Depuis que ma petite sœur mange de la viande crue, nos vacances se sont un peu compliquées.
Mon père est écrivain sous le nom de VanZan, c'est à dire qu'il n'a pas véritablement de vrai métier. Il reste à la maison, cuisine, mange des sandwiches à la viônde, fait en toutes circonstances des jeux de mots passables/douteux/médiocres/brillants, lit des romans américains et des essais anarcho-communistes, ou Wikipedia ou des sites de foot et passe son temps à inventer des histoires qu'il nous raconte et qu'il décide de ne pas écrire. Quelquefois, il publie également des histoires de garçons qui se transforment en ours quand ils saignent du nez ou de jeunes filles poursuivis par des policiers corrompus sur des réseaux sociaux. Nous, forcément, on les aime bien, mais le plus effrayant, c'est que pas mal de gens achètent ses romans et ont l'air des les apprécier également. Du coup, il est parfois obligé de s'absenter ponctuellement pour rencontrer ses éditeurs ou des lecteurs, ce qui le fait râler. Il dit dans ce cas qu'il est traîne-savates et que c'est beaucoup de travail.
Le thé est noir. La situation, également. Cette coïncidence serait presque troublante, si nous n'étions présentement proustiens.
Quand on arrive à la descente en pente assez douce mais pentue quand même (et orientée nord-nord-ouest) qui débouche sur le vaste horizon marin immuable et beau, masse métallique et froide aux mouvements pendulaires inspirés de l’astre lunaire sous le ciel encré de lueurs vespérales purpurines inspirant au poète des plaintes déchirantes vibrantes de poésie lyrique sur le temps qui s’enfuit quoique en alexandrins, je dis :
- La Mer !!
Louve crie : - La Mer !!
Louisette dit : La Mer !!!
Sarouchka dit : « Vaste horizon marin immuable et beau, masse métallique et froide aux mouvements pendul… »
On dit : - Ta gueule !!!
Je m’élance sur la pente.
Louve s’élance sur la pente.
Sarouchka s’élance sur la pente.
Louisette s’élance sur la pente.
Je me gaufre dans la pente.
J’effectue un triple axel avec double louft vrillé-piqué, deux tonneaux, un tête-à-queue, et je m’étale. Comme une bouse.
Théoriquement, lors de la tentative de sortie, le premier qui meurt, c'est le noir jovial, puis le plus haut gradé du commando, puis la blonde healthy coiffée en brosse puis le scientifique machiavélique mais repentant... la seule qui s'en tire et revient au QG, c'est la fille en minishort avec des super longues jambes, des gros seins et un riot gun, accompagnée par le random guy qui l'aime secrètement
Nous analysons assez longuement les sous-entendus linguistiques sous-jacents à l'exégèse de cet échange dialogué sans didascalies toutefois.
" - Homme libre, toujours tu chériras la mer...
- TA GUEULE ! "
" Depuis que ma petite soeur mange de la viande crue, nos vacances sont un peu compliquées. "
Théoriquement, lors de la tentative de sortie, le premier qui meurt, c'est le noir jovial, puis le plus haut gradé du commando, puis la blonde healthy coiffée en brosse puis le scientifique machiavélique mais repentant.