Je me rappelle avoir lu le premier tome du testament d'un excentrique de
Jules Verne sur une terrasse d'un café montréalais, devant un square, par une belle journée de juin. Un bon demi frais, le soleil qui me caressait les joues, je me suis plongé dans l'histoire loufoque de
Jules Verne, où
le testament d'un excentrique stipule que pour récupérer la fortune du malheureux défunt, des concourants se feront le combat dans une partie du jeu de l'oie, d'une version assez particulière, à la grandeur du territoire américain. C'est-à-dire qu'à chaque coup de dé, les participants devront se rendre, au gré du hasard, à l'endroit décidé sur la carte, en un nombre de jours limités. À l'instar du Tour du monde, ce jeu grandeur nature, permet à
Jules Verne de mettre au défi les transports modernes, le train principalement et la complexité de ses horaires. Dans le premier tome, l'obligation pour certains participants, moins chanceux que d'autres, de traverser la moitié des États-Unis, puis de revenir sur leurs pas, permet de créer un suspens qui nous font tourner les pages les unes après les autres, et surtout, ce premier tome permet de présenter le caractère, parfois haut en couleur, des différents personnages.
Je gardais un assez bon souvenir du premier tome, pour que je me décide à chercher le deuxième tome avec sérieux. Je dirais que la deuxième partie du récit est beaucoup moins intéressante, voire même décevante. Les parcours en train ont perdu de leur intérêt: attrapera-t-il, n'attrapera-t-il pas sa correspondance ? On a compris. La répétition ralentit la lecture, on attend la fin de la partie avec impatience. C'est à ce moment que l'on se rend compte à quel point le texte a (mal) vieilli. Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui on peut aller de Houston à Seattle, en passant par Chicago, en quelques heures que le texte se casse le cou, mais dans les descriptions minutieuses que
Jules Verne fait de chaque petite ville où l'un des participants se rend ou traverse. Les quelques phrases descriptives pour présenter chacune de ces villes ont certainement été durement recueillies car, évidemment, en 1899, on est loin avant le premier petit routard ou Let's Go. On peut même imaginer que
Jules Verne a dû recourir à des collaborateurs aux quatre coins des États-Unis pour dessiner les principaux traits de ces cartes postales. Si en 1899, cela relevait peut-être de l'exploit, aujourd'hui, ces passages descriptifs (qui occupent une grande partie du tome 2) est d'un ennui colossal. Il m'a tristement fait penser au déroulement des pages Wikipédia où, en trois-quatre lignes, on peut lire les principaux attraits d'une ville : le monument à ne pas manquer, le quartier où l'on peut bien manger, la température au mois d'août, etc.