Mieux valait écrire. Dans cette lettre, elle lui dirait tout, elle ferait taire la pudeur qui, à leur dernier entretien, avait arrêté les mots sur ses lèvres. Elle lui expliquerait pourquoi il ne devait pas la juger trop sévèrement et pardonner son silence.
Elle lui avouerait l’évolution de ses sentiments, lui dirait que, si l’amour peut guérir une blessure causée par l’amour, elle en avait à présent à lui donner. Durant ses heures d’insomnie, elle élaborait les phrases qu’elle tracerait sur le papier, les mots qui apaiseraient sa rancune.
Pour elle, il commençait vraiment à exister, à être autre chose qu’une présence floue et importune. Ses traits lui devenaient plus familiers, ainsi que les expressions de son visage. Elle découvrait que son sourire parait d’une douceur inattendue et séduisante sa physionomie un peu rude et que ses cheveux châtain clair, bien que coupés très court, bouclaient sur ses tempes et autour du front bien modelé. Et sans qu’elle sût pourquoi, cela l’attendrissait comme une survivance d’enfance chez cet homme d’aspect et de caractère si virils.
Je vous aimais, je vous avais placée sur un piédestal. Je savais que vous ne m’aimiez pas, mais je croyais votre cœur ignorant de l’amour – et je sentais en moi assez de tendresse pour gagner le vôtre. Je n’ai pas voulu me rappeler la manière humiliante dont vous avez usé à mon égard le soir de nos noces parce qu’à votre conduite j’ai attribué une ignorance des choses de l’amour, une pudeur que je me devais de ménager…
Une tête brûlée. Il menait sa vie à toute vitesse, vivant chaque journée comme si demain ne devait pas exister. Il décida de m’épouser et s’employa de toutes ses forces à vaincre la résistance que je lui opposais, usant comme argument principal qu’il pouvait, d’un instant à l’autre, être envoyé en un point périlleux où il risquerait sa vie… En Angleterre, les formalités d’un mariage sont d’une extrême simplicité.
Les automnes sont plus beaux, plus riches en couleurs que les printemps. C’est toujours à cette époque de l’année que je rêvais lors de mes séjours à l’étranger, particulièrement en Iran ou au Liban où les saisons n’ont pas ce charme, cette poésie douce et tranquille.