Je dirai des femmes ce que le philosophe Esope répondait à son maître qui lui avait demandé de lui préparer le meilleur plat cuisiné, puis le plus mauvais, et auquel il servit de la langue la seconde fois comme la première, en affirmant que la langue était la meilleure et la pire chose qui fût au monde. Et je pense que, dans la vie d’un homme, la femme peut être le meilleur ou le pire.
Il était de ces hommes que la difficulté excite. Parce que plus distante, Marisa lui semblait plus précieuse.
Et puis, avec son visage mûri, ses yeux plus profonds, il la trouvait plus belle qu’autrefois et les regards admiratifs dont, tout à l’heure, l’avaient suivie certains chasseurs lui prouvaient qu’il ne se trompait pas. Une femme telle que Marisa flattait sa vanité d’homme.
C’est affreux de découvrir que l’homme qu’on aime, auquel on a attribué toutes les qualités de cœur et d’esprit, n’est qu’un lâche, un être vil et menteur. Elle ne s’était pas encore habituée à cette pensée et ne s’y habituerait probablement pas de longtemps… Et jamais plus elle ne se laisserait prendre à cette illusion, ce leurre qu’on appelle l’amour.
Quand on est malade, immobile, sans savoir si l’on pourra jamais marcher de nouveau, on a le temps de réfléchir, de remuer des pensées qui, sans cela, ne vous seraient jamais venues à l’esprit. Durant ces longues heures d’immobilité, il me vint à l’idée de m’interroger sur mon hérédité, sur ceux dont j’étais issu.
On ne voyait nulle autre habitation alentour.
Mais qu’importait à Marisa que le lieu où elle se rendait fût isolé et d’accès difficile. Il n’y aurait jamais d’endroit assez solitaire pour elle, qui fuyait en même temps la réprobation de ses semblables et l’amertume d’un amour déçu.