EN MOI RÉGNAIT LA DÉSOLATION
J'avais lu
Ordesa de
Manuel Vilas une première fois, il y a quelques mois. Et avait alors été relativement secouée et bien incapable de partager avec vous mon ressenti. Grâce au Prix Bookstagram, l'occasion m'a été donnée de découvrir une nouvelle fois cet ouvrage, 11e et dernier de la sélection de cette année. Et d'enfin poser des mots.
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Et c'est pour moi une très belle conclusion :
Parce que c'est un ouvrage que j'ai profondément aimé
Parce qu'il promet un beau débat, le jury étant assez divisé.
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Avant de rédiger ces lignes, j'ai ouvert le recueil
Quelque chose noir de
Jacques Roubaud, récit du deuil de sa compagne. Je n'ai tilté qu'en fin de lecture d'
Ordesa du lien que je faisais entre les deux ouvrages. La perte d'un être cher, la poésie, le tâtonnement du poète face à la gestion de cette crise intime.
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Manuel Vilas évoque dans son texte, par fragments, comme des micro-fresques poétiques, la mort de ses parents. Son incapacité à accepter leur départ. Il ouvre les albums photos de son enfance, et part en explorateur. de ce qu'il a été, de ce qu'il est, de la vie de ses parents, de ses racines, de ce qu'ils lui ont transmis. Mais ce que j'ai aimé, c'est aussi cet art de décrypter la vie de la classe moyenne inférieure de l'Espagne à partir des années 1960.
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Alors oui, ce récit peut sembler décousu. Toutefois, Vilas l'assume, évoquant le caractère « chaotique » de sa narration, héritage maternel. Explorer et dépasser les limites du récit classique et linéaire, déstabiliser son lecteur : ce sont des expériences que j'apprécie toujours.
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Mais cette lecture, c'est selon moi une invitation à suivre l'auteur-poète dans ses déambulations, se perdre entre ses lignes, et se retrouver pris dans les filets de passages bouleversants. Et en filigranes, derrière l'amertume et la douleur, une invitation à la vie. Exprimée dès l'épigraphe, extrait d'une chanson de la Chilienne
Violeta Parra : « Gracias à la vida, que me ha dado tanto. Me ha dado la risa y me ha dado el llanto. Así distingo dicha de quebranto… » (Très jolie d'ailleurs, allez écouter ! Il existe aussi une version réunissant Joan Baez et Mercedes Sosa bien canon).
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