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3,82

sur 3053 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Des adultes qui n'en sont pas vraiment.

Et des enfants qui n'en sont plus.

Un livre contemporain. Qui traite de problèmes de notre époque. Réellement.

Ce livre, en peu de pages, parle de beaucoup de choses de manière juste. La maltraitance. L'amour maternel. le couple. L'amitié. L'éducation. Internet. Et surtout de loyautés.

Les loyautés. « Les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves. »
Cette réflexion sur les loyautés intimes qui sont l'essence de chacun d'entre nous m'a passionné. Chacun sa vision de par son éducation, son milieu social, son vécu. Ces liens intérieurs qui nous définissent et qui, à la fois nous élèvent mais nous ramènent également à la terre ferme, plus ou moins brutalement. Je me suis senti bouleversé par ces mots.

Delphine de Vigan est sacrément douée pour explorer l'intime. L'infime délicat. Ces choses qu'on ne savait pas ressentir avant qu'elle mette un mot dessus.

Un bien joli livre.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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« Les fidélités silencieuses »

Suis-je loyal envers ma famille, mon passé, envers moi-même, c'est la question que nous pose Delphine de Vigan dans son nouveau roman. Texte court et incisif qui met en scène successivement quatre personnages, tous en prise avec eux-mêmes, en prise avec leurs « loyautés ».

Hélène, professeure de SVT dans un collège parisien qui remarque très vite en Théo, son jeune élève de 5ème, un mal-être qui lui rappelle tellement le sien : la maltraitance. Elle croit voir en sa fatigue permanente et dans son regard fuyant les stigmates des coups qu'elle-même a reçus à son âge.

Théo Lubin, 12 ans encaisse en effet les coups sur son corps, mais seulement ceux dont il s'inflige lui-même. Les cours de sciences naturelles d'Hélène aident à mieux comprendre le fonctionnement de la digestion. Pour lui, il s'agit d'améliorer les effets de l'absorption de puissances nocives. L'alcool, dans son tube digestif d'enfant. Boire à s'en faire « exploser » la tête.
Boire pour oublier, s'oublier, disparaître. Ne plus avoir à passer « d'un monde à l'autre » : une semaine chez sa mère, rongée par la déception et la haine de l'homme qui l'a quittée, son père ; une semaine chez cet homme qui n'en est plus tout à fait un, ravagé par la déchéance sociale qui le cloue au lit, incapable de toute responsabilité paternelle, impuissant.

Mathis Guillaume, 12 ans lui aussi, qui accompagne et soutient Théo. C'est son copain. Il vit chez ses deux parents dans un bonheur apparent, mais qui n'est que de façade.

Si chez Hélène et Théo, les « loyautés » sont trahies par les corps meurtris, chez Mathis et sa mère, Cécile, ce sont les mots qui enchaînent. Les mots que celle-ci a dûs apprendre pour paraître dans ce milieu bourgeois qui n'est pas le sien. C'est celui de William, le père de Mathis. Mais les mots qu'il lui a appris pour qu'elle parle un « bon français », lui servent en fait, grâce à une double personnalité sur internet, à exprimer ses haines « racistes, antisémites, homophobes et misogynes ».

Les corps qu'on aliène. Les mots qui enchaînent. Les « loyautés » sont difficiles à vivre pour Hélène, Théo, Mathis et Cécile. Quatre personnages pris dans la tourmente de notre monde d'aujourd'hui, entravés par ces « tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves ».
Mais celles-ci peuvent aussi être « les tremplins sur lesquels nos forces se déploient »...C'est donc le souffle court, dans ce roman dense et intense que nous partirons à la recherche de cet espoir, à la recherche de notre « propre lumière ».
De la première ligne à la dernière, c'est seulement en tournant la dernière page, grâce à une narration implacable, que vous reprendrez votre respiration, face à ces « loyautés », face à vous même.

Après ses deux derniers livres à succès et largement récompensés : Rien ne s'oppose à la nuit, qui obtint notamment le prix du Roman Fnac en 2011, et D'après une histoire vraie, prix Renaudot et Goncourt des Lycéens en 2015, Delphine de Vigan, avec ce huitième roman, renoue avec la trame narrative des Heures souterraines, publié en 2009, sur « les violences invisibles d'un monde privé de douceur »...
Les Loyautés, ces « fidélités silencieuses », comme elle les définit elle-même, laisseront en vous des traces invisibles mais tenaces.

Lu en janvier 2018.

Retrouvez mon article sur Fnac.com/Le conseils des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Les-Loy..
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Hélène s'inquiète pour Théo, son élève de douze ans et demie.
Théo, parents divorcés, vit en garde alternée, deux ennemis, deux mondes, deux langues différentes. Un gamin plus intelligent que ses parents, donc pire pour lui.
Hélène, une enfance maltraitée, un père sadique, une mère qui préfère ignorer.
Mathis, l'ami inséparable de Théo. Cécile, sa maman n'approuve pas la relation, surtout que d'autres problèmes plus graves se pointent à l'horizon.
Voici le préambule du nouvel opus de De Vigan. Un roman choral, à quatre voix.
Deux enfants et deux adultes en prise avec des circonstances dramatiques, et qui s'enfoncent. Des circonstances où les enfants jouent le rôle d'adultes vis à vis des parents et autorités de l'école.....de quoi vous serrer la gorge .
De Vigan va-t-elle les laisser couler ou leur accordera-t-elle une sortie salvatrice ? Et par ce biais nous apaiser.....car ce livre se lit la gorge nouée, du moins je l'ai lu ainsi, donc je vous conseille une période sereine pour sa lecture.
J'aime les personnages de De Vigan, tellement humains, touchants....je me serais comportée exactement comme Hélène, loyale à ses convictions, bien que socialement parlant son comportement ne serait pas considéré éthique; j'ai adoré le petit Théo qui se débrouille comme il peut; j'ai aimé Mathis pris entre deux feux de loyauté et Cécile,qui malgré le pétrin où elle se trouve, ne lâche pas prise.
J'ai apprécié le portrait de prof acerbe de la Berthelot, qui punit Théo sans aucune empathie, aucune sensibilité pédagogique, avançant la raison que le garçon ne lui plait pas, tellement courant même dans les institutions privées.
Delphine est aussi sans pitié pour les couples, la vie de couple et son après, une fois terminée,.....beaucoup de vérités déclamées à travers la fiction, rien de nouveau mais exprimées avec tellement de douceur et d'élégance.
La loyauté à soi-même, à l'ami , à la mère, au père, à l'élève, ne vont pas vraiment aider nos quatre protagonistes, ni eux-mêmes ni les sujets auxquels ils le sont , mais sa dimension humaine, pure, sans calcul fait chaud au coeur.
Bref encore une fois De Vigan me touche avec son sujet, son histoire et sa prose.
À votre avis, si on a lu un livre d'une traite et qu'on y a pris plaisir, même si lu la gorge serrée, est-ce le signe d'un très bon livre ? Si oui, et bien c'est le cas.

“Parfois, il se demande si cela vaut vraiment la peine d'être adulte. Si le jeu en vaut la chandelle,.....”
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Hélène s'est beaucoup trop impliquée dans cette histoire, elle le reconnaît. Son métier de professeur exigeait une réserve et un recul qu'elle n'a pas eu avec Théo, son jeune élève. Elle pourrait attribuer cela à son enfance maltraitée, des blessures lointaines et secrètes encore mal refermées. Mais cette trop grande sensibilité n'est-elle pas ce qui peut sauver Théo ?

Delphine de Vigan décrit la souffrance des enfants perdus des parents en crise, les difficultés des adultes pour les protéger contre leur milieu et eux-mêmes. Sans généraliser, elle montre comment les traumatismes de l'enfance façonnent une personnalité et, d'une génération à l'autre, se reproduisent sans qu'il soit possible de rompre le cercle vicieux.

Avec la multiplication des séparations et des divorces, une évolution de la cellule familiale, analysée finement et sans jugement, qui si elle est très noire ne l'est pourtant pas totalement. Delphine de Vigan, subtile, concise et bouleversante, révèle aussi les loyautés de certains — parent, enfant, camarade ou enseignant — qui avec leurs moyens, soutiennent l'autre pour tenter de le sauver.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Dans les couloirs de ce collège se croisent Hélène, Théo, Mathis... Hélène, professeure de sciences naturelles, s'inquiète pour l'un de ses élèves, Théo, pensant que ce dernier est maltraité. Dans sa façon d'être et de se tenir, une attitude qu'elle connaît par coeur. Théo, à douze ans passés, aime se réfugier avec son ami, Mathis, sous l'escalier qui mène à la cantine. Que font-ils tous les deux, à l'abri des regards ? Pourquoi le jeune adolescent a-t-il besoin de s'échapper ainsi ?


Dans ce roman choral donnant la parole à Hélène, Théo, Mathis et Cécile, la maman de ce dernier, Delphine de Vigan s'interroge sur les loyautés. Loyauté de l'enfant vis-à-vis de ses parents divorcés, loyauté de l'enfant envers son ami qu'il voudrait protéger, loyauté de l'adulte vis-à vis de l'enfant qu'il était. Elle traite également, avec justesse et sensibilité, de l'amour filial, de la maltraitance, du mal-être ou encore de l'enfance brisée. L'on suit ainsi le parcours d'Hélène, à l'enfance douloureuse, Théo que le divorce de ses parents ébranle, Mathis son fidèle ami, et Cécile, femme discrète dont le mariage vacille. L'auteure leur donne voix à un moment crucial de leur vie. Un roman sombre, âpre, habité par des personnages bouleversants et porté par une plume délicate.
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Lu d'une traite, quelle tristesse, ce livre!

Quel monde moderne angoissant, où les enfants du divorce sont écartelés entre la haine de l'une pour l'homme parti, entre le renoncement paternel à la vie, au quotidien.

Quel univers gris et dangereux, où l'enfance disparait sous les affres d'une adolescence solitaire , désespérée, et qui porte à tous les excès pour oublier.

Quelle impuissance scolaire à panser les plaies, trouver des remèdes, comprendre sans juger.

Mathis, Theo , face aux adultes qui n'assument pas, qui eux aussi se noient dans leurs secrets, leurs désenchantements. Leurs souffrances intimes.

Je n'en dirai pas plus , un livre déchirant, intense et concis, ancré dans les carences affectives actuelles, le vide béant des coeurs meurtris. A lire!

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Matheo, treize ans, fils d'un couple divorcé, entraîne son ami Mathis sur une mauvaise pente. En proie à ses propres soucis, la mère de Mathis ne prend pas suffisamment conscience du danger. La seule personne à s'alarmer est une professeur du collège : elle-même victime de violences parentales dans son enfance, elle suspecte l'environnement familial de Matheo.


L'auteur déroule son histoire de façon tellement sobre et lapidaire qu'elle vous laisse assommé et sans voix, impressionné par son réalisme si parfait qu'il vous en semble vraiment connaître les protagonistes. Alignés sans aucun pathos ni jugement, les faits n'en deviennent que plus implacables et soufflettent le lecteur de leur brutalité sans fard, lui laissant à peine le temps de respirer dans cette sombre glissade vers on ne sait quel redoutable dénouement.


Peut-être plus que le drame qui menace, ce sont les interactions entre les personnages qui construisent tout l'intérêt du roman : Delphine de Vigan a réussi à restituer toute la complexité et la profondeur de ces êtres humains, comme emberlificotés dans la toile d'araignée de leur vécu, qui influence leurs perceptions et leurs agissements. Ici, ni voyeurisme, ni sentimentalisme, ni condamnation, mais l'observation fine et précise des processus et des motivations qui sous-tendent les comportements humains.


Admirable de concision, de sobriété et de délicatesse, ce récit parvient en quelques traits à restituer l'âme de ses personnages, nous amenant à comprendre toute la complexité cachée derrière les apparences, et, surtout, les subtiles et invisibles interactions entre notre passé et le présent. Un bien joli roman qui démontre l'indéniable talent de son auteur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un ancien collègue-ami nous répétait qu'il avait raté son mariage mais réussi son divorce. Son fils a forcément souffert de la séparation (il avait cinq ans lorsque la maman est 'partie' avec un autre homme), mais chaque parent faisait de son mieux pour le bien-être de l'enfant et, mettant de côté rancoeurs et mesquineries, parvenait à s'entendre pour toute décision le concernant. J'admirais, à l'époque, alors que je n'étais pas encore mère, ni fille de divorcés. J'admire plus encore à l'issue de cette lecture bouleversante.

Sans trop dévoiler, on peut dire que l'intrigue de 'Les loyautés', centrée sur quelques personnages en souffrance, montre comment les difficultés des adultes de l'entourage peuvent perturber et détruire les enfants - de jeunes adolescents en l'occurrence.

Cette histoire douloureuse happe rapidement le lecteur, le prend aux tripes, le met en colère (ah l'irresponsabilité de parents anéantis et aveuglés par leur propre souffrance ! ah l'inertie administrative !) et lui laisse craindre le pire.

Plus qu'à Delphine de Vigan, le ton et le propos m'ont fait penser pour diverses raisons à Alexandre Seurat (La Maladroite), Sophie Loubière (L'Enfant aux cailloux), Thierry Lenain (La fille du Canal), Emmanuel Carrère, Marin Ledun, JP Blondel, O. Adam, Liane Moriarty et quelques autres...

La fin m'échappe. Moins que la situation elle-même, c'est la réaction de l'adulte que je ne comprends pas. Si vous voulez bien m'éclairer en message privé - merci !

• 4/5
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"Loyauté me lie" , cette devise à double sens pourrait résumer à elle seule le court roman choral de Delphine de Vigan.

L'adolescence- la pré-adolescence ici- est, chacun le sait et se le rappelle, une période troublée.

Dans le contexte d'un divorce, ou celui tout aussi banal d'une usure du couple, la souffrance d'un enfant se heurte au monde des adultes, devenu brusquement hostile, dangereux ou inexplicablement fragile.

Elle devient une bombe à fragmentation.

Comment trouver les mots pour la dire, cette souffrance, quand on devient, comme Théo, le père de son père ? Quand on perçoit l'hostilité d'une mère qui vous "cède à l'ennemi " une semaine sur deux? Ou quand on redoute la perspicacité de la sienne, comme Mathis?

Dire, c'est trahir, aussi. Trahir l'amitié, la confiance, le secret. Pour Mathis, confier son inquiétude, c'est trahir Théo- en disant au professeur, à la mère, à l'adulte devenu brusquement réceptif, potentiellement salvateur , ce qui le tourmente et lui pèse.

Impossible. "Loyauté me lie"...

Pour Hélène, qui veut rompre le silence, mais se trompe de douleur, épiant la sienne propre dans les signes qu'elle voit chez Théo, parler c'est agir, mais trop impliquée, ligotée à sa propre enfance, elle est mise sur la touche et , vouée à l'incompréhension, elle reste inopérante.

Inefficace. "Loyauté me lie"..

Un roman qui tient en haleine, qui fait planer l'inquiétude et l'angoisse. L'appréhension du pire.

La fin, ouverte, l'est à toutes les hypothèses.

Petit bémol, comme Lucia-lilas, qui le démontre avec brio dans sa critique, j'ai trouvé la peinture du collège et des réactions d'Hélène en tant qu'enseignante peu crédibles - j'ai été moi aussi prof de collège.

Mais vous m'objecterez qu'à mon tour loyauté me lie...
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C'est ma Delphinette qui me l'a prêté.
Je l'ai lu en deux soirs et franchement avant d'éteindre la lumière je me suis demandé si je poursuivrai le lendemain. Je pensais avoir affaire à un bouquin un peu mièvre, genre heu machin là qu'en vend des tonnes ... mais oui on ne voit que lui ... bref. Mais bon vu le sérieux de l'auteure et le regard chargé d'admiration de mon amie au moment de me le tendre, j'ai tout de même poursuivi.
Et lors de cette deuxième soirée j'ai glissé tout doucement dans l'intimité des personnages, petit à petit j'ai compris le pourquoi du comment des réactions des divers intervenants.
Tous nous avons des concepts que l'on accumule et que l'on peaufine au fil du temps passé (puis-je ajouter des précédentes incarnations ?). Et c'est au travers de ces filtres que nous jugeons ce qui nous entoure.
Théo, une douzaine d'années est en train de perdre pieds, Mathis le suit sur cette pente dangereuse. Hélène, sa prof, voit bien que quelque chose cloche, mais que faire ? Les parents de Théo et Mathis quant à eux sont aux antipodes de ce que l'on pourrait qualifier d'adultes responsables.
De deux étoiles je suis passé à quatre ayant beaucoup apprécié ce regard sur notre société actuelle.
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