Je dois dire que je commençais ce livre avec quelques appréhensions : on m'avait prévenue qu'il s'agissait d'un tome essentiellement descriptif, centré surtout sur la description plutôt que sur l'action. Et ça me faisait vraiment peur, puisque c'est précisément pour cette raison que je n'ai jamais réussi à lire le Seigneur des Anneaux (et pourtant Dieu sait que j'ai essayé !) Mais je me suis quand même lancée, vaillamment, et il s'est avéré que j'avais eu peur pour rien, finalement.
Bon, je mentirais en disant que ça a été facile dès le début. Dans les premiers chapitres, j'ai eu un peu de mal à assimiler tous ces personnages, leurs fonctions, leurs relations, etc. D'ailleurs même à la fin, j'avais parfois encore quelques difficultés à resituer certains personnages secondaires. Mais rien de bien grave. En plus, il y a même un petit glossaire pour s'y retrouver (sauf qu'il est à la fin du livre, du coup je n'ai découvert son existence qu'à la fin de ma lecture et il ne m'a pas servi à grand-chose. Mais il est là quand même, c'est important de le noter).
Les longues descriptions en revanche ne m'ont posé aucun problème, pourtant je suis loin d'en être fan habituellement. Mais le premier métier de
Magali Villeneuve est illustratrice, et ça se ressent dans sa façon d'écrire : ses descriptions sont si imagées et d'une telle minutie qu'on a vraiment l'impression d'avoir les lieux, les objets ou les personnages devant les yeux. C'est une plume qui vous envoûte et vous transporte dans son univers doucement mais sûrement, sans même que vous ne le réalisiez. Je ne me suis rendue compte que j'étais sous le charme que vers le tiers du roman, au moment où un personnage frôle la mort et où je me suis dit « Hein mais non mais c'est pas possible, JE VEUX PAS QU'IL MEURE !! » Mais je pense que le charme avait opéré bien avant déjà, il l'avait juste fait à mon insu.
Je pense qu'il vaut mieux se glisser dans L'enfant Merehdian en en sachant le moins possible sur la trame de l'histoire, c'est pourquoi je ne vais pas m'appesantir dessus. Juste, en quelques mots : nous nous trouvons dans un univers découpé en cinq territoires : les Endérines, les Gamarides, le plateau Agrevin, les plaines de Tilh et les Giddires. Tous ces territoires, à l'exception du dernier sont protégés par des remparts contres les hostiles brumes extérieures. Ce sont les Arpenteurs qui sont chargés d'assurer des tours de garde sur ces remparts. de quoi protègent-ils exactement, on n'en sait rien, puisque les brumes ne sont pas une menace à proprement parler, mais quoi qu'il en soit, devenir Arpenteur est le moyen le plus rapide pour monter dans l'échelle sociale. Parmi les hommes occupant cette fonction, on trouve Cahir, seul Giddire en territoire Agrevin, constamment victime du racisme et de brimades en raison de son apparence et de son état d'esprit très différent de celui des locaux. Néanmoins, il développe une forme d'amitié avec Ghent, le fils du Haut-Capitaine (la plus haute position militaire).
Ce premier tome est essentiellement consacré aux portraits psychologiques des personnages et au développement des relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres. C'est un énorme travail qu'a fourni là l'auteure. Tous les personnages sont fouillés en profondeur, autant dans leurs bons côtés que dans leur noirceur. Et c'est aussi ça que j'ai apprécié, le fait qu'aucun ne soit tout blanc ou tout noir.
Il y a beaucoup de personnages dans ce roman, mais si je ne devais en retenir que quelques uns, il y aurait sans aucun doute Cahir, qui m'a plu pour son côté rebelle et sauvage mais qui m'a également beaucoup touchée par la fragilité qu'on ressent même s'il essaie de la dissimuler. Apprécier Cahir m'a fait du même coup apprécier Melgar Cenerianh, le Haut-Garde qui l'a recueilli quand il était enfant, puisque la relation entre les deux est vraiment très belle et très touchante. Je nommerai également Reghia dans la liste des personnages que je retiens, cette fille d'un riche et puissant marchand des plaines de Tilh est beaucoup plus forte et a beaucoup plus de caractère que ce qu'il n'y paraît au premier abord. Enfin, j'accorderais aussi une place à Feor, un paysan Gamaride dont le rôle dans l'histoire est encore flou mais dont le caractère m'a beaucoup plu et m'a beaucoup fait sourire.
L'enfant Merehdian n'est pas un roman qui se lit vite, puisqu'à aucun moment vous n'êtes emporté par l'action, mais c'est un roman qu'on prend plaisir à lire lentement, en savourant chaque ligne. Si le début a été un peu difficile, ça vaut vraiment le coup de s'accrocher dans les premiers chapitres, le temps que le charme opère. D'ailleurs, ces petites difficultés initiales ne m'empêcheront pas d'accorder la mention coup de coeur à ce roman qui m'a transportée et m'a laissé un petit sentiment de vide une fois refermé. Et maintenant que les présentations sont faites, ce ne devrait être que pur plaisir de lire les tomes suivants (qui, si je ne dis pas de bêtises, seront au nombre de cinq).
Je vous le recommande si : vous êtes amateur de fantasy et si les longues descriptions et l'absence d'action ne vous font pas peur.
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