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"Les notes de mes carnets contrefont parfois la réalité, mais les articles que j'en tire sont toujours considérés comme des histoires vraies. Ainsi, j'ignore si je suis ou non faussaire, si j'agis pour tromper la mort ou tromper la vie."

Suivre Sigolène Vinson est une entreprise périlleuse dans laquelle on s'engage sans filet et sans aucune garantie de trouver son chemin. Une aventure de tous les sens. Même si cette fois le lieu ne nous est pas inconnu, il fut le théâtre de Maritima en 2019 (sans doute mon préféré), cet étang de Berre auprès duquel l'autrice a élu domicile et dont elle semble connaître les moindres recoins. La narratrice de ce nouveau roman y a trouvé refuge à l'écart d'une société qu'elle préfère fuir au profit de ce microcosme particulier. le petit monde qui vit autour de l'étang a ses rites, son langage. Ses inquiétudes aussi, liées à l'usine électrique qui déverse ses eaux, aux butins de pêche de moins en moins miraculeux. Il règne ces jours-ci une chaleur écrasante, sensation de brûlure que rien n'apaise et qui semble entraîner la narratrice dans des rêves oscillant entre mirages et hallucinations. Perdue entre la peur d'un avenir menaçant, la recherche de l'apaisement dans les liens ténus avec la moindre parcelle de vivant, le rejet d'un passé qui continue à obérer le présent, les étincelles d'espoir qui jaillissent malgré tout. Se fondre dans la communauté de l'étang ne soigne pas toutes les plaies. le temps reste un élément insaisissable, incontrôlable pour la jeune femme qui se demande sans cesse "comment étirer cette minute qui précède le début de la fin"...

Alors, raconter des histoires. Celles des centaines d'êtres vivants qui habitent l'étang - palourdes, hippocampes, anguilles - le survolent ou grouillent sur ses rives, celles des pêcheurs réunis autour d'un pastis, de Marie dont l'esprit s'échappe ou même de l'ingénieur, cet enfant du pays qui lui vante les mérites de sa centrale hydroélectrique mais qu'elle préfèrerait embrasser même si elle a depuis longtemps renoncé à l'amour. Chercher comment croire à nouveau, un nouvel évangile auquel se référer. Parcourir la roselière en s'interrogeant sur la dette des humains envers la terre et le moment où celle-ci réclamera des intérêts. Entrevoir une échappatoire par la fiction où malgré tout rien n'est totalement factice. Oui, suivre Sigolène Vinson est une entreprise périlleuse (mais si riche) et un voyage où l'on oscille entre sourire et larmes, où l'on perçoit dans sa chair cette sensation de flottement, de tragique à fleur de peau. En immersion totale. Que celui qui n'a jamais tenté de changer le cours de son histoire ou de feinter le destin lui jette la première palourde.

"En secret, j'espère un dénouement où je serai en règle avec les êtres qui peuplent mes calepins, où je serai libérée de mes obligations envers les hommes et les mouettes. Oui, je rêve d'une fin heureuse. Pour les histoires vraies et celles que je feins."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Bizarre le "résumé éditeur" ne correspond pas vraiment à la quatrième de couverture. Si dans le Caillou, la femme veut devenir un caillou, ici elle ne veut pas devenir une palourde, elle s'inquiète de les voir mourir à cause d'une centrale électrique dont l'eau rejetée perturbe gravement la nature.
Il y a une parenté avec l'écriture, l'imaginaire, la mélancolie...c'est vrai.
J'ai lu tous les livres de Sigolène, avant et après le Caillou. Je trouve cette autrice inclassable. La Palourde et Maritima se déroulent au même endroit mais sont très différents même si un point de vue écolo les rapproche.
La Palourde est plus poétique.
Une réelle connaissance de la nature (flore et surtout faune) est dévoilée; j'ai renoncé à chercher le sens de tous les mots "techniques". Il y a de l'amour mais comme chez Racine, elle n'aime pas celui qui l'aime et celui qu'elle aime se défile. Il y a de l'humour, involontaire de la part de Marie qui perd la boule et considère son paon comme un chien et s'indigne qu'il refuse les sucres.
Original et de lecture agréable. Des questions actuelles sont soulevées à propos de la disparition des espèces.
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La Palourde. Ce titre intriguant m'a tout de suite happée, tout comme sa couverture, harmonieuse et colorée avec ses méduses, symboles du féminin et de l'ambivalence des sentiments. Une palourde c'est un petit coquillage qui s'enfouit dans le sable dans le but de se protéger de ses prédateurs à l'instar de la narratrice du roman, une femme dont on ne connaîtra jamais le prénom. Elle se fait appeler « Ma fille » par un prétendant désespéré de voir qu'elle ne daigne pas lui renvoyer ne serait-ce que le millième de son amour. Elle erre dans un petit village, journaliste à ses heures perdues et spectatrice d'une destruction amorcée de la nature qui l'entoure. Elle se demande s'il n'y a pas une corrélation entre son vécu et cette destruction...

La Palourde, c'est un roman qui parle d'amour, qui met l'accent sur l'écologie, sur la préservation de la nature et du lien qui l'unit à l'être humain. C'est un roman hors-norme qui évoque des âmes en quête d'affection, qui cherchent un sens à leur vie et à leurs actes. C'est un roman de la solitude tout autant qu'un roman qui met en son centre les relations humaines.

J'ai été séduite par l'écriture de l'auteur, à la fois douce, mélancolique et pleine de sous entendus. Chaque être vivant est en quête de son alter-ego ou à défaut de celui ou celle qui le fera se sentir moins seul. Ce besoin d'être aimé, d'aimer en retour et de se sentir vivant. Vivant tout comme le monde qui nous entoure, tout comme cet étang oublié que l'on retrouve dans le récit, abimé par la main de l'homme. Cette nature si parfaite que la narratrice entend en écho, qui lui susurre des messages atypiques ! Que ce personnage féminin est entraînant, empli de questionnements philosophiques et parfois candides, une femme qui lâche prise intérieurement, se laisse emporter par un univers qu'elle s'est créé et qu'elle retrace dans un carnet.

Un roman ovni comme l'édition Tripode aime les appeler, qui nous emporte dans des contrées presque inconnues, qui nous font divaguer tout en nous ramenant à la réalité, à ces petits riens qui nous entourent, à ces sentiments qui nous font vivre.
Lien : https://lacueilleusedelivres..
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« Avais-je abandonné l'amour et la sexualité parce que je me croyais responsable de la dégradation d'un écosystème et que seules l'austérité et la mortification sauveraient l'étang? »

Elle habite dans un village au bord d'un étang où François vogue tous les jours et tombe amoureux d'elle. Mais l'amour l'a trop fait souffrir, elle s'est fermée comme une huître, hermétique aux sentiments. Sauf au contact de Jean. Sauf au contact de Marie dont le Paon devient chien.

Elle est journaliste et est confrontée régulièrement à des sujets où le Vivant prime, celui dont l'âme humaine s'imprègne pour le tuer a petit feu. Et c'est le cas des palourdes dans cet étang du village, proche duquel réside une centrale hydroélectrique, déversant tout ce qui asphyxie ce Vivant. Cette femme se confond alors avec l'étang, elle devient lui, sent des relents nauséabonds à son réveil dans ses draps, lèche le sel sur ses joues, regarde ses pieds emmêlés entre les algues.

C'est un conte écologique, la métamorphose a pour résidence « La Palourde », un livre infiniment brûlant de part l'actualité du sujet. Que ce soit le sujet du Vivant, de la Nature qui se liquéfie face à l'Homme, ou le sujet de cette femme parfois vulnérable et très sensible qui assiste avec stupéfaction à notre emprise non écologique.

La Palourde se déroule dans une atmosphère gluante qui nous confronte à nos ignominies, nos choix et non choix. Son personnage principal m'a beaucoup touchée avec son côté sauvage, retirée du monde et même en étant loin de tout pour laisser derrière elle son passé, elle est proche de la catastrophe qui plane au dessus de nos têtes. Et l'Amour qui apporte sa quantité d'espoir avec ses rayons qui transpercent même les coquillages les plus fermés.
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LA PALOURDE de Sigolène Vinson
Ayant trouvé refuge dans un village de pêcheurs, loin de la société, une jeune femme se réveille une nuit de canicule. Sa vie y est sereine proche du milieu naturel autour de l'étang, mais pourtant la présence d'une centrale hydroélectrique provoque une catastrophe écologique avec la disparition de la palourde. Pendant son insomnie, elle réfléchit à la réalité de l'amour et des sentiments ou ressentiments humains. Dans le marasme ambiant, comment va t'elle pouvoir continuer à vivre ?
Un roman poétique, imaginatif, mais une plume particulière et le texte sous forme de courts chapitres, où diverses situations sont mises en scène, est un peu fouillis et la lectrice que je suis, a eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire.
Toutes les idées symboliques sont interessantes mais le décryptage en est compliqué. On plonge dans une dystopie où règne l'extinction de certaines espèces animalières, en raison du déséquilibre écologique induit par l'activité d'une centrale. Chacun va chercher des solutions pour se protéger et oscille entre l'amour, le sublime et la solitude, la catastrophe.
Un beau texte original... A relire peut être
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Chronique réalisée lors du live de Sigolène Vinson

"La Palourde"

Aux éditions le Tripode

Genre : Eco poétique

Accepter qui nous sommes...

Rêver d'être quelqu'un d'autre...

Être nous-même, tout en voulant changer...

Comment cette jeune femme, journaliste de métier, c'est réveillé un jour en voulant être une palourde ?

Narratrice étrange, sans nom, qui se fait gentiment surnommé "ma fille" par un homme éperdu d'amour pour elle, façon étrange d'appeler celle qui fait battre notre coeur...

Étrange, ce mot revient souvent me direz vous, et oui, car c'est un livre bien étrange que l'on tient entre nos mains...

Spectatrice d'une nature qui se meurt petit à petit, la narratrice se pose mille et une question plus surprenantes les unes que les autres.

La plus particulière reste sans aucun doute celle-ci :

Le court de ma vie, est -elle en corrélation avec ce désastre naturel ?

Mais n'est pas seulement dû à cette centrale hydroélectrique qui se trouve près du village et de son étang ?

Pour être tout à fait franche, moi qui ne lis jamais la 4ème de couverture d'un livre, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, au début, j'ai même cru que c'était une palourde qui racontait sa vie...

Au fil des pages, l'écriture poétique de Sigolène prend le dessus, elle nous fait sombrer dans la vase sombre de l'étang ou les palourdes et tout êtres vivant se meurent.

En ouvrant ce roman, vous plongerez dans un univers étrange, une histoire d'amour impossible, d'espoir, de réalité et de fantasme.

Qui n'a jamais rêver de devenir quelqu'un d'autre et de vivre une vie dans un monde meilleur ?
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Si j'ai choisi de lire "La Palourde" c'est avant tout grâce à Babelio.
Il s'agissait du premier roman que l'application me présentait, aussi, lorsque je suis tombé totalement pas hasard dessus le lendemain, je l'ai acheté et aussitôt commencé.
Plonger dans l'étang fut, à ma grande surprise, assez simple. Je m'y suis laissé couler lentement, de plus en plus profondément, jusqu'à reposer au fond de la vase tel un coquillage attendant la mort et sa résurrection.
Ce conte philosophique et écologique surprend par son style, une écriture remplie de questions dont les réponses semblent ne pas exister. Entre deux points d'interrogation se font des remarques aiguës, pertinentes sur la Vie, la Mort et les Êtres. Avec toujours l'angoisse de l'Homme vis à vis de la nature qu'il tue dans un suicide orchestré.

A travers des oiseaux et les poissons, la narratrice s'interrogent et nous poussent, lecteur, à chercher la part de vérité et d'illusions sur notre condition humaine, sur notre relation avec l'écosystème.
Le marais devient un reflet de nous même.
Et en parallèle de cette conscience extérieure, les questionnements sur l'Amour perdurent, insatiables. Être ou ne pas être aimé, l'héroïne choisit d'y renoncer tout en y succombant. Perle d'ironie, mais véritable image de la faiblesse humaine face à la grande question d'Eros.

Ce fut une lecture reposante, mais qui, si on y prête vraiment attention, soulève bien plus de questions qu'on y croit.
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