Sans sa caricaturale crinière, Teresa retrouvait une incontestable identité de fille de la haute bourgeoisie, aux traits bien entretenus par une bonne alimentation et une hygiène de vie régulière et cette liberté dans l'expression que donne au visage la sérénité de l'acrobate travaillant sans filet. Charo travaillait sans filet depuis sa naissance et Carvalho surprenait parfois sur son visage le rictus canaille de ceux qui tuent pour se défendre ou la peur de ceux qui redoutent la chute. Le schématisme des visages prolétaires est celui des cariatides : du rire ou des larmes. Le visage de Teresa Marsé avait la placidité logique du matériau qui se sait homologué partout, par tous les temps.
Les vrais plaisirs sont ceux de la mémoire.
Il y en a qui naissent pour faire l'histoire, d'autres pour la subir.
En vérité, un être humain que la nourriture laisse indifférent ne saurait être digne de confiance.
Rencontrer Julio, c'était tomber sur l'inclassable. Un primaire qui sait dissimuler qu'il l'est, un ignorant qui a cessé de l'être, un imaginatif aux mains puissantes qui caresse la réalité.
Si vous ne pouvez pas vous passer d'une bonne raison pour faire les choses, inventez-en une.
S'il voulait faire l'amour, il devrait se résoudre à louer un corps mercenaire, ou à engager une longue escarmouche verbale au résultat incertain. L'étape de la persuasion, tout ce cérémonial préalable, l'ennuyait. Ce genre de communication devrait être automatique. Un homme regarde une femme et la femme lui dit oui ou non. Et inversement. Tout le reste n'est que culture.
A la casa de Carvalho se llegaba por un camino ancho de tierra que reptaba entre viejas villas historiadas, de un blanco agrisado por la lluvia a lo largo de cincuenta años, salpicado por azulejos verdes o azules y los colgantes mechones de buganvilias o dondiegos que reposaban por los bordes de las tapias.
Carvalho se rappela alors une vieille boutade d'un professeur de littérature française, Juan Petit : "Imaginez-vous que l'homme angoissé des oeuvres de Sartre, en pleine crise d'angoisse, entende frapper à sa porte. Il va ouvrir, c'est l'encaisseur de gaz. S'il peut payer, tout va bien. Il peut retourner à son angoisse métaphysique. Mais s'il ne peut pas payer, son angoisse métaphysique va se faire voir et il en a une nouvelle."
Carvalho lui tendait un vieux livre broché à couverture jadis rose, toute jaunie maintenant.
- La physiologie du goût, de Brillat-Savarin. Qu'est-ce que tu veux que je fasse de ce livre ?
- Lis-le. Prends ton temps. (...) tu te formeras le goût et tu cesseras de martyriser les types qui t'invitent à dîner avec des croquettes congelées.