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Critique de Marie-Nel


Il y a des romans comme ça où vous savez avant de les ouvrir que ça va être de bonnes lectures. C'est le cas avec ce livre, et ce pour plusieurs raisons. Déjà et avant tout, parce que je connais déjà l'auteure, Isabelle Villain, pour avoir lu ses trois précédents romans, pas dans l'ordre, mais je n'ai pas pu résister à tous les lire. J'ai eu en plus le plaisir de la rencontrer « en vrai » lors d'un salon littéraire en septembre, j'ai apprécié la façon dont elle parle de ses écrits, elle m'avait d'ailleurs parlé de cette dernière sortie et le peu qu'elle m'en avait dit me donnait déjà envie de le lire. J'étais impatiente en tout cas. Et enfin, je le dis à chaque fois, mais c'est vrai et ce roman le prouve encore, un thriller qui paraît chez Taurnada éditions, c'est la garantie d'un très bon thriller, avec un suspense de dingue, et des retournements de situation inattendues. Je n'ai jamais été déçue par aucun de leurs publications, je regardais leur catalogue, j'ai déjà lu 18 romans sur leur 32 parus, et aucun ne m'a déplue, et je ne dis pas ça par complaisance, c'est exactement ce que je ressens. Comme je dis toujours, cette maison porte bien son nom, c'est une mini tornade à chaque nouvelle parution.

J'étais donc impatiente de retrouver Rebecca de Lost, commandant de police. Je l'ai rencontrée dans Mauvais genre, j'ai continué à faire sa connaissance dans Peine capitale et Âmes battues, et je suis très contente de la revoir. Vous savez, c'est le genre de personnage auquel on s'attache, que l'on peut même considérer comme un ami. Eh bien, Rebecca de Lost fait partie de ceux là. J'aime beaucoup les romans policiers où il y a un personnage récurrent, qui revient à chaque nouvelle histoire, comme la Kay Scarpetta de Patricia Cornwell ou d'autres comme les enquêteurs du département V de Jussi Adler Olsen. Plus on les rencontre, et plus on a d'affect pour eux, plus ils font partie de notre vie. Je me suis attachée à Rebecca, c'est une femme qui a ses failles, qui a connu des drames qui font qu'elle a parfois du mal à avancer dans la vie. D'ailleurs, une des forces des personnages créés par Isabelle Villain, est que ce sont des écorchés de la vie, tout n'a pas été tout rose pour eux que ce soit dans leur vie privé ou professionnelle et concilier les deux n'est pas toujours évident.
Blessures invisibles commence peu de temps après Mauvais genre. Rebecca et son équipe sont encore sous le choc des derniers événements, des décès qu'il y a eu, de la résolution de la dernière affaire. Je ne préfère pas trop vous en parler au cas où vous n'ayez pas lu le précédent. Tout ce qu'il faut savoir, c'est que du coup Rebecca est vraiment fragilisée et déstabilisée. Une nouvelle affaire voit le jour lorsqu'on retrouve à son domicile le major Maraval mort, une balle dans la tête, l'arme à la main. Tout pourrait faire penser à un suicide, mais l'équipe de Rebecca n'en est pas convaincue. C'est un homme qui a fait la guerre dans des pays chauds et qui est revenu justement d'une dernière mission au Mali complètement traumatisé. Il souffre d'ailleurs de syndrome de stress post-traumatique. Sa mort est-elle un suicide ou pas ? Rebecca et son équipe vont mener l'enquête, sensible par le sujet. Les blessures ne sont pas toujours visibles, d'où le titre d'ailleurs qui est parfait ici.
En parallèle, on suit une seconde enquête, que l'on a commencée dans les précédentes histoires, celle de l'affaire du tueur au marteau, cet homme que l'on a connu dans les enquêtes d'avant, qui tue des femmes en écrasant au marteau leurs mains. Aucun indice sur ces meurtres, les recherches piétinent. Pourquoi le meurtrier s'est-il abstenu de crimes pendant plusieurs années ? Qu'a-t-il pu arriver dans sa vie pour qu'il fasse cette coupure ? Et pourquoi a-t-il repris ? de façon assez acharnée en plus. Quels sont ses raisons, s'il peut y en avoir une pour être aussi cruel ! Bref, l'équipe de Rebecca a pas mal de fil à retordre avec ces deux enquêtes.

Isabelle Villain parle à travers ces personnages et ces crimes de sujets de société importants, comme le stress post-traumatique, un mal qui a été longtemps tabou et dont on parlait que très peu. Ces hommes qui sont partis à la guerre et qui reviennent traumatisés par ce qu'ils ont vécu, souvent lorsqu'ils ont dû tuer des enfants pour survivre eux-mêmes. Les valeurs humaines sont bafouées et il est très difficile de vivre avec toutes ces images. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure parle de ça, avec beaucoup de sensibilité et sans fards.
Les personnages sont toujours aussi bien traités, avec leurs qualités et leurs défauts. Et ça j'aime. J'aime quand ils ne sont pas lisses, qu'ils ont des égratignures, des blessures, mais aussi de belles convictions qui les font se tenir le plus droits possible. Je les ai tous appréciés, Tom, la famille d'Antoine, et les autres enquêteurs. Une mention spéciale pour Mélina, cette jeune inspectrice de l'équipe. On en apprend plus sur elle et sa vie privée, ses difficultés pour avoir un enfant, puisqu'elle est lesbienne et mère célibataire. Elle m'a touchée énormément, je trouve surtout très intéressant que des sujets sociétaux comme le mariage pour tous apparaissent dans les romans, soient traités avec leurs points positifs comme négatifs.

Et bien sûr, tout cela sublimé par la plume et le style de Isabelle Villain qui, au fur et à mesure des romans, deviennent de plus en plus matures et aboutis. Les phrases courtes au moment des scènes policières donnent ce suspense et ce rythme indispensables à la lecture d'un thriller. Les descriptions sont présentes, mais tout en finesse, sans lourdeurs. Pareil pour les explications des thèmes abordés, elles permettent d'enrichir le texte et donc la lecture. Je me suis encore beaucoup attachée à Rebecca et à tout ce petit monde qui gravite autour d'elle. Et pourtant, le choix narratif de l'auteure n'est pas celui que je préfère pour rentrer dans la tête du héros, puisque c'est écrit à la troisième personne du singulier. Je suis d'habitude plus sensible au « je » qui me permet de rentrer au plus près dans la tête du personnage principal. Et malgré tout, ici, je me suis sentie très proche de Rebecca, je l'ai regardée évoluer comme si je me tenais à côté d'elle, comme si j'étais sa bonne copine à qui elle racontait tout, ses pensées, ses joies, ses peines. Une personne que je suis triste de quitter à la fin de ce quatrième roman passé avec elle. J'avoue, ça a été difficile de terminer cette histoire car je n'avais pas envie de laisser Rebecca et toute son équipe. D'ailleurs, ce quatrième opus voit la conclusion de l'enquête du tueur au marteau, et je peux vous dire de vous préparer et de bien vous accrocher à vos fauteuils, car la résolution dépote. Ouah ! Quelle claque, vraiment ! C'est rare que j'emploie ce mot dans mes avis, je le trouve toujours un peu excessif, mais là, il colle parfaitement à mon ressenti. L'identité du tueur m'a complètement bluffée et glacée les sangs. Et comme à chaque résolution, ça me donne envie de relire ce roman et le précédent, Mauvais genre, pour tout voir avec un oeil neuf et en connaissance du meurtrier. Car, ce n'est pas spoiler, on sait très vite, dès le départ, que le tueur au couteau serait une personne qui connaitrait très bien Rebecca. Et donc, bien évidemment, j'ai porté mes soupçons sur certains proches de l'inspectrice, mais j'étais loin de me douter de son identité...je suis restée sur les fesses...

Bon, je pense que vous l'aurez compris, j'ai passé un très très bon moment avec ce dernier opus de Isabelle Villain. Vous pouvez lire ce quatrième avant Mauvais genre, il vous manquera certaines informations sur les caractères des personnages, mais il est possible de le lire sans avoir lu les autres. Si vous lisez Mauvais genre après, vous aurez l'avantage de connaître l'identité du tueur au marteau et cela peut donner un autre oeil à la lecture.
Ce qui m'attriste le plus, c'est que je me demande s'il y aura de nouvelles enquêtes de l'équipe de Rebecca. La résolution de cette affaire qui a été une sorte de fil rouge me fait me demander s'il y aura à nouveau d'autres histoires avec ces personnages que j'apprécie énormément. Mais bon, quelque soit le choix de Isabelle Villain, je continuerai de la lire et de la suivre, j'aime tellement son style, sa façon de raconter une histoire et de tenir en haleine son lectorat que je ne pourrais pas faire autrement que la lire. Et si en plus, elle est publiée aux éditions Taurnada, je saurais que c'est gage de qualité.

Je vais arrêter d'être bavarde, mais quand j'aime, j'ai du mal à m'arrêter ! Bien sûr, je vous recommande vivement les romans de Isabelle Villain, et celui-ci en l'occurrence. Un gros coup de coeur pour moi. J'ai déjà hâte de la lire à nouveau ou de lire un nouveau thriller de Taurnada...
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