Il sort désespéré, frappé d’un sombre effroi,
Et mon cœur qui le suit s’échappe loin de moi.
Ses remords, ma pitié, son aspect, son absence,
À mes sens déchirés font trop de violence.
Le cœur peut se tromper ; l’amour et ses douceurs
Pourront coûter, Palmire, et du sang et des pleurs.
Mon âme tout entière à son bonheur livrée,
Oubliant ses douleurs, et chassant tout effroi,
Ne connût, n’entendît, ne vît plus rien que toi.
Hélas ! mes tristes jours sont assez malheureux.
Loin de vous, loin de lui, j’ai langui prisonnière ;
Mes yeux de pleurs noyés s’ouvraient à la lumière.
Empoisonnerez-vous l’instant de mon bonheur ?
Mon cœur sans mouvement, sans chaleur, et sans vie,
D’aucune ombre d’espoir n’était plus secouru
Ô ma chère Palmire, en quel gouffre d’horreur
Tes périls et ma perte ont abîmé mon cœur !
Zopire (à Mahomet, dans la scène 5 de l’Acte second) :
« Voilà donc tes desseins ! C’est donc toi dont l’audace
De la terre à ton gré prétends changer la face !
Tu veux, en apportant le carnage et l’effroi,
Commander aux humains de penser comme toi :
Tu ravages le monde, et tu prétends l’instruire ?
Mahomet à propos de lui-même en s’adressant à Omar son fidèle lieutenant (derniers vers) :
« Et toi, de tant de honte étouffe la mémoire ;
Cache au moins ma faiblesse, et sauve encore ma gloire.
Je dois régir en Dieu l’univers prévenu :
Mon empire est détruit si l’homme est reconnu. »
Mahomet.
Téméraire, on devient sacrilège alors qu'on délibère. Loin de moi les mortels assez audacieux pour juger par eux-mêmes, et pour voir par leurs yeux ! Quiconque ose penser n'est pas né pour me croire. Obéir en silence est votre seule gloire. Savez-vous qui je suis ? Savez-vous en quels lieux ma voir vous a chargé des volontés des cieux ? Si malgré ses erreurs et son idolâtrie, des peuples d'orient la Mecque est la patrie ; si ce temple du monde est promis à ma loi ; si dieu m'en a créé le pontife et le roi ; si la Mecque est sacrée, en savez-vous la cause? Ibrahim y naquit, et sa cendre y repose : Ibrahim, dont le bras, docile à l'éternel, traîna son fils unique aux marches de l'autel, étouffant pour son dieu les cris de la nature.
Les préjugés, ami, sont les rois du vulgaire.