AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JeanAugustinAmarDuRivier


Merci bien Monsieur Cédric VILLANI de vous être prêté à ce jeu de la présentation de votre métier de mathématicien d'une façon pertinente et propre à susciter un attrait auprès de jeunes talentueux.
En effet, Monsieur le Député, vous soulignez que la médaille FIELDS à la particularité d'être une marque de reconnaissance de vos pairs. Une clef qui ouvre des perspectives et non pas la consécration tardive d'une carrière comme le prix ABEL.

L'étude de cas qui nous est présentée est riche d'enseignements.

L'un de ceux-ci est que mathématicien est aussi un métier dont on peut vivre avec sa famille. Ce n'était sans doute pas le cas à une autre époque, pour Pierre de FERMAT, Blaise PASCAL ou d'autres scientifiques éminents comme Joseph FOURIER , la famille BERNOULLI et, plus prêt de nous, Albert EINSTEIN. Quoi que , au XVIII siècle, sous l'influence d'Isaac NEWTON, des mathematiciens, comme Leonard EULER, devenaient des professionnels de la résolution de problème d'après Simon SINGH dans "Le dernier théorême de Fermat". Pour illustrer, c'était le cas du problème vital de la détermination des longitudes avec sextant et tables lunaires. L'établissement de tables de navigations suffisamment précises nécessite une approche du problème à trois corps Terre, Lune, Soleil où EULER brilla par la méthode des algorithmes. Ceci est donc un fameux précédent historique des liens entre des questions de mathématique fondamentale et des problèmes techniques ou physique. Théorème vivant raconte une aventure qui s'inscrit dans cette tradition.

La mathématique est alors perçue comme un art où l'ensemble des gestes précis concernant une pratique maîtrisée (un métier) entre la science théorique et la pratique spontanée. En effet, le PhD semblerait un point de départ nécessaire de nos jours, pour devenir un jeune chercheur, une jeune chercheuse apprenant le métier puis devenant autonome et apte à diriger les recherches. En ce sens, il y aurait une analogie entre le mathématicien et l'artisan musicien que fut Jean Sébastien BACH en son temps.

Nous apprenons que ce métier est lié au Beau, à la transcendance et à la transgression dans la lignée du dialogue de Phèdre de Platon. Ce livre nous aide à démythifier les avancées scientifiques qui sont bien menées par des êtres humains vivants dont l'attelage composé d'un cheval blanc et d'un cheval noir n'est pas toujours aisé à conduire. Cédric VILLANI par son récit captivant illustre les propos de Thomas EDISON : "Soyez tenace : le génie, c'est 10% d'inspiration, 90% de transpiration."

Remarquez aussi comment l'auteur nous décrit son utilisation du screening and diving dont sa capacité à plonger vers l'objectif et à d'oublier le reste après avoir identifier un point qu'il décide être digne d'intérêt.

En passant, Cedric VILLANI nous montre qu'il y a des contributeurs divers dont les résultats trouvent aussi des applications très concrètes. TeX de Donald KNUTH a notablement amélioré l'édition des formules. A l'origine, le Web de Tim BERNERS-LEE facilita considérablement le partage de document

Une autre leçon est que Cédric VILLANI, au long de sa vie professionnelle, s'est mis en capacité de pouvoir rendre compte de son activité factuellement, preuves à l'appui et de réfléchir pleinement par lui-même. Un aventurier, un capitaine tiennent toujours un carnet de bord.

Un passage de Théorème vivant a particulièrement retenu mon attention, je cite : "Dans les années 50, une révolution scientifique s'est produite quand on a compris que, pour explorer un système trop riche en possibles, il est souvent préférable de s'y déplacer au hasard, plutôt que de le quadriller méthodiquement ou d'y choisir des échanges successifs de manière parfaitement aléatoire... C'est une exploration par marche au hasard... C'est pareil dans la vie". Cette manière d'explorer un continent scientifique puis un autre serait une clef pour trouver des relations profondes adéquates.

Un autre passage, je cite "Pour dénicher de nouvelles musiques, il ne faut négliger aucune piste... En recherche, c'est pareil: on explore tous azimuts, on est à l'affût, on écoute tout, et puis de temps en temps on a un coup de foudre et on se lance corps et âme dans un projet, on se le répète des centaines et des centaines de fois, et plus rien d'autre ne compte, ou si peu."

Et le travail d'équipe ? Tout au long de l'ouvrage, l'auteur nous convainc que la recherche est faites d'échanges et aussi d'un travail d'équipe. le mathématicien diagnostic, prescrit et opère avec les membres de son équipe. Il participe activement.

Une devise que ce grand mathématicien pourrait faire sienne, en s'inspirant d'une citation de Nelson MANDELA : "Je ne me perds jamais, soit je trouve, soit j'apprends"

Bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}