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EAN : 9782372580656
Taurnada Éditions (09/01/2020)
4.37/5   171 notes
Résumé :
Le major Maraval est retrouvé mort à son domicile, une balle dans la tête, son arme à la main.La thèse du suicide est pourtant très vite abandonnée par le groupe du commandant Rebecca de Lost, et les pistes militaires et familiales se multiplient.Dans le même temps, le « tueur au marteau », demeuré silencieux depuis l'enterrement du capitaine Atlan, décide de reprendre du service.Deux enquêtes sous haute tension. Un final explosif !
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Un livre : deux enquêtes policières. L'une vous mènera dans le milieu militaire après la découverte du corps du major Maraval retrouvé mort d'une balle dans la tête. L'autre enquête, totalement indépendante, fera suite à la réapparition du « Tueur au marteau » qui reprend du service.

C'était la première fois que je découvrais la plume d'Isabelle Villain et ça a été une super chouette découverte comme je les aime. Pourquoi me demanderez-vous? Parce qu'il y a du suspens, une bonne dose de triturage des méninges pour découvrir les coupables, des personnages attachants et un final à la hauteur de ce qui a précédé. Une vrai page-turner addictif!

Si vous me suivez par mon blog ou par les réseaux sociaux, vous devez savoir que, lorsque je lis des livres tirés de séries ou suites, j'aime commencer par les prémisses afin de pouvoir suivre les évolutions des personnages et observer le travail continu de l'auteur. Ici, pour une fois, j'ai dérogé à ma règle. En effet, l'héroïne Rebecca de Lost apparaît dans le thriller « Peine capitale », paru pour la première fois en 2014.

Cette dérogation ne m'a pas ennuyée dans ma lecture. Certains rappels sont faits et je ne pense pas que cela va m'empêcher de me plonger dans d'autres bouquins d'Isabelle Villain car j'ai beaucoup aimé sa façon de dérouler l'enquête policière. Maniant l'art des fausses pistes avec brio, le lecteur tombe vite dans le panneau pensant avoir tout trouvé. Les rebondissements s'enchaînent et on finit le livre beaucoup trop vite, tant on s'y plaît dans notre nouveau costume d'enquêteur auprès de la brigade du commandant de Lost.

Merci aux éditions Taurnada pour leur confiance et pour me faire découvrir à chaque fois de belles plumes francophones qui méritent vraiment d'être lues et qu'on parle d'elles. Voilà encore un thriller que j'ai beaucoup aimé. Je sais maintenant qu'avec cette maison d'édition il n'y a que peu (voir pas du tout) de chance d'être déçus !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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"Rebecca est rentrée chez elle un peu plus tôt que d'habitude. Petite journée, petit moral. La veille, elle a assisté avec quelques représentants de la PJ aux commémorations des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher. La cérémonie, souhaitée par le ministère de l'Intérieur, en l'honneur des 17 victimes fut sobre, mais oppressante. le 7 janvier 2015 a marqué la France entière. À 11 h 30, deux hommes entrent dans les locaux du magazine Charlie Hebdo et abattent froidement douze personnes : des journalistes, un agent de sécurité, un gardien de la paix. le lendemain, une jeune policière municipale est exécutée. le surlendemain, c'est au tour d'un magasin casher d'être la cible des terroristes. 4 morts. Une année sombre pour les Français et pour tous les policiers, dont le stress, la tension et l'activité n'ont cessé de croître depuis cette date."


Dès ma lecture de Mauvais genre terminée, je n’avais qu’une envie, retrouver Rebecca de Lost tant sa personnalité m’avait touché et tant l’écriture accrocheuse d’Isabelle Villain m’avait emballé. C’est donc fébrile que je me suis jeté sur la suite de ses aventures et bien m’en a pris.

Dans Blessures invisibles, le commandant de Lost et son groupe sont confrontés à deux affaires qui ne vont pas leur laisser une minute de répit. Même chose pour le lecteur, pas une seconde de répit ! Commencer cette histoire, c’est prendre le risque de ne pas pouvoir la lâcher avant la fin et c’est littéralement ce qui m’est arrivé !

La première affaire concerne un officier de l’armée retrouvé mort d’une balle dans la tête, son arme à la main. Si la thèse évidente du suicide va vite laisser place à une suspicion de meurtre, reste à savoir à qui profite le crime…

Pour la deuxième affaire, c’est une vieille connaissance du groupe de Lost et du lecteur qui refait surface : le tristement célèbre « tueur au marteau » surnommé ainsi puisqu’il n’aime rien tant qu’écraser les doigts de ses victimes à coup de marteau et attendre que mort s’en suive, lentement de préférence…

Si vous avez envie de vous plonger dans un excellent thriller psychologique bourré de suspense et totalement addictif, Blessures invisibles est le livre qu’il vous faut, dans la même veine mais encore meilleur que Mauvais genre.

Deux intrigues bétons, des personnages principaux et secondaires dotés d’une indéniable épaisseur tous hyper attachants, des assassins sans scrupules, des fausses pistes et des rebondissements plus inventifs les uns que les autres.

Enfin, tout le traitement du trouble de stress post-traumatique est passionnant et met en lumière un mal trop peu connu. On pense souvent à tort que les blessures physiques sont les pires mais on oublie un peu vite les Blessures invisibles…

Lien : https://bouquins-de-poches-e..
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Il y a des romans comme ça où vous savez avant de les ouvrir que ça va être de bonnes lectures. C'est le cas avec ce livre, et ce pour plusieurs raisons. Déjà et avant tout, parce que je connais déjà l'auteure, Isabelle Villain, pour avoir lu ses trois précédents romans, pas dans l'ordre, mais je n'ai pas pu résister à tous les lire. J'ai eu en plus le plaisir de la rencontrer « en vrai » lors d'un salon littéraire en septembre, j'ai apprécié la façon dont elle parle de ses écrits, elle m'avait d'ailleurs parlé de cette dernière sortie et le peu qu'elle m'en avait dit me donnait déjà envie de le lire. J'étais impatiente en tout cas. Et enfin, je le dis à chaque fois, mais c'est vrai et ce roman le prouve encore, un thriller qui paraît chez Taurnada éditions, c'est la garantie d'un très bon thriller, avec un suspense de dingue, et des retournements de situation inattendues. Je n'ai jamais été déçue par aucun de leurs publications, je regardais leur catalogue, j'ai déjà lu 18 romans sur leur 32 parus, et aucun ne m'a déplue, et je ne dis pas ça par complaisance, c'est exactement ce que je ressens. Comme je dis toujours, cette maison porte bien son nom, c'est une mini tornade à chaque nouvelle parution.

J'étais donc impatiente de retrouver Rebecca de Lost, commandant de police. Je l'ai rencontrée dans Mauvais genre, j'ai continué à faire sa connaissance dans Peine capitale et Âmes battues, et je suis très contente de la revoir. Vous savez, c'est le genre de personnage auquel on s'attache, que l'on peut même considérer comme un ami. Eh bien, Rebecca de Lost fait partie de ceux là. J'aime beaucoup les romans policiers où il y a un personnage récurrent, qui revient à chaque nouvelle histoire, comme la Kay Scarpetta de Patricia Cornwell ou d'autres comme les enquêteurs du département V de Jussi Adler Olsen. Plus on les rencontre, et plus on a d'affect pour eux, plus ils font partie de notre vie. Je me suis attachée à Rebecca, c'est une femme qui a ses failles, qui a connu des drames qui font qu'elle a parfois du mal à avancer dans la vie. D'ailleurs, une des forces des personnages créés par Isabelle Villain, est que ce sont des écorchés de la vie, tout n'a pas été tout rose pour eux que ce soit dans leur vie privé ou professionnelle et concilier les deux n'est pas toujours évident.
Blessures invisibles commence peu de temps après Mauvais genre. Rebecca et son équipe sont encore sous le choc des derniers événements, des décès qu'il y a eu, de la résolution de la dernière affaire. Je ne préfère pas trop vous en parler au cas où vous n'ayez pas lu le précédent. Tout ce qu'il faut savoir, c'est que du coup Rebecca est vraiment fragilisée et déstabilisée. Une nouvelle affaire voit le jour lorsqu'on retrouve à son domicile le major Maraval mort, une balle dans la tête, l'arme à la main. Tout pourrait faire penser à un suicide, mais l'équipe de Rebecca n'en est pas convaincue. C'est un homme qui a fait la guerre dans des pays chauds et qui est revenu justement d'une dernière mission au Mali complètement traumatisé. Il souffre d'ailleurs de syndrome de stress post-traumatique. Sa mort est-elle un suicide ou pas ? Rebecca et son équipe vont mener l'enquête, sensible par le sujet. Les blessures ne sont pas toujours visibles, d'où le titre d'ailleurs qui est parfait ici.
En parallèle, on suit une seconde enquête, que l'on a commencée dans les précédentes histoires, celle de l'affaire du tueur au marteau, cet homme que l'on a connu dans les enquêtes d'avant, qui tue des femmes en écrasant au marteau leurs mains. Aucun indice sur ces meurtres, les recherches piétinent. Pourquoi le meurtrier s'est-il abstenu de crimes pendant plusieurs années ? Qu'a-t-il pu arriver dans sa vie pour qu'il fasse cette coupure ? Et pourquoi a-t-il repris ? de façon assez acharnée en plus. Quels sont ses raisons, s'il peut y en avoir une pour être aussi cruel ! Bref, l'équipe de Rebecca a pas mal de fil à retordre avec ces deux enquêtes.

Isabelle Villain parle à travers ces personnages et ces crimes de sujets de société importants, comme le stress post-traumatique, un mal qui a été longtemps tabou et dont on parlait que très peu. Ces hommes qui sont partis à la guerre et qui reviennent traumatisés par ce qu'ils ont vécu, souvent lorsqu'ils ont dû tuer des enfants pour survivre eux-mêmes. Les valeurs humaines sont bafouées et il est très difficile de vivre avec toutes ces images. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure parle de ça, avec beaucoup de sensibilité et sans fards.
Les personnages sont toujours aussi bien traités, avec leurs qualités et leurs défauts. Et ça j'aime. J'aime quand ils ne sont pas lisses, qu'ils ont des égratignures, des blessures, mais aussi de belles convictions qui les font se tenir le plus droits possible. Je les ai tous appréciés, Tom, la famille d'Antoine, et les autres enquêteurs. Une mention spéciale pour Mélina, cette jeune inspectrice de l'équipe. On en apprend plus sur elle et sa vie privée, ses difficultés pour avoir un enfant, puisqu'elle est lesbienne et mère célibataire. Elle m'a touchée énormément, je trouve surtout très intéressant que des sujets sociétaux comme le mariage pour tous apparaissent dans les romans, soient traités avec leurs points positifs comme négatifs.

Et bien sûr, tout cela sublimé par la plume et le style de Isabelle Villain qui, au fur et à mesure des romans, deviennent de plus en plus matures et aboutis. Les phrases courtes au moment des scènes policières donnent ce suspense et ce rythme indispensables à la lecture d'un thriller. Les descriptions sont présentes, mais tout en finesse, sans lourdeurs. Pareil pour les explications des thèmes abordés, elles permettent d'enrichir le texte et donc la lecture. Je me suis encore beaucoup attachée à Rebecca et à tout ce petit monde qui gravite autour d'elle. Et pourtant, le choix narratif de l'auteure n'est pas celui que je préfère pour rentrer dans la tête du héros, puisque c'est écrit à la troisième personne du singulier. Je suis d'habitude plus sensible au « je » qui me permet de rentrer au plus près dans la tête du personnage principal. Et malgré tout, ici, je me suis sentie très proche de Rebecca, je l'ai regardée évoluer comme si je me tenais à côté d'elle, comme si j'étais sa bonne copine à qui elle racontait tout, ses pensées, ses joies, ses peines. Une personne que je suis triste de quitter à la fin de ce quatrième roman passé avec elle. J'avoue, ça a été difficile de terminer cette histoire car je n'avais pas envie de laisser Rebecca et toute son équipe. D'ailleurs, ce quatrième opus voit la conclusion de l'enquête du tueur au marteau, et je peux vous dire de vous préparer et de bien vous accrocher à vos fauteuils, car la résolution dépote. Ouah ! Quelle claque, vraiment ! C'est rare que j'emploie ce mot dans mes avis, je le trouve toujours un peu excessif, mais là, il colle parfaitement à mon ressenti. L'identité du tueur m'a complètement bluffée et glacée les sangs. Et comme à chaque résolution, ça me donne envie de relire ce roman et le précédent, Mauvais genre, pour tout voir avec un oeil neuf et en connaissance du meurtrier. Car, ce n'est pas spoiler, on sait très vite, dès le départ, que le tueur au couteau serait une personne qui connaitrait très bien Rebecca. Et donc, bien évidemment, j'ai porté mes soupçons sur certains proches de l'inspectrice, mais j'étais loin de me douter de son identité...je suis restée sur les fesses...

Bon, je pense que vous l'aurez compris, j'ai passé un très très bon moment avec ce dernier opus de Isabelle Villain. Vous pouvez lire ce quatrième avant Mauvais genre, il vous manquera certaines informations sur les caractères des personnages, mais il est possible de le lire sans avoir lu les autres. Si vous lisez Mauvais genre après, vous aurez l'avantage de connaître l'identité du tueur au marteau et cela peut donner un autre oeil à la lecture.
Ce qui m'attriste le plus, c'est que je me demande s'il y aura de nouvelles enquêtes de l'équipe de Rebecca. La résolution de cette affaire qui a été une sorte de fil rouge me fait me demander s'il y aura à nouveau d'autres histoires avec ces personnages que j'apprécie énormément. Mais bon, quelque soit le choix de Isabelle Villain, je continuerai de la lire et de la suivre, j'aime tellement son style, sa façon de raconter une histoire et de tenir en haleine son lectorat que je ne pourrais pas faire autrement que la lire. Et si en plus, elle est publiée aux éditions Taurnada, je saurais que c'est gage de qualité.

Je vais arrêter d'être bavarde, mais quand j'aime, j'ai du mal à m'arrêter ! Bien sûr, je vous recommande vivement les romans de Isabelle Villain, et celui-ci en l'occurrence. Un gros coup de coeur pour moi. J'ai déjà hâte de la lire à nouveau ou de lire un nouveau thriller de Taurnada...
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J'ai essayé de décortiquer chaque ligne de ce roman, de lire chaque morceau de phrase pour en saisir l'essence, parce que je voulais en capter tous les tenants et les aboutissants. Bref, j'ai eu l'impression de retourner à la fac et de faire une lecture analytique du texte... à la différence près que cette fois, le texte m'intéressait.

Dans cet opus final, l'auteure règle, de façon radicale, toutes les questions restées en suspens dans Mauvais Genre.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman a rempli toutes les attentes que j'avais à son égard... avec une petite touche en plus qui le place, à mes yeux, vraiment au-dessus de Mauvais genre.
Le pitch de quatrième de couverture promettait un "final explosif" ; pour ma part c'est davantage un final "incroyablement sensible" (certes, c'est moins vendeur comme formule...) que je retiendrai.

Je ne souhaitais évoquer que brièvement les points qui ont d'ores et déjà été soulevés par les chroniques sorties précédemment, chroniques que je rejoins unanimement sur la quasi-majorité des points, et qui notent des qualités d'ores et déjà perceptibles dans Mauvais genre. (note ajoutée en relisant le retour après l'avoir écrit : et bien évidemment, comme toujours et sans surprise, le "brièvement" s'est transformé en "méga-longuement"...)

Alors oui, ce roman est toujours écrit avec une précision chirurgicale, qu'il s'agisse de la narration ou des dialogues. Un style précis et travaillé, visuel mais pas que, propice à la concision. Un rythme maîtrisé, peut-être encore plus abouti qu'avant. Résultat : à la lecture, ça coule comme du bon miel... Rien ne vient interrompre la rencontre du lecteur avec l'histoire car tout s'articule fluidement, tous les éléments s'emboîtent avec précision et justesse.

Oui, bien sûr, les personnages sont toujours excellemment campés, avec une Rebecca montrée sous son jour le plus sombre et écorché mais aussi le plus fragile, à laquelle je me suis encore davantage attachée, mais également d'autres personnages, si multiples qu'il est impossible de tous les énumérer. Je me limite volontairement au terme de "personnages" car le qualificatif "secondaires" ne conviendrait définitivement pas ici : tous sont essentiels. C'était déjà palpable à la lecture de Mauvais genre, dans une certaine mesure, mais c'est encore plus flagrant ici. Chaque personnage a sa raison d'être et d'intervenir, chacun apportant une part d'humanité et d'épaisseur aux autres. D'autres encore, totalement extérieurs à l'intrigue policière en soi, tirent leur épingle du jeu en apportant une dimension supplémentaire au roman. Et tout ça en si peu de pages... (oui, pour moi c'est peu pour un polar... #teampavés)

Oui, encore une fois, l'auteure aborde avec brio un sujet grave et original, sans jamais tomber dans le déballage informatif ou la prise de position. Cette fois, c'est le SSPT (le Syndrome de Stress Post-Traumatique) parmi les militaires qui est sous le feu des projecteurs, une thématique rarement exploitée dans le polar. Mais, malgré le développement très minutieux de cette intrigue sur le suicide du Major Maraval, le Tueur au Marteau et sa fascination pour Rebecca ne sont jamais très loin...

Et enfin, oui, oh que oui, la révélation quant à l'identité du tueur est fracassante, même si pour ma part j'ai commencé à avoir un soupçon à partir du premier tiers du roman... mais c'était un soupçon évasif, né d'une déduction par opposition. Alors forcément, quand j'ai su le fin mot de l'histoire, pardonnez-moi l'expression mais j'étais quelque peu sur le popotin... Et pourtant, ce n'est pas cette "fin-là" qui m'a le plus chamboulée, bouleversée.

Il y a un aspect de ce roman sur lequel je suis étonnée d'avoir lu si peu, car il lui donne à mes yeux toute sa tessiture, toute sa singularité, et l'ont fait rentrer dans cette catégorie très fermée des romans que je suis sûre, à moins de choper un bel Alzheimer, de ne jamais oublier. Bien sûr, tous les points évoqués ci-dessus sont importants, mais n'est-ce pas au final ce que l'on attend d'un bon polar ? ... Les ingrédients de base avec lesquels il est possible de jongler, mais au risque soit de sublimer, soit de bousiller la recette. Et puis, parfois, il y a cet ingrédient unique, la petite touche perso du chef, le supplément qui enchante et fait frétiller les papilles. Cet ingrédient, on en a tous un fétiche, qu'on réutiliserait dans tous les plats si on le pouvait ou presque. Pour ma part, j'attends toujours d'un policier/thriller, telle une gamine devant le sapin de Noël un 25 décembre au matin, ce que je retrouve encore trop bien peu à mon goût : que l'histoire porte en elle une part de vie et de quotidien. Et là... j'ai été exaucée comme rarement. Parce que Blessures Invisibles est écrit d'une façon telle que l'histoire transcende sa fonction de vie de papier. Les émotions des personnages, leurs questionnements, le monde dans lequel ils évoluent sont plus vrais que nature... car ils sont réels. Humains, incarnés. Définitivement, c'est le mot qui qualifie sûrement le mieux ma lecture : Humanité. Ce monde de blessures invisibles, c'est le nôtre, et ces personnages, c'est nous. On peut tous se reconnaître dans l'un ou plusieurs d'entre eux, parce qu'ils évoluent dans le même univers que nous, partagent nos références culturelles et historiques et ont évolué avec elles.

Isabelle Villain a en effet distillé, tout au long de son roman, des références à des événements marquants de ces dernières décennies et à des thèmes de société encore très débattus, vus et interrogés par le regard de ses personnages.

Une scène, très anecdotique en fin de compte, qui n'a rien à voir avec l'intrigue policière, m'a tiré la larme. C'est venu en une déglutition, alors que je ne m'y attendais pas du tout ; c'est monté en moi d'un coup, ça m'a pris à la gorge et ça m'a balayée. Balayée de réalisme, de justesse. Voilà, c'est dit, et c'est d'autant plus surprenant que les romans ou les films qui ont réussi à produire cet effet-là en moi, je peux les compter sur les doigts d'une main. En soi, ça ne fait pas avancer l'histoire policière, mais ça aide à l'incarner, et on oublie trop souvent l'importance de ces petits détails. C'est d'autant plus un exercice difficile que de trouver le bon ton pour se livrer à ce genre de risque en tant que romancier ou scénariste... car oui, la prise de risque est réelle : on peut vite renvoyer une impression de colmatage artificiel, la sensation d'un petit théâtre aux décors surfaits en carton-pâte. Là, je le dis en toute honnêteté et en prenant la mesure de ce que cela signifie car je n'emploie pas souvent le mot : le dosage est parfait, qui plus est compte tenu du nombre de pages du roman. Au-delà de la plus-value artistique, c'est peut-être enfin ce que l'auteure pouvait rendre de plus beau aux policiers du réel : montrer qu'ils ne sont pas que flics.

Les étals des librairies regorgent de ces polars dans lesquels on montre des flics à 100% focus sur leurs enquêtes, comme si leurs vies ne se limitaient qu'à cela. Ils ne mangent plus, ils ne dorment plus, ils ne font plus popo, ils n'aiment plus : ils enquêtent. Alors oui, mais non. Dans la vraie vie, les policiers, en tant que bonnes machines qu'ils ne sont pas, n'ont pas que leurs enquêtes à gérer. Ils doivent également jongler avec leurs états d'âme, les blessures, leurs humeurs, leurs problèmes de coeur et leurs problèmes de cul, leurs mômes capricieux et leurs ados insupportables, les repas de famille qui tournent mal, mais aussi leurs joies et leurs rêves alors qu'ils sont confrontés à un monde qui ne laisse pas place au bonheur qu'on laisse exploser... par décence vis-à-vis des horreurs croisées ? Les flics ne sont pas des Flics ; les flics sont des êtres humains qui ont choisi pour métier celui de policier. C'est un métier si prenant qu'il en vient à les définir, mais il ne faut pas en oublier le reste pour autant. Ces hommes et ces femmes sont faillibles, ils sont aussi forts que fragiles, comme tout un chacun. Ils vivent juste dans un monde intense, au sens le plus fort que puisse revêtir cet adjectif. Alors je crois réellement que Blessures Invisibles est une sorte d'hommage à ce monde-là, à sa réalité derrière les idées reçues et les façades, et que s'il n'avait pas vocation à l'être au départ... eh bien c'est encore plus beau, encore plus juste que ce que je pensais...
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J'ai découvert les éditions Taurnada en fin d'année dernière et à chaque lecture, je suis surprise par la qualité de l'écriture des thrillers proposés. Dans « Blessures intimes », qui sort aujourd'hui, jeudi 9 janvier, on sent un travail documentaire approfondi de la part de l'auteure et personnellement, j'apprécie d'acquérir des connaissances dans des domaines divers, tout en étant captivée par l'intrigue du récit.

Celui-ci débute sur un assassinat mystérieux : le major Maraval est retrouvé mort d'une balle dans la tête dans son salon. La disposition du corps et des éléments du domicile laissent d'abord penser à un suicide ; mais cette thèse ne tiendra vraiment pas longtemps. En remontant dans le passé du militaire, Rebecca, commandant de Lost, brigade criminelle, va découvrir l'existence d'un trouble psychique diagnostiqué depuis peu : le trouble de stress post-traumatique, encore peu connu, il fait dire aux hommes touchés : « Vous vous sentez coupables, lâches, dégonflés? Vous avez tort. Votre blessure est invisible aux yeux du monde extérieur. » Maraval en souffrait depuis son retour d'une mission au Mali. Cette maladie, qui a profondément modifié le comportement du militaire, est-elle à l'origine de l'assassinat du major Maraval ?

L'équipe du Lost va avoir bien des difficultés à interroger les membres de l'armée, soumis au secret professionnel le plus strict. Personne ne parle.

En parallèle, Rebecca doit aussi s'occuper d'un meurtrier en série, « le tueur au marteau », qui a sévi en 2008 - 2009, et qui vient « reprendre du service » dans les quartiers de Paris, en cette année 2016. L'enquêtrice est sur les nerfs. Elle n'a pas réussi à l'arrêter naguère et elle sent la pression de ses supérieurs peser sur ses épaules.

J'ai aimé la psychologie du personnage de Rebecca, sa complexité, ses hésitations, ses doutes, son instinct, qu'elle a parfois du mal à suivre ; la relation qu'elle a avec les différents membres de son équipe et le cran qu'elle a face à ses supérieurs, au nom de la déontologie.

Son regard ironique envers les autres femmes m'a fait sourire aussi : « La femme au foyer, riche héritière, qui n'a jamais eu à travailler de sa vie, c'est tout de même beaucoup moins glamour qu'une commandante du 36 qui jongle avec des cadavres et tout le gratin de la police judiciaire. »

Une enquêtrice que j'ai regretté de ne pas avoir rencontrée plus tôt dans « Mauvais genre » (il faut que je me rattrape !) et que j'espère retrouver prochainement sous la plume adroite et captivante d'Isabelle Villain !
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes des machines surentraînées. Des machines formées à dormir n’importe où, n’importe comment, dans des trous, les bras croisés sur la poitrine, les yeux grands ouverts, priant pour qu’un ennemi ne vienne pas nous égorger en pleine nuit. La tête recroquevillée dans les genoux au plus profond de la jungle sous une pluie torrentielle, ou bien dans la soute d’un avion, bringuebalés par les turbulences et prêts à sauter sur un objectif inconnu, en pleine obscurité. Dormir, c’est vivre. Les états d’âme sont à ranger au fond des placards.
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La voix de Freddie Mercury et celles de ses trois musiciens résonnent a cappella dans le salon vide.

Is this the real life ?
Is this just fantasy ?
Caught in a landslide
No escape from reality…

Bohemian Rhapsody, c’était leur chanson. Ils la chantaient à tue-tête en voiture, devant la glace de la penderie, dans les soirées karaoké. Ils la chantaient lorsque l’un d’eux avait un petit coup de blues, ou lorsqu’ils venaient d’apprendre une bonne nouvelle. Cette chanson, c’était la vie. Leur vie. Nostalgique, électrique, envoûtante, pop, rock, Bohemian Rhapsody demeure tout simplement un chef-d’œuvre intemporel.
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Mais toute cette nouvelle technologie lui est totalement étrangère. Son index est sur le point d'appuyer sur la touche verte du téléphone lorsqu'elle ressent une sorte de piqûre au niveau de la nuque. Une petite décharge électrique, puis le trou noir. Ses muscles se tétanisent instantanément. En quelques secondes, son corps ne lui appartient plus. Elle aperçoit un bras qui s'approche pour l'enlacer. Impossible de crier. Impossible d'émettre le moindre son. Elle comprend parfaitement ce qui est en train de se passer, mais ne peut absolument rien faire. Prisonnière de son propre corps, pas à pas, en compagnie de...
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Il y a quelques jours à peine, nous avons atterri à Bamako, sous les hourras d’une population en liesse, agitant avec frénésie des dizaines de drapeaux tricolores.
Puis, ce fut la libération de Tombouctou et de Gao, sans qu’aucune balle soit échangée, ou presque. Les rebelles djihadistes appartenant au groupe AQMI ont rapidement déserté les grandes villes pour se réfugier au nord du pays.
Une guerre éclair pour les médias ! Un succès pour l’armée française. La réalité est bien différente.
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L’équipe n’a pas le cœur à la fête, mais elle a décidé de célébrer la fin de cette année 2016 ensemble. Une annus horribilis, comme la décrit Cyril Bonaventure, l’adjoint de Rebecca. En moins de six mois, le groupe a vu réapparaître sur le devant de la scène un tueur en série qu’il croyait avoir mis derrière les barreaux huit ans auparavant ; et une bipolaire maniaco-dépressive a enlevé Rebecca et assassiné froidement Antoine Atlan, leur ancien collègue.
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Videos de Isabelle Villain (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Villain
« In vino veritas », le booktrailer. Un roman de Magali Collet & Isabelle Villain.
Lors d'un vernissage, une galeriste est assassinée. Secrets, mensonges et trahisons vont secouer la quiétude d'une petite commune en plein coeur du vignoble bordelais. Et lorsque deux frères se retrouvent après des années de séparation, la liberté de l'un va dépendre de la détermination de l'autre.
Un thriller psychologique délicieusement machiavélique.
Roman disponible le 11 mai 2023 (papier & numérique).
Infos & précommande ici https://www.taurnada.fr/ivvmciv/
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