Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,
Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas !
Je suis plus pauvre que jamais
Et que personne ;
Mais j’ai ton cou gras, tes bras frais.
Ta façon bonne
De faire l’amour, et le tour
Leste et frivole,
Et la caresse, nuit et jour,
De ta parole.
Je suis riche de tes beaux yeux.
De ta poitrine,
Nid follement voluptueux,
Couche ivoirine
Où mon désir, las d’autre part.
Se ravigore
Et pour d’autres ébats repart
Plus brave encore…
Sans doute tu ne m’aimes pas
Comme je t’aime,
Je sais combien tu me trompes
Jusqu’à l’extrême.
Que me fait, puisque je ne vis
Qu’en ton essence,
Et que tu tiens mes sens ravis
Sous ta puissance ?