On décrit généralement ces perfides créatures comme ayant de longs cheveux blonds, un visage et un buste de femme terminé par une queue de poisson. Mais des gravures anciennes les montrent également avec des cheveux noirs et ayant, outre la queue de poisson, des ailes d’oiseau. En tout cas, quel que soit leur aspect, les sirènes sont des êtres dangereux, d’une fréquentation redoutable pour les malheureux marins séduits par leurs chants mélodieux.
C’était probablement un séducteur-né, un de ces hommes sûrs d’eux, toujours prêts à faire des compliments, à conter fleurette à n’importe quelle femme, et accoutumés à être bien accueillis. Pour en avoir déjà rencontré des spécimens, Roslyn connaissait ce genre d’individus, mais elle admettait que celui-ci possédait un charme auquel il devait être difficile de résister.
Le chant des sirènes a, de tout temps, été un fléau pour les marins. Nombreux sont, dit-on, ceux qui se sont noyés pour l’entendre ; il en est ainsi depuis la plus haute Antiquité. Pour les empêcher de subir l’enchantement, Ulysse attachait ses matelots aux vergues de son navire et leur bouchait les oreilles avec de la cire. Mais lui-même écouta le chant des sirènes.
Il y a toujours de la magie dans les paysages nocturnes ; lorsqu’un buisson bougeait, que, sous un souffle, s’agitait un rameau, on pouvait imaginer que passait un de ces êtres invisibles et mystérieux : elfes, korrigans ou farfadets qui, dit-on, parcourent landes et forêts quand les ténèbres ont envahi la terre.
Après tout, au diable la prudence ! On n’aurait pas mis un chien dehors par ce temps et il lui eût semblé inhumain de laisser cet homme sous la pluie. Du reste, vêtu d’un imperméable, tête nue, il ne ressemblait pas à un hippie, ne paraissait nullement dangereux et inspirait plutôt la pitié que la terreur.