Mais vous devriez savoir qu'on ne promet pas seulement avec les mots, que parfois la voix se fait plus profonde, plus grave, et qu'alors elle donne la force d'attendre, chaque jour.
Il existe dans le regard des hommes des atomes invisibles qui percutent ou caressent la peau.
J'étais pour ma part convaincue d'une chose : par définition, l'amour emporte, accapare, renverse, et rien d'autre ne vaut la peine.
C'était trop tard. Trop tard depuis le début. Trois jours clos, volés, trois jours dans une vie, combien pour renoncer ?
Alors il m'a semblé que Milan comme les autres n' était qu'un leurre, et que ces choses n'arrivent que parce qu'on a tellement envie, ou besoin, qu'elles n'ont d'évidence ou de nécessité que celle qu'on veut bien leur accorder, et finalement ne résistent jamais à l'épreuves des heures, et que toujours vient le moment où il faut prendre conscience de l'immense imposture qu'est la rencontre de l'Autre.
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Ethan avait inscrit dans mon corps le goût des hommes, de leurs mains, Ethan m'avait donné l'envie, l'appétit, l'exigence. Il m'avait laissée avec cette joie et ce silence.
Vous savez ce qu'est l'amour et comme il nous habite, nous grandit, comme il nous brise et parfois nous laisse sans vie.
Je suis toujours passée à côté des hommes. Je les ai aimés trop tôt, trop vite, ou trop tard.J'ai toujours accordé une grande importance à leur regard, à leurs épaules, à la forme de leurs fesses, au grain de leur peau. J'ai aimé les hommes d'abord pour leur visage, leur silhouette ou leur démarche. Je ne me suis jamais trompée. Je veux dire que lorsque l'heure est venue de se raconter, de s'écrire, je n'ai jamais été déçue. Les mots venaient après la peau. J'ai toujours su choisir les hommes, au premier coup d'oeil, les deviner, les débusquer. Ce sont les hommes qui m'ont quittée. Les hommes m'ont quittée parce que j'en demandais trop, ou pas assez. Parce que je ne savais pas dissimuler le trouble, ni la fragilité, ou parce qu'au contraire je me tenais trop loin d'eux. Les hommes m'ont quittée parce que j'avais peur de les perdre ou parce que je m'en foutais. Les hommes ne m'ont jamais laissé le temps.
Combien de fois faut il rejouer la fable, pour être capable de s'en défaire ? Sommes nous condamnés à ça, à reproduire inlassablement la même illusion, le même désenchantement ?
J'aimerais pouvoir parler de liaison mais je sais que le mot ne convient pas. Je cherche un autre mot qui dirait tout à la fois l'attente, la joie et la perte. Il n'y en a pas.