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Critique de lilicrapota


Ce roman, paru en mars 2021, a remporté le prix du roman d'écologie, et c'est amplement mérité. J'avais déjà pas mal lu de romans jeunesse (oui, car il est classé en jeunesse !!!!) qui sont des fantasy/fantastiques mêlées à une fable écologique (les « Sylvaners » de Jennifer Dalrymple, « Tobie Lolness » de Timothée de Fombelle pour ceux qui m'ont bien plu) ; j'avais aimé certains romans qui traitaient justement de l'autonomie de l'homme dans le milieu naturel, de la recherche de l'autarcie, même si parfois cela doit mal finir (« Into the wild » de Jon Krakauer, et les excellents « My absolute darling » de Gabriel Tallent ou « Dans la forêt » de Jean Hegland) ; et pour finir, ces dystopies qui s'appuient sur le rêve politico-idéaliste d'une société rendue meilleure par le recours à des valeurs « primaires » mais surtout humaines, par ces livres qui nous guident et peuvent changer le monde, tout à fait « Minuit sur le monde » de Jules Pétrichor.

Eh bien voilà, ce livre est le plus parfait aboutissement de toutes ces lectures précédentes. Dans le propos, dans le fond, dans la forme, dans l'extrême complexité de l'intrigue dont pourtant, on ne perd pas le fil une seule seconde, malgré la poésie inhérente au style, malgré l'abondance des personnages, malgré la géographie changeante et la chronologie bousculée. C'est dire !

L'histoire, en tout cas celle qui sert de prétexte au roman, c'est celle de trois enfants de la forêt qui sont enlevés par des braconniers. Autour de ce départ d'histoire, c'est une véritable toile d'araignée qui peu à peu, déroule sa toile, ses noeuds, ses multiples embranchements, et plus on avance dans la toile et plus la vision que l'on nous offre est complexe (mais complète).

Car l'histoire, l'histoire de base, dure en réalité 3 jours, pas plus. Mais les va-et-vient chronologiques oscillent entre 2022 et 2061, et là est la grande réussite de l'auteur : pour construire son récit, il part des réalités d'aujourd'hui (grenelles de l'environnement, mépris des jeunes, raréfaction des matières premières, coût du pétrole, entassement des gens dans des banlieues surpeuplées, vidéo-surveillance, violence affleurante, tout le temps, partout). Et là, un roman écrit en 2024, un appel à faire sécession, vient changer la donne : un mouvement naîtra, un désir de vivre autrement, en autarcie (ou presque), dans l'amour et l'amitié, loin des villes et de l'aliénation des possessions et du pouvoir.
Nous suivrons donc, durant presque 40 ans, les itinéraires de ces jeunes gens animés par le désir profond de construire autre chose, nous apprendrons peu à peu à tisser les liens qui unissent les personnages les uns aux autres (chut… je n'en dis pas plus), sans perdre de vue les autres, ceux des villes, les braconniers, les gars de la brigade des POACHERS, les ermites, les paysans, les gens du hameau, bref, cette myriade d'humains déployés dans la forêt (une forêt en Dordogne), théâtre central de l'action.

Plus de 500 pages pour ce roman qui se lit d'une traite, grâce à ses courts chapitres, son rythme soutenu, les changements récurrents de narrateur et d'époque, et qui laisse en bouche le goût des réflexions sur ce qui s'annonce… ou pourrait s'annoncer si prochainement 😉
Magnifique réussite !
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