Alain Pozarnik : Dans un premier temps l'Apprenti confirme que c'est toujours à cause des autres et de la vie en société s'in n'est pas plus fraternel dans ses paroles et ses actes. Puis, plus tard, il commencera à remarquer, en travers de son chemin, les ombres portées de ses obstacles personnels et, plus tard encore, il verra, dressé en lui, les obstacles eux-mêmes. Il constatera que, s'il n'est pas fraternel face à la réalité du monde et des hommes ce n'est pas à cause d'eux, mais de lui. Il aspirait à la fraternité, mais ne sait pas l'être, dans la réalité des faits. La fraternité, l'exhorte à convertir sa vie en chemin d'humanisation.
934 - [p. 40-41]
Henri Pena-Ruiz : Comme nulle sagesse pratique n'advient spontanément, un exercice est nécessaire. Il faut cultiver la pensée, discipliner son raisonnement, apprendre à ne pas généraliser hâtivement, s'exercer à prendre ses distances à l'égard de certaines fausses évidences. Le préjugé est par définition ce qui est jugé avant d'être réfléchi. Il est par excellence ce dont la philosophie en acte doit nous affranchir. De même les impulsions premières et les impatiences qui s'imposent d'abord doivent être contenues non par brimade, mais par volonté d'agir de façon délibérée, consciemment maîtrisée. En ce sens la philosophie appelle une discipline personnelle de l'action comme de la pensée.
926 - [p. 47]
Quand on voit le réel tel qu'il est il y a risque de mort. Il est toujours plus intéressant de mourir d'une certaine manière au monde parce qu'on va préférer des vérités inquiétantes plutôt que se croire vivant au monde alors qu'on est véritablement mort et qu'on entretiendra des fictions auxquelles on croira et ce qui est plus grave qu'on entrainera les autres dans ces fictions qui sont les nôtres. Parce que c'est avec ce genre de concept qu'on fabrique les mouvements de masse avec lesquels l'histoire devient terrible.
925 - [p. 10] Conférence de Michel Onfray