Derniers jours d'un monde oublié se déroule sur une île, Sheltel ( en yiddish, un shtetl, c'est une petite ville ), une île totalement perdue sur l'océan ; un monde oublié. Ce monde fonctionne en circuit fermé depuis des siècles, basé sur un système bien huilé, même s'il est loin d'être parfait, sur des traditions et des rites fermement ancrés. La vie y est dure : certaines personnes ne peuvent survivre et doivent laisser leur place à d'autres. Mais tout a été pensé de longue date pour que cette société perdure.
L'île est ainsi dirigée par les Natifs, des êtres aux spécificités intéressantes; ce qui m'a fait penser parfois à La Cité des Anciens de
Robin Hobb, dans les descriptions.
Deux autres communautés vivent sous la domination des Natifs et de leur Roi : les Dusties (inutile de préciser l'étymologie ) dans la ville de Dust, et les Ashim ( ashim ou hashim, en arabe « généreux, », entre autres, mais aussi « hashem » en hébreu), considérés comme les immigrés, sur l'île, qui ne font qu'emprunter un morceau de territoire. Les Dusties ont des droits plus importants que les Ashim.
Le Natif est censé être le souverain mais son pouvoir est contrebalancé par l'influence de la Bénie, une sorte de prêtresse qui veille sur les plus pauvres. Mais la Bénie se trouve elle-même sous la coupe d'un étrange personnage, un vieux marchand, du nom d'Arthur Pozar.
Et voilà qu'apparaît l'une des trois voix, des trois points de vue du roman qui se construit à la manière du Trône de Fer (par ex.) : un chapitre par point de vue (et oui, c'est efficace). Les deux autres appartiennent à la pirate ( qui aborde l'île, et espère enfin s'établir en paix à terre), Erika ; et à la sorcière, la Main. Cette dernière se nomme Nawomi et elle est certainement l'un des meilleurs personnages féminins, sinon le meilleur, de ce roman.
La sorcière, la pirate et le vieux marchand était le titre initial — et pourrait en constituer le sous-titre tellement il définit avec exactitude le récit de ces derniers jours. Ceci est la chronique de la chute d'un monde, et des atrocités qui vont y être attachées, fruits du désespoir ambiant et gestes de dernier recours de la part de certaines personnes. On accoste sur l'île et très vite, on y reste accroché, en haleine. Les pages défilent vite, sans une seule baisse de rythme. 350 pages qui ne se lâchent pas, entrecoupées d'extraits de journaux, de publicité très bien faits en guise d'incipits ( un peu à la Sanderson ou à la
Hobb ). le monde est riche et bien construit.
Les personnages sont, à mon avis, de très belles réussites.
J'ai particulièrement aimé le background de chacun et chacune, même celui des personnages secondaires (la capitaine Kreed, par ex. dont l'histoire donne un très bon éclairage sur l'univers auquel appartient l'île ).
C'est une belle découverte que j'ai faite, du genre coup de coeur, et s'il reste quelques petits points un peu faibles, ils sont mineurs ( ex: relater trop d'atrocités et de tortures accumulées desservent un peu le propos si bien qu' on en arrive plus à l'écoeurement qu'à l'effet recherché.)
Une lecture que je conseille vraiment ( en plus, c'est un poche !
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