" il y avait autrefois un grain de sable qui se lamentait d'être un atome ignoré dans les déserts; au bout de quelques années il devint diamant, et il est à présent le plus bel ornement de la couronne du roi des Indes. "
Le brigand - Extrait de Zadig ou la destinée
Mais, dit le nain, ce globe-ci est si mal construit, cela est si irrégulier et d'une forme qui me paraît si ridicule! tout semble être ici dans le chaos: voyez-vous ces petits ruisseaux dont aucun ne va de droit fil, ces étangs qui ne sont ni ronds, ni carrés, ni ovales, ni sous aucune forme régulière; tous ces petits grains pointus dont ce globe est hérissé, et qui m'ont écorché les pieds? (Il voulait parler des montagnes.) Remarquez-vous encore la forme de tout le globe, comme il est plat aux pôles, comme il tourne autour du soleil d'une manière gauche, de façon que les climats des pôles sont nécessairement incultes? En vérité, ce qui fait que je pense qu'il n'y a ici personne, c'est qu'il me paraît que des gens de bon sens ne voudraient pas y demeurer. Eh bien! dit Micromégas, ce ne sont peut-être pas non plus des gens de bon sens qui l'habitent.
Vous devez passer votre vie a aimer et a penser;c'est la veritable vie des esprits
Mais partout il y a des gens de bon sens qui savent prendre leur parti et remercier l'auteur de la nature.
Nous autres, sur notre petit tas de boue, nous ne concevons rien au-delà de nos usages.
(...) qu'il soit impossible à Dieu de communiquer la pensée à la matière, c'est de quoi je doute fort. Je révère la puissance éternelle, il ne m'appartient pas de la borner : je n'affirme rien, je me contente de croire qu'il y a plus de choses possibles qu'on ne pense.
Et toi, mon ami, dit-il à un leibnitzien qui était là, qu'est-ce que ton âme ? - C'est répondit le leibnitzien, une aiguille qui montre les heures pendant que mon corps carillonne ; ou bien, si vous voulez, c'est elle qui carillonne pendant que mon corps montre l'heure ; ou bien mon âme est le miroir de l'univers et mon corps est la bordure du miroir : cela est clair."
Ô atomes intelligents, dans qui l'Être éternel s'est plu à manifester son adresse et sa puissance, vous devez sans doute goûter des joies bien pures sur votre globe: car, ayant si peu de matière, et paraissant tout esprit, vous devez passer votre vie à aimer et à penser; c'est la véritable vie des esprits. Je n'ai nulle part le vrai bonheur; mais il est ici, sans doute.
"Pourquoi donc, reprit le Sirien, citez-vous un certain Aristote en grec ? - C'est, répliqua le savent, qu'il faut bien citer ce qu'on ne comprend point du tout dans la langue qu'on entend le moins."
"Dites-moi, je vous en prie, à quoi vous vous occupez. - Nous disséquons des mouches, dit le philosophe, nous mesurons des lignes, nous assemblons des nombres ; nous sommes d'accord sur deux ou trois points que nous entendons, et nous disposons sur deux ou trois mille que nous n'entendons pas."