Ressources inhumaines est un premier roman très réussi, dont le cadre est un hypermarché. L'auteur
Frédéric Viguier nous introduit dans les coulisses de cette grande surface, à la suite d'une jeune femme qui va rapidement devenir cadre de l'entreprise, alors qu'elle n'en a pas tout à fait les capacités. J'ai adoré ce roman qui explore à travers un personnage le monde du travail actuel. Sidérant et presque cruel.
Le personnage de ce roman n'a pas de prénom, elle est désignée d'abord comme la stagiaire puis la chef de rayon textile. Elle ressent un grand vide en elle et le travail sera pour elle une façon de remplir ce vide, de devenir quelqu'un.
Le roman est construit en deux parties, la première montre l'ascension éclair de cette femme, qui manipule sans état d'âme pour obtenir une parcelle de pouvoir et ainsi se sentir exister. La seconde partie est différente, la chef de rayon devenue chef de secteur intègre un jeune dans son équipe qui va bouleverser sa vie rangée.
Ce qui est étonnant dans ce roman est la description très précise, presque clinique, du monde du travail auquel le lecteur peut aisément s'identifier, même s'il ne travaille pas dans un hypermarché. Plusieurs personnages comme le directeur, le responsable des ressources humaines, les employés, sont des archétypes qui existent dans toute entreprise. Ici, l'auteur montre et démonte les manoeuvres de la partie dirigeante, à travers le personnage de la jeune femme. Décrite comme un pantin qui effectue les ordres qu'on lui assigne, sans réel goût ni motivation, elle semble néanmoins consciente de sa situation. En travaillant, elle devient un rouage de l'entreprise, dénué de vie, de passion, d'empathie. L'auteur a choisi d'insérer des phrases en italiques à la fin des chapitres, qui sont comme un aperçu de journal intime du personnage, ce qui la rend un peu moins inhumaine.
Le style du roman est fluide, presque sec.
Frédéric Viguier décrit très bien la vacuité de son personnage principal par une écriture simple, sans fioritures. Beaucoup de répétitions, qui montrent que le système tourne en rond, jalonnent le texte qui devient comme une sorte de machine, au moins dans la première partie. Dans la deuxième, tout se dérègle, et j'ai trouvé cela un peu moins réussi. Au final, un roman très intéressant, aux multiples ressources !
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