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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Henni a 8 ans et sa vie bascule brutalement avec une fuite éperdue devant un drame qui frappe sa famille, drame qu'elle ne comprend pas.
Angélique Villeneuve qui m'avait déjà régalé avec La belle lumière, m'emmène cette fois, sous Les ciels furieux, dans un village d'un pays de l'est de l'Europe. Des brigands surgissent subitement dans la maison de cette famille juive tranquille. Comme le note l'autrice, la mère « couve ou se remet de ses couvaisons », cela signifie qu'elle enchaîne les grossesses et qu'elle nourrit ses bébés avant de les confier aux plus grands.
Zelda, justement, a presque trois ans de plus que Henni et elle compte beaucoup pour sa petite soeur. À 11 ans, elle s'occupe déjà de Iossif et de Kolia, deux jolis nourrissons. Quant à Henni, la voilà toute fière de se voir confier Avrom dès qu'il a fini de téter.
Saupoudré de nombreux termes en yiddish, le récit de cette fuite dans la neige et des souvenirs ayant marqué le début de la vie de Henni m'ont profondément ému. Si Henni et Zelda ont réussi à fuir l'horreur, il y a aussi Lev, le grand frère qui vit déjà sa vie et n'a pas les meilleures fréquentations.
Pour résister au froid, tenter de conserver un peu de confiance dans la vie, Henni a trouvé un moyen original en donnant à chacun de ses doigts le nom d'un membre de sa famille. Dans les moments difficiles, elle peut ainsi se raccrocher à une personne qui lui est chère.
Pendant cette fuite qui occupe vingt-quatre heures de la vie de Henni, les souvenirs affluent et cela permet de faire plus ample connaissance avec elle, avec sa famille et avec ses voisins.
J'apprends, par exemple, que son père, Arie Sapojnik, est un homme bon qui n'est pas craint par ses enfants. Par contre, la mère est soit indifférente, soit impériale…
Au cours de ma lecture, j'ai souffert du froid avec Henni dans la briquèterie, tremblé de peur lorsqu'elle entend des hommes approcher ou voit des femmes venir piller une maison déjà visitée par des brigands.
Angélique Villeneuve, contant, de son écriture toujours délicieuse et soignée, une histoire qui paraît simple, montre un vrai sens du suspense. Elle sait aussi rendre avec beaucoup de délicatesse les pensées qui agitent l'esprit de Henni car celle-ci est à la fois tourmentée et confiante.
Angélique Villeneuve que j'avais écoutée présenter Les ciels furieux aux Correspondances de Manosque 2023, m'avait donné envie de la lire à nouveau et ce fut une lecture émouvante durant laquelle inquiétude et douleur se sont mêlées, sans négliger quelques touches de poésie.
De plus, comme Henni ne manque pas d'imagination, l'autrice livre quelques scènes assez énigmatiques donnant une touche d'irréel au roman alors qu'elle a le mérite de mettre en évidence des drames, des pogroms qui ont trop souvent bouleversé des familles entières. La plupart du temps, les criminels agissaient en toute impunité avec, souvent, un pouvoir qui favorisait leurs agissements.
Enfin, attaché aux pas de Henni sous Les ciels furieux et de sa lutte pour la vie, j'aimerais tant lire la suite… Peut-être qu'Angélique Villeneuve

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Eh bien voilà, tardivement je découvre Angélique Villeneuve.. qui publie depuis 20 ans au moins et que je n'ai jamais lue auparavant. Beaucoup de retard à rattraper !!
ce livre vous saisit à la première ligne et ne vous quitte aps des jours après que vous ayez reposé le livre.. entre temps vous ne l'avez pas lâché, enfin si parfois pour respirer, relire une phrase, craindre le pire et caresser doucement cette petite Henni dont L Histoire vient de s'emparer et de saccager la vie.
Un pogrom dont le nom n'est jamais prononcé mais rendu de façon magistrale à hauteur d'enfant «  les hommes sont aussi entrés dans ses yeux » dans un shtetl d'un pays de l'Est non spécifié, en pleine campagne où l'atmosphère s'est alourdie récemment. Une vie simple dans un coin simple au coeur d'une famille simple composée des parents et d'enfants nombreux et tellement rapprochés que la mère semble «  couver » tout le temps et que les bébés sont ainsi répartis entre les deux fillettes âgées de 8 et 12 ans qui s'en occupent jour et nuit.
Crimes, violence, sang, course effrénée, cachette, silence et peur, peur immense que cela recommence, que cela dure. Planqués à 3, puis à deux, puis seule, Henni se retrouve face à l'impensable, l'innommable, l'inimaginable : avoir à survivre sans vraiment savoir qui craindre, qui rejoindre, ni surtout comment.
Sa tête pense toute seule et l'accompagne, souvenirs, imagination, bribes de vie d'avant, les petits frères, le «  sien », c'est beau, poétique, sublime parfois et l'horreur à chaque coin du bois !
Des «  je » , des «  on » les mots s'enchaînent comme les idées qui lui passent par la tête pour combler le manque de sa famille, de sécurité, de nourriture, de tout et vous devenez plus que spectateur, vous avez envie de l'aider sans savoir comment lui venir au secours.

Un livre qui va vous rester en tête longtemps si vous le choisissez !
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas été bouleversée par une si belle écriture.
Angélique Villeneuve nous plonge dans une enfance déchirée par un drame, une nuit dont on ne revient pas. Elle évoque la peur et l'horreur mais traverse les ténèbres de tendresse et de souvenirs naïfs et poétiques. Un vrai récit romanesque et beaucoup d'émotions.
J'ai très envie de me replonger dans son écriture et de découvrir d'autres livres.



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Henni est une petite fille de 8 ans, déjà écrasée par le poids des contraintes familiales de cette modeste famille juive: coudre, laver, s'occuper des bébés les plus jeunes … et puis un jour tout bascule.
La petite fille qui va vivre l'horreur vingt-quatre heures durant…
Et nous voilà dans la peau de Henni dont le quartier va être la proie d'un pogrom.
À travers son regard d'enfant, ce sont les horreurs de ces barbaries qui nous sont suggérées sans jamais être explicitement décrites.
Une écriture en clair obscur qui m'a beaucoup plu et m'a touchée.


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Mais quelle écriture !
Ce roman nous plonge dans l'enfance de Henni, 8 ans, juive et vivant dans un pays de l'Est. Elle raconte sa famille dont chaque membre a une place sur un de ses doigts des mains. La mère est physiquement là mais absente de son rôle maternel. Elle met au monde des enfants et cela l'épuise. Alors ce sont les filles qui s'occupent chacune d'un ou deux bébés. Elle se méfie de son grand frère, Lev, qui lui fait peur. Son père est bon et gentil, pas du tout comme les autres pères craints par leurs enfants. Dès l'âge de 4 ans, Henni est initiée aux tâches ménagères. Sa grande soeur, Zelda, lui apprend tout et lui sert de mère de substitution. Henni s'occupe de « son bébé », Avrom, avec amour, et Zelda, de deux bébés, Iossif et Kolia. Les deux soeurs se relaient les nuits.
On ne connaît donc pas exactement le lieu où se déroule cette histoire ni l'époque. En tout cas, on s'y déplace à cheval et il n'y a pas d'électricité. On comprend qu'il existe une forme de racisme envers les Juifs et que c'est certainement la raison pour laquelle sa famille est attaquée ce soir-là. Tout cela est vu à hauteur d'enfant avec des mots d'une enfant de 8 ans. Henni nous plonge dans son imaginaire, ses peurs et sa poésie.
Un soir donc, des hommes débarquent dans leur maison et les menacent. Lev, Zelda et Henni s'enfuient, courent dans la neige et se réfugient dans une briqueterie. le roman se concentre sur cette nuit de peur et de froid vécue par Henni qui se retrouvent séparée de sa soeur à moment donné. Elle doit décider de son chemin, réfléchir pour éviter les dangers et surtout elle essaye de comprendre ce qu'elle voit et cela est totalement incompréhensible pour une petite fille.
Ce texte est puissant et ne peut laisser indifférent. Il ressemble par moment à un conte. L'écriture est centrée sur les sens, sur ce que ressent Henni. J'avoue ne pas avoir tout compris et il y a un certain nombre de questions qui restent en suspens à la fin de ma lecture. En tout cas j'ai ressenti tout l'amour de Henni pour sa famille. Une petite fille attachante qu'on a envie de protéger. Tout au long du roman, on espère qu'elle retrouvera sa famille, sa maison, sa vie, même si rien ne pourra plus être comme avant et qu'on sait que l'innocence et l'enfance de Henni sont désormais derrière elle. Une prouesse littéraire très réussie et bouleversante qui résonne malheureusement avec l'actualité. Si vous aimez être bousculé par vos lectures, celle-ci est de cette trempe !
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé
La grâce, c'est ce qui caractérise l'écriture d'Angélique Villeneuve. Une nouvelle fois, elle enveloppe ses lecteurs de ses mots à la poésie ténue qui a la légèreté des fils d'une toile d'araignée tissée avec savoir et patience.
C'est ainsi que nous sommes à hauteur de cette petite fille, Henni.
« Henni et la peur de rien. Ça n'est pas un mensonge mais pas une vérité non plus. »
L'incipit cloue le lecteur sur place, par la violence insidieuse de l'indicible, une petite fille fuit et elle a charge « d'âmes ».
Dans cette fuite éperdue, Henni convoque tout ce qui a fait son quotidien avant la déflagration de l'inhumanité.
Tous ces fragments de vie sont autant d'éclats d'obus qui déchirent notre chair.
Le biais par lequel nous découvrons cette jeune vie fait penser aux contes, ceux qui nous faisaient peur et pleurer.
Henni est une petite fille sage et laborieuse au sein d'une famille qui vit en dehors du village, on sait d'instinct qu'ils sont parqués là, à l'écart.
Comme tout enfant que la vie malmène Henni est adulte avant l'âge, elle apprend vite tout ce qui peut améliorer la vie de sa famille, pas un instant d'innocence, d'insouciance.
Tout est menace.
« Elle apprécie plus que tout l'heure où dans la maison les choses se rencoquillent dans le ronron du silence. »
Après l'intrusion, Henni reconstitue par fragments tout le précieux de sa jeune vie, sa famille.
Avec elle, nous respirons cet air dense, nous entendons ces chuchotements qui n'annoncent rien de bon, nous enregistrons les regards sombres, les mines angoissées des adultes, la tension qui règne sur la communauté dont elle fait partie, cette chappe de plomb qui dit que l'horreur resurgit. L'Histoire, celle que les hommes font, n'apprend rien du passé.
Un livre au coeur de l'actualité qui montre l'urgence à réagir. Il n'y a aucune justification aux actes de barbarie, aucune.
Pas de lieu précis, de date, juste quelque part dans le vaste monde. Chaque jour nous voyons que la bête immonde est là.
Certains mots ne sont pas prononcés cette absence fait sonner clair les noms des pourchassés, témoins de vie.
Penser au ressenti de cette petite fille symbole de l'indicible :
« On n'est plus qu'une fille qui s'appelle Henni et on ne sait pas exactement ce que ça veut dire, comment on va s'en sortir avec ça puisqu'on n'a rien d'autre.
Il y a le voile à l'intérieur du crâne qui empêche de penser, et qui gêne, et qui pèse. »
Ne pas s'habituer à la barbarie et se sentir tous concernés, un voeu pieu ?
Merci Masse Critique Babelio et les éditions le Passage pour ce privilège de lecture.
©Chantal Lafon

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Quelque part en Europe centrale, Henni vit avec sa famille dans un « shtetl » où toutes les familles, juives comme la sienne mènent une vie simple vouée à l'agriculture ou au petit commerce. C'est le cas d'Arie Sapojnik, le père de famille très attentif à ses 4 puis 5 puis 6 enfants. Ce sont les deux filles Zelda, la grande soeur vénérée, et Henni dès ses 5 ans, qui gèrent la maisonnée. « Henni, elle, apprend sans école, elle a la confiance paternelle et elle a Zelda » La mère, toujours assise sur le fauteuil en bois ciré, « couve ou se remet de ses couvaisons ». C'est ainsi qu'Henni la décrit « soupirs et râles sont le langage des mères » car, à hauteur d'enfant on ne sait pas très bien qualifier cet état, si différent de celui des autres mères.
C'est un des éléments qui rendent ce livre si touchant : Henni, huit ans, a la parole du début à la fin bien que le récit ne soit pas à la première personne. Lorsqu'elle veut s'exprimer de façon personnelle l'autrice très habilement emploie le pronom « on », et le lecteur se sent encore plus touché par cette petite fille si intelligente, si dégourdie, qui fait face à tout. Après que le père a désigné le dernier né Avrom comme SON bébé, Henni est folle de joie de posséder quelque chose de vivant. Elle a tout en main pour savoir s'en occuper, sa soeur lui a tout appris. C'est peu après qu'elle a inventé la personnification de chaque membre de sa famille par les doigts de ses deux mains « un doigt, une personne… on pourrait les punir, les féliciter, les sermonner, leur parler ainsi qu'à de vraies personnes, qui répondraient ce que, elle, Henni, aurait voulu entendre. Ce « système » (comme dit le père) va l'aider à survivre aux évènements qui l'attendent.
Lorsque le pogrom survient, la mère, d'ordinaire si passive fait signe impérativement aux deux filles de s'enfuir. Elles passent une première nuit avec leur grand frère Lev qui ne se soucie pas d'elles, dans la briqueterie, gelées et terrorisées, c'est là qu' Henni découvre la blessure de sa soeur tant aimée, « Est-ce qu'elle a mal, Zelda, est ce que ses doigts, est ce qu'ils sont coupés » Au matin il faut se remettre en route « Zelda l'a dit avant qu'elles ne franchissent la porte. Il faut éviter les dangers. Il faut quitter la route ; on sera des fantômes de neige, elle a dit. »
Mais rapidement Henni perd sa soeur, et erre seule, non loin du village, confrontée à des cadavres, à des scènes d'apocalypse. Son moyen de survie est de « penser à autre chose qu'à la peur… ne la laisse pas entrer. »
S'ensuit un périple, dans lequel se mêlent rêveries, fantasmes, souvenirs. La nature hivernale hostile, les maisons abandonnées, pillées, brûlées, sont le nouvel univers de la fillette.
Angélique Villeneuve sait merveilleusement se mettre à la hauteur de cette enfant qui prend corps et âme sous nos yeux émus.
J'avais déjà beaucoup aimé la sensibilité de l'autrice dans « la belle lumière » dans lequel le personnage principal était la mère d'Helen Keller, mais j'ai vibré davantage encore avec le personnage d'Henni.


Lien : https://poirson.marie-helene..
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Dès la première page du roman, on sait d'emblée que le monde de Henni vole en éclats. Cet effet de prolepse nous plonge dans l'innommable : un pogrom dans un shetl quelque part à l'Est, sans doute fin 19è début du 20è siècle. Angélique Villeneuve, que j'ai eu le bonheur de rencontrer le vendredi 13 octobre à la librairie Au Temps Lire de Lambersart (un nouvel antre de perdition), explique s'être inspirée du récit (non publié, rédigé en un anglais enfantin) de Sarah Mandelbaum, une femme émigrée aux Etats-Unis, la mère de l'Américain « le plus intelligent du monde ». Cette femme était rescapée d'un pogrom en Ukraine . de ce texte lui est resté une image obsédante, celle de deux pas en fuite dans la neige. C'est le début de l'écriture de ce roman.

La famille de Henni, les Sapojnik, est une famille nombreuse. Les enfants sont six : Lev, l'aîné, 14 ans, ado qui traîne à droite et à gauche, méprisant envers les filles ; Zelda, 12 ans, le modèle de Henni, celle qui lui a tout appris sur la tenue de la maison, le soin des bébés, savoir qu'elle tenait elle-même de la grand-mère morte un an plus tôt et qu'elle dispense avec tendresse ; Henni, 8 ans, petite fille très intelligente ; et enfin les bébés, trois petits garçons, les deux premiers confiés à Zelda et le dernier à Henni, à sa grande fierté. La mère est à la fois présente et absente : elle fait les enfants, elle trône sur sa chaise cirée mais ne parle pas, elle n'apprend rien à ses enfants, elle se contente de nourrir les bébés et de se plaindre quand ceux-ci font trop de bruit. le père est la figure protectrice : contrairement à ce que prône le rabbin, il n'use pas de violence envers ses enfants, « ce n'est pas son système », au contraire il encourage, permet d'apprendre en faisant des erreurs et en recommençant patiemment. Henni est sans doute sa préférée et elle est enveloppée de l'amour de ce père si rassurant.

Quand leur vie vole en éclats et que les trois aînés réussissent à fuir, c'est cet amour et celui de Zelda qui maintiennent Henni en marche. Même si Zelda ne semble plus être elle-même, Henni la suit aveuglément. Elles seront séparées quand d'autres hommes menaçants les forcent de nouveau à s'enfuir. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, elle est trop petite, elle est dans doute en état de stupeur aussi. Nous la suivons pendant vingt-quatre heures, en mode survie. Angélique Villeneuve nous fait ressentir sa peur, son désarroi, sa faim, sa soif, son besoin d'uriner, sa fatigue : comme l'a expliqué la romancière, tout passe par le corps, « c'est le corps qui ressent », elle voulait incarner ce corps de petite fille dans ce dernier roman.

Dans ce chaos, Henni va faire preuve d'un courage incroyable. Elle se remémore sa vie d'avant, la chaleur de son foyer, les souvenirs heureux ou moins heureux de sa vie avec ses frères et soeurs. Elle va se créer son propre « système » sur les doigts de la main : chaque doigt figurera un membre de sa famille, cela lui permettra de restituer la voix du père, celle de Zelda, pour trouver le chemin de la survie d'abord, puis de renouer avec la vie. Elle devra prendre des décisions, à l'instinct, et elle va faire un choix extraordinaire qui la mènera résolument vers la lumière.

Angélique Villeneuve dit ne pas avoir eu de plan préétabli pour écrire ce roman, elle voulait simplement vivre avec cette petite fille. Pourtant, il me semble qu'il y a un magnifique (en terme de construction romanesque) parallèle entre un épisode de la vie « d'avant » et, sans pouvoir le révéler, ce choix de Henni. L'écriture sensorielle de la romancière contribue à la puissance d'évocation des Ciels furieux dont le personnage principal est inoubliable.
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J'attends, avec impatience, chaque nouveau roman d'Angélique Villeneuve, depuis que je l'ai découverte avec Les fleurs d'hiver, lecture coup de coeur en son temps.
J'ai tout lu.
J'ai tout aimé.
Et lorsque j'ai reçu, en cadeau, son dernier opus, Les ciels furieux, je me suis aussitôt plongé dans sa lecture.
Parce qu'un roman d'Angélique, c'est l'assurance d'émotions fortes, de personnages touchants, d'une part de mystère qui les entoure, et surtout d'une écriture qui sublime le récit.
Les ciels furieux n'échappe pas à la règle.
Chez Villeneuve, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, la femme est au centre de l'histoire .
Jeunes ou âgées,  anonymes ou célébres, elles sont source d'inspiration de la romancière.
Jeune, Henni, l'est.
Très jeune, même.
Pas femme, donc.
Enfin, loin de l'être physiquement, mais tellement femme dans cette vie que lui octroie l'autrice.
À cinq ans déjà, on lui donne des responsabilités, on lui attribue des tâches dévolues d'habitude à des filles bien plus matures.
Mais dans la famille Sapojnik, c'est comme ça.
Dès qu'un nouveau né apparaît, on change de rang. On grimpe dans la hiérarchie familiale.
Jusqu'à la plus belle reconnaissance, le jour où l'on vous donne la charge de vous occuper d'un bébé.
L'autrice aime que le lecteur s'interroge, sur l'absence d'un nom ou, comme c'est le cas ici, d'un lieu, d'une époque, même si quelques indices peuvent guider.
Les ciels furieux, c'est une enfance qu'on bouscule, qu'on sort du cocon familial. Qu'on expédie en forêt, hostile, au milieu d'une nature qu'on doit apprivoiser, contre des peurs que l'on doit refouler. C'est le regard kaléidoscopique d'une enfant sur le monde qui l'entoure, sa violence, sa beauté, la vie, la mort. 
Henni.
Petite fille. Petite soeur. Mère porteuse. Adulte avant de l'être.
Un personnage qui vous marque.
Et sous la plume d'Angélique Villeneuve, comment ne pas être touché...
À noter que je trouve que la couverture proposée par l'éditeur, reflète parfaitement l'atmosphère du roman.
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Henni la douce, la travailleuse inlassable, la petite et la grande soeur, est une fillette de huit ans qui vit dans la Zone de Résidence assignée aux juifs, dans un village du shtetl aux confins de l'Europe de l'Est au début du siècle dernier.
Henni a une grande soeur qu'elle admire. Zelda a tout appris de la grand-mère, elle sait, et peut tout faire dans la maison.
La mère se contente de pondre des bébés et de les alimenter quand on les lui présente, toujours assise sur ce siège qu'elle ne quitte jamais, dans cette maison bien entretenue dans laquelle elle ne touche à rien.
Henni a des petits frères, confiés à tour de role par le père aux deux fillettes, les deux premiers à Zelda, le petit dernier à Henni lorsqu'elle est enfin en âge de s'en occuper. Posséder un objet vivant et en avoir la responsabilité, quelle chance inouïe.
La vie s'écoule paisiblement, entre le travail de la ferme et celui dédié à la famille, dans cette maison à l'écart du village.
Jusqu'au jour où, ils sont venus, les cavaliers, les hommes seuls ou par deux ou trois, ont détruit, pillé, brûlé, tué...
Le père a dit de fuir, la mère qui ne parle jamais a dit de fuir... Alors Henni, Zelda et Lev, le grand frère ont fuit.
Réfugiés dans les entrailles de la briqueterie voisine, Henni va vivre à hauteur d'enfant les doutes, les angoisses, les terreurs et les incompréhensions qu'engendre une telle folie.
Car que peut comprendre une fillette de cet âge à la violence des hommes, comment même envisager la réalité des pogroms quand on vit en bonne intelligence à côté des autres. Que sait-on de l'antisémitisme et de l'extermination en cours et à venir d'un peuple oppressé depuis la nuit des temps.
C'est terrible et beau à la fois cette vision naïve et positive de la vie, de la famille, des autres. Henni n'est jamais seule, car chacun de ses doigts représente un membre de la famille Sapojnik, enfin, pas tous, elle n'en trouve que neuf en comptant la grand-mère décédée.

la suite est en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2023/09/09/les-ciels-furieux-angelique-villeneuve/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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