Un autre élément important est la réappropriation du corps féminin, notamment pour ces femmes, avec le port du vêtement couvrant, du hijâb. Porter le hijâb contribue, selon elles, à la désérotisation du corps, et ainsi à la régulation des pulsions sexuelles. Cette tenue vestimentaire devient garante de la paix sociale, les femmes n’étant plus considérées comme une tentation pour les hommes. C’est comme si les femmes portaient sur elles l’expression de l’absence de maîtrise des hommes. Ce vêtement permet en quelque sorte de juguler l’animalité masculine.
Le hijâb cache le corps – corps qui est un élément extrêmement tabou à l’heure actuelle dans bon nombre de féminismes pas seulement islamique. Au-delà de l’honorabilité qu’il est censé protéger et du rôle identificatoire qu’on peut lui attribuer, le port du hijâb est avant tout l’expression d’un choix de mode de vie, qui s’inscrit dans ce que Florence Bergeaud-Blackler nomme, dans son dernier ouvrage, la « halal attitude ».