Pour savoir combien on est capable de haïr, il faut se rappeler combien on a aimé.
L’amour filial est un sentiment trop noble pour qu’on s’abaisse à le travestir… Ce n’est pas avec des mots qu’on le pare, et les sentiments de l’enfant vont instinctivement à ceux qui y ont droit…
C’est presque un acte de courage que d’oser s’aventurer parmi ces élégantes… On risque à chaque pas de s’empêtrer dans les organdis ajourés et les crêpes de Chine incrustés. Il faut de l’adresse pour en sortir à son honneur !
Le monde malveillant et toujours prêt à se réjouir des ennuis qui arrivent aux autres !
Il y a des souffrances dont on a la pudeur et dont il ne faut même pas parler, parce que c’est une vraie torture que d’être obligé d’avouer seulement qu’elles existent. Si vous m’aimez, si vous m’aimez pour moi et non pour vous, ne faites plus jamais allusion devant moi à rien de ce que vous savez ou de ce que vous avez pu deviner.
L’idée fixe, on la domine… la vérité, on la regarde bravement en face.
Le naturel, l’hérédité, l’atavisme, sont plus forts que les liens conventionnels, que l’éducation, que l’habitude !… Le lionceau serait-il moins sanguinaire parce qu’on le mettrait avec des animaux domestiques, et le chien deviendrait-il moins fidèle parce qu’il appartiendrait à un maître perfide ?… La nature ! la race ! tout est là !…
Si devant nos lois humaines, il en est ainsi, crois-tu donc que devant Dieu, devant ma conscience, devant notre mutuelle affection, il n’en soit pas autrement ?… Si tu n’es pas la chair de ma chair, tu es la fille de mon âme, la fille chérie que volontairement je reconnais pour mienne… A défaut de ton être, j’ai modelé ton esprit et ton cœur… Je t’ai réellement créée puisque c’est moi qui ai façonné ton intellectualité et fait de toi ce que tu es.. Est-ce qu’un lien charnel, renié pendant dix-huit ans, peut-être plus fort que la triple chaîne de confiance, de tendresse, d’habitudes qui nous unit ?… Le vrai père n’est-il pas celui qui a formé le cœur et l’âme de l’enfant… celui qui l’a aimé et entouré de caresses, qui a vécu de son existence, a souffert de ses maux et ri de ses joies ?…
Il faut maintenant instruire nos filles et les armer pour la lutte, afin qu’elles ne pèchent pas plus tard par ignorance, par surprise ou par curiosité. Tâche délicate et difficile, puisque tout en leur montrant les choses sous leur véritable aspect, nous voulons, malgré tout, respecter leur innocence.
Le mieux, est d’accepter ce qu’on ne peut empêcher, tout en essayant de préserver les siens de l’universelle gangrène.