Que sais-je de la Colombie ? D'un point de vue littéraire, tout commençait et tout s'arrêtait à
Gabriel Garcia Marquez. Perdona-me...
Ce roman de
Juan Gabriel Vasquez m'a soudain plongée au coeur des années 1970/80 de violence en Colombie, d'explosion du narcotrafic et du terrorisme des cartels.
L'auteur (né à Bogota en 1973) exprime la peur permanente de la population, les assassinats politiques et les tueries en pleine rue. le point culminant du livre est l'attentat qui blesse grièvement le jeune prof de droit Antonio et tue son ami vieillissant Ricardo.
Nous découvrirons l'impact de ce drame sur la vie personnelle d'Antonio, jeune marié et jeune père, les brisures au sein de son couple au fur et à mesure qu'il se consacre à la quête du passé de Ricardo.
Le déclic, là encore, c'est un enregistrement de boite noire lors du crash de l'avion qui transportait l'épouse de Ricardo.
Cette cassette audio suffira à marquer ce roman dans mes réminiscences de lectures : son écoute - pardon sa transcription... - constitue un moment unique dans la littérature..
L'histoire nous transporte alors dans le passé, à la rencontre de la jeunesse de Ricardo et d'Elaine, sa jeune épouse américaine en mission pour les Peace Corps en Colombie. Et la chanson de Franck Zappa "What's there to live for - Who needs the Peace Corps ?" égrène le récit.
Nous suivons Antonio dans ses pérégrinations sur les traces presqu'effacées de Ricardo, sa valse-hésitation au sujet de sa vie personnelle, la façon dont il se distancie de sa femme et les cours magistraux qu'il n'assure plus.
Mais au plus profond de lui-même n'essaie-t-il pas de protéger ses proches de ce danger qu'il sent partout dans la Colombie d'alors ?
Parallèlement, nous nous intéressons au destin de Ricardo Laverde, quand jeune pilote passionné d'aviation, il se maria avec Elaine l'américaine, puis quand il « fit le mauvais choix » qui lui coûtera 20 ans d'emprisonnement, le vol de sa jeunesse et l'interruption soudaine de la vie de famille qu'il entendait construire.
D'une écriture sensible et agréable,
Juan Gabriel Vasquez nous place aux côtés d'Antonio et de Ricardo dans ce voyage aux sources du malheur. La description de la vie quotidienne de cette période à Bogota (2600 m d'altitude… semble-t-il toujours plongée dans la grisaille et le froid) et dans la campagne de la Dorada sont enrichissantes pour qui ne connaît pas ce pays.
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