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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un beau roman d'apprentissage que nous propose Benoit Vitkine, spécialiste des pays de l'ex-URSS et de l'Europe de l'Est.
Ilia, jeune voyou surnommé le Gris, sort de prison et commence un long voyage pour rejoindre sa mère dans sa ville natale de Sovietsk sur la rive sud du Niémen. le récit se déroule en 1991, et, cette année est celle de l'indépendance des pays Baltes. La ville natale du Gris se trouve dans l'enclave, l'Oblast de Kaliningrad, coupée de la Russie par la Pologne et la Lituanie, mais conservant un débouché sur la mer Baltique.
Loin d'une leçon magistrale de géopolitique, l'auteur, à travers les rencontres que le jeune garçon va faire tout au long de son voyage, nous montre cette période de basculement et d'incertitude tout en nous éclairant sur les aléas de l'histoire.
le jeune garçon, aspire à la liberté, mais saura-t-il la trouver dans une URSS qui se délite et où chacun se prépare à un changement de vie ? Les tensions entre russes et autres nationalités augmentent tandis que les truands s'adaptent aux changements politiques sans état d'âme et que la corruption et la violence sont partout.
Comme dans un conte initiatique, chaque rencontre réserve une épreuve à Ilia ainsi que l'occasion de mieux comprendre les soubresauts de l'histoire. Mais cette liberté qui semble à portée de main, sera étouffée par la police et par les militaires qui sont là pour rappeler les dures lois de l'autocratie.

Malgré ses défauts de petit voyou sans foi ni loi, le jeune Ilia m'a touché par sa crédulité et son espoir fou de liberté. Il doit surmonter de nombreuses épreuves avant d'arriver chez lui et son avenir ne sera pas celui qu'il espérait.
Un roman d'apprentissage avec d'intéressants portraits humains et une découverte de cette région de Russie méconnue qui m'a enchantée. de plus, l'écriture fluide, rythmée de Benoit Vitkine nous emporte avec ardeur dans cette aventure humaine et historique.

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Au bout de quelques chapitres, je me suis dit : comment l'auteur arrive-t-il à écrire un si beau roman avec un personnage principal si déplaisant, comme le jeune le Gris qui au bout de six mois sort de taule et ne fait que multiplier les bêtises .

Mais le Gris ne reflète qu'un système politique qui est à bout. Nous sommes en 1991 et c'est l'époque confuse de la Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, la réaction violente des vieux staliniens et finalement l'abolition de l'Union Soviétique. C'est aussi l'époque de l'octroi de certains droits et de certaines libertés en Russie, qui sont interprétés par certains de façon assez fantaisiste.
Et pour compliquer la situation davantage, quelques républiques soviétiques sous le joug de Moscou demandent leur indépendance, telle la Moldavie par exemple.

Pour l'enclave russe, entourée de la Lituanie au nord et à l'est, la Pologne au sud et bordant à l'ouest la mer Baltique, la situation est d'autant plus alambiquée.

L'enclave russe s'appelle en fait l'Oblast (province) de Kaliningrad, en Allemand Köningsberg. L'ancienne capitale de la Prusse-Orientale, où les habitants réglaient leur montre sur le passage à heures fixes du maître philosophe, Emmanuel Kant (1724-1804).
Il s'agit d'un territoire d'un peu plus de 15.000 kilomètres carrés et d'un peu plus d'un million d'habitants.

Je vous laisse découvrir les péripéties de notre héros le Gris, tout juste 18 ans, lorsqu'il sort de sa prison de Baltiisk, la ville russe la plus occidentale, en passant par la capitale Kaliningrad, en direction du nord à Sovietsk, près de la frontière lituanienne, où habite sa mère.

Sera ce le catharsis et deviendra le Gris, Ilia Kireev, un jeune homme libre et responsable ?

Point besoin d'insister que Benoît Vitkine, comme correspondant permanent du quotidien "Le Monde" à Moscou et lauréat du Prix Albert-Londres, connaît son sujet.
C'est son troisième roman et je trouve qu'il est un fascinant raconteur.
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En 1946, la ville de Königsberg fut renommée Kaliningrad, en hommage à Michaël Kalinine (1875-1946, ex président du Præsidium du Soviet suprême et membre du Comité central du Parti). L'URSS reçut ce territoire cette année là, en dédommagement des destructions et des pertes subies lors de la Seconde Guerre mondiale.
Après que la Lituanie a déclaré, puis obtenu son indépendance, au début des années 1990, Kaliningrad s'est retrouvée coincée entre ce nouvel Etat à l'est et au nord-est, et la Pologne au sud (conservant son ouverture sur la mer Baltique à l'ouest et au nord-ouest).

Durant l'été 1991, Ilia Kireev dit "le Gris" est libéré de prison. Il décide de renter chez sa mère à Kaliningrad. Ce n'est pas seulement un adolescent qui retrouve alors la liberté, ce sont aussi les peuples de plusieurs républiques socialistes et le peuple russe. Certains s'en réjouissent, d'autres le déplorent. Inquiétudes et espoir sont des sentiments partagés par beaucoup, pas tous pour les mêmes raisons.
C'est ce moment de l'Histoire que nous décrit Benoît Vitkine, à travers l'histoire d'Ilia et des personnages qu'il croise sur son trajet mouvementé.

L'auteur dédie son roman "aux victimes de la guerre lancée par la Russie en Ukraine, civils comme combattants". Première et quatrième de couverture sont à mettre au crédit de Christophe Chabouté.

Ce livre donne des éléments de compréhension intéressants de la vie de certaines parties de la populations de l'ex Union soviétique. le portrait du jeune Ilia, est sans caricature : il n'est ni tout blanc, ni tout noir, comme son surnom l'indique si bien !



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Le Gris, jeune Russe de 18 ans, pas encore un adulte, plus tout à fait un adolescent, a écopé d'une peine de six mois de prison. Durant cet hiver passé en incarcération, coupé de la réalité, il n'a pas eu vent des bouleversements du monde. Quand il sort, c'est le même territoire qui l'attend. Pourtant le Gris découvre peu à peu que son pays n'est plus la nation qu'il connaissait, qu'elle se craquelle de partout. C'est l'été 1991 et la dislocation de l'URSS a commencé. Quel genre d'homme le Gris souhaite-t-il incarner dans ce nouveau monde ? Les possibilités sont ouvertes. Il peut devenir être n'importe qui. Voilà le questionnement au coeur du dernier roman de Benoît Vitkine : comment trouver sa place dans un monde en pleine mutation ? Quel trait de personnalité, quel signe distinctif permettra-t-il à le Gris de devenir quelqu'un.

Le Gris pourrait aussi bien s'orienter vers une carrière de bandit sans scrupule qu'opter pour la voix de l'honnête citoyen, être un sale type égoïste qui arnaque les gens ou un défenseur des faibles. Comme si on pouvait se choisir une existence sur catalogue. Tout au long du chemin qui le ramènera de la prison à chez lui, le Gris rencontrera des personnages de tout genre, escrocs pour les uns, philosophes pour d'autres, qu'il aidera ou trahira. À travers ce procédé en forme de road movie, L'Enclave enchaîne les scènes stimulantes et intenses, portées par des dialogues riches qui racontent la Russie.

Benoît Vitkine, correspondant français du Monde à Moscou et auteur de Donbass et de Les Loups, deux romans sur l'Ukraine, la corruption et l'oligarchie, arrive à transposer à la fois son patrimoine français et son lien avec la culture russe, pour un résultat aussi bien marqué par Camus que Dostoïevski. L'Enclave ne cesse d'interroger la liberté, au niveau individuel, collective et politique, sous des angles différents – liberté sociale, liberté morale, liberté physique – ballottant le Gris d'un extrême à l'autre, avec une justesse de ton bluffante. Un sans-faute.

Lien : https://www.playlistsociety...
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J'avais lu et beaucoup aimé Donbass.
Ici c'est un peu le même procédé, l'auteur prend le prétexte de la sortie de prison de son personnage principal pour le suivre à travers l'enclave russe de Kaliningrad jusqu'à son retour chez lui.
Un road-trip donc semé d'embuches et de rencontres fort opportunes qui nous fait découvrir ce territoire à l'histoire singulière tiraillée entre l'occident et la mère patrie. C'est très bien écrit, certains personnages sont attachants, d'autres moins, mais tous sont assez marqués pour imaginer en moi leur passé et le symbole qu'ils représentent.
Un livre intelligent.
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Ce récit de vie aux allures d'un conte philosophique décrit avec brio la période de chute de l'URSS, un moment à la fois crucial, prometteur et anxiogène de l'histoire. A travers les yeux d'un adolescent fraîchement sorti de prison, rusé et naïf en même temps, nous découvrons ce pays qui n'en est plus un, mais un empire qui se disloque et dont les parties apparaissent comme des pays ayant des identités propres. L'auteur nous présente également un pan de l'histoire de l'URSS peu connu en Occident, celui du déplacement des peuples et de l'occupation des territoires, a travers l'exemple de la région de Kaliningrad.
Le sujet principal de ce récit, celui de la liberté est plus que jamais d'actualité en ce moment où les démocraties perdent partout leurs acquis. L'exemple de la Russie qui aspirait à la liberté à la fin de l'URSS démontre que la liberté n'est jamais "gratuite" et doit être défendue en permanence car extrêmement fragile.
La panoplie de personnages rencontrés par le Gris dépeint avec beaucoup de justesse cette société soviétique, à la fois passive et perdue ( "Ne réfléchit pas, le Parti réfléchit pour toi"), violente et corrompue. Certains personnages incarnent l'espoir des changements, humanistes ou économiques, les autres continuent à courber l'échine quoi qu'il arrive. le personnage principal s'interroge sur lui-même et son avenir tout comme sur le pays entier. Il se doute que les vieux apparatchiks et mafieux ( parfois les deux à la fois) surnageront toujours. le personnage d'un policier violent et vicieux, fanatique de l'Empire laisse entrevoir l'idéologie de la Russie actuelle, ce pays où la démocratie a failli et dont la non-liberté sème la violence à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du pays. La dédicace de l'auteur de ce livre aux victimes ukrainiens de la guerre russe fait l'écho à ce triste constat. A lire et à méditer.
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