AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de akcd


Lire – relire Jules Verne. Toujours un immense plaisir. Michel Strogoff m'a été mis entre les mains par un de mes fils, énervé sans doute de me voir tourner en rond en panne de lecture. Tant qu'à relire Jules Verne, ce n'est pas ce roman que j'aurais choisi spontanément ; j'aurais pris L'île mystérieuse ou Mathias Sandorf. Mais pas Michel Strogoff.
Mais j'ai accepté l'idée, ravie même de quitter mes certitudes. Avec Jules Verne, il y a peu de chances de se tromper et ce roman, je le connais. Ça faisait simplement vingt ans que je ne l'avais pas lu.
En un peu plus d'un an, voici le troisième livre que je lis sur l'immensité russe. La route de la Kolyma – Voyage sur les traces du goulag de Nicolas Werth (Belin, 2012), Seule sur le Transsibérien de Géraldine Dunbar (Editions Transboréal, 2017) et maintenant, Michel Strogoff. Si Nicolas Werth a pour pour objectif de décrire la Sibérie orientale d'hier et d'aujourd'hui, les deux autres récits évoquent l'immensité, les distances et les peuples. Si le témoignage de Géraldine Dunbar, empli de mélancolie, s'attache aux peuples et à l'essence de leur humanité, Jules Verne s'attache aux peuples dans le tumulte et la guerre. L'atmosphère, bien entendu, n'est pas du tout la même.
J'ai souri en relisant le roman raciste, au sens primaire du terme. Il est dépassé aujourd'hui, contrairement aux deux autres récits du même auteur que je cite plus haut. A l'instar de Vingt mille lieues sous les mers – véritable traité d'ichtyologie – Michel Strogoff pourrait se résumer en une liste des peuplades que croise le héros durant sa traversée (Russes, Tartares, Tsiganes, Usbecks, Mongols, Tadjiks, Kirghis et j'en passe). Poissons ou hommes, c'est du pareil au même ; Jules Verne parle de races et donne sans vergogne des indications morphologiques pour étayer son discours. Jugez plutôt :
« Parmi eux, et comme types principaux du Turkestan, on remarquait tout d'abord ces Tadjiks aux traits réguliers, à la peau blanche, à la taille élevée, aux yeux et aux cheveux noirs, qui formaient le gros de l'armée tartare. […] Puis, à ces Tadjiks se mêlaient d'autres échantillons de ces races diverses qui résident au Turkestan ou dont le pays originaire y confine. »
Michel Strogoff, c'est aussi un hymne au patriotisme. En cela, le roman est assez simpliste, blanc et noir. Les héros positifs sont parfaits, les héros négatifs monstrueux. Pas de nuances, pas de place au doute. de telles aventures, aussi peu délayées dans un cocktail grisé de personnages mitigés, ne pourraient plus être admises aujourd'hui dans la littérature – dans la bonne littérature. Ce n'est clairement pas l'intérêt du roman, mais Michel et Marfa marquent pourtant l'histoire de leur charme fou ; sans eux, cette oeuvre perdrait beaucoup de sa valeur !
Ce qui rend cette oeuvre majestueuse, c'est certainement l'art avec lequel Jules Verne évoque les grandes plaines sibériennes, les difficultés de la traversée, les astuces des voyageurs pour arriver à destination. On retrouve un peu de l'atmosphère du Tour du monde en 80 jours, avec moins d'humour toutefois et une diversité plus réduite dans les moyens de transport employés.
Roman daté, donc, mais roman incroyablement intéressant. Jules Verne n'a pas son égal et jamais je ne me lasserai de le relire.
Lien : https://akarinthi.com/
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}