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Critique de afriqueah


Oui, et non.
Oui, porté par une écriture magnifique, une manière de voir l'histoire comme si c'était hier , vue non pas comme une vieille dame, mais comme un impertinent jeune homme , à qui on la fait pas.
L'Europe s'emmerde et a besoin de distraction, nous dit Eric Vuillard au début de son livre « Congo ».
Ce serait drôle, très drôle, cette impertinence, sauf que l'on comprend vite que le sujet n'est pas drôle du tout, il est tragique.
Il s'agit de l'annexion de terres inconnues, au coeur de l'Afrique, par le roi Léopold II de Belgique, à son propre compte.
Pour cela, il rassemble en 1876 une conférence géographique internationale. Les découvreurs du monde avaient été cotisés et financés par la Société géographique anglaise. Cette fois Léopold, nous dit Vuillard, les achète, ces géographes qui risquent leur vie dans les jungles impraticables et les marécages paludéens.
Puis il participe, comme d'autres nations, celles qui s'emmerdent, à la conférence de Bismarck, au palais de Radziwill, le 15 novembre 1884, pour le partage de l'Afrique dont les Européens connaissaient uniquement les côtes, pour la traite , traitée par d'autres de l'intérieur.
Justement, bien tombé, il s'agit d'en finir avec l'esclavage.
Les temps modernes sont arrivés.
Ils seront pire, si l'on peut.
« On n'avait jamais vu ça. On n'avait jamais vu tant d'Etats essayer de se mettre d'accord sur une mauvaise action. »
La conférence finit par tourner autour de ce centre de l'Afrique, l'affaire du roi des Belges. Marchandage sur le blanc de l'inconnu, que l'on imagine en or. Les copropriétaires, dans l'ignorance où ils sont des montagnes, rivières et forêts, écoutent Henry Morton Stanley, leur parler de son expérience du fleuve Congo, de son expérience, tout court, et il les passionne.
Stanley pense que Léopold II veut construire un chemin de fer sur mille six cent kilomètres dans la jungle, ce qui lui permettrait une vaste entreprise commerciale.
Il se trompait.
Le roi veut tout pour lui.
Il ne veut pas seulement un peu de commerce, il veut être propriétaire à lui tout seul, et, pour cela il maquille sa volonté en une oeuvre de bienfaisance, avec missionnaires pour alliés, il fait signer des soi disant accords de vente à des vieillards qui ne savent ni lire ni écrire, et qui signent, pour trois babioles, la vente de leurs terres.
« Tenez ! Signez ! C'est pour le grand polichinelle !vendez pour trois perles votre terre, et votre force de travail pour cinq rouleaux de calicot ! Et les rois signent, et s'ils ne signent pas, on les zigouillent ».

A la fin de la conférence, en 1885, les négociateurs se mettent d'accord sur la lutte contre la traite. « Applaudissements. On lève son verre. Champagne ! On porte un toast. Et on signe l'acte final. Voilà, c'est fait. L'Afrique possède son acte de notaire. »
Tout est à nous, comme si ce que dont nous avions besoin, au fur et à mesure, nous était livré : Ivoire, pour les pianos, caoutchouc, pour les voitures, sucre, café, tabac, coton.
Tout nous est livré, au prix d'une entrée en matière sanglante : chaque tirailleur a un nombre défini de balles, leur usage doit être entériné par une main droite coupée (en Egypte, Ramsès faisait de même, et trouvant que beaucoup de mains de femmes ne prouvaient pas la victoire sur l'ennemi, avait exigé une preuve virile coupée plus exemplaire)
L'Afrique est mise à sang, elle flambe, il s'agit d'asservir, de brûler, d'anéantir, de posséder, plus que d'envoyer outre mer comme autrefois.

Non, car le propos d'Eric Vuillard change cependant, se perdant dans les récits des différents acteurs assassins, dont les noms devraient à mon sens être oubliés, pauvres assassins capables d'exterminer un village, dix villages, cent villages, pour quatre poules, au lieu de parler des propres habitants comme l'a fait David van Reybrouck dans son livre Congo, une histoire.
Il répète plusieurs fois que cet ensemble de terres qui s'est trouvé former le Congo n'avait ni administration, ni écoles, ni hôpitaux.
On ne peut pas effectivement penser une administration d'un ensemble de villages qui ne se connaissent pas. le fait d'avoir formé ce pays a entrainé la Belgique à construire hôpitaux, écoles et une administration centrale.
Oui, pour l'écriture magnifique, la comédie persiflante, le propos bien utile quant à l'achat sans frais de terres à découvrir, puis Non car déviation sur les châteaux et héritiers des familles de ces malfaisants conquérants.

LC Thématique septembre : état des lieux
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