Quand j'ai reçu les cinq premiers livres de la sélection du Prix Première dont faisant partie « Prisons« , en lisant le résumé de celui-ci, je me suis dit « Ouille, ça ne va pas être simple… » D'abord parce que le vocabulaire ressemblait furieusement à celui employé par mes ados, vocabulaire qui a le don de me faire sortir de mes gonds, ensuite parce que, moi, les histoires de jeunes en perditions qui finissent en tôle… c'est pas trop mon truc ! Sauf s'il a fallu une chasse à l'homme sanglante pour les y envoyer ! 🙂
Et pourtant… Il n'a pas fallu deux chapitres pour que la magie opère… Cette lecture, je l'ai vécue comme une claque. Aussi magnifique qu'inattendue, la plume de l'auteur m'a emportée loin, dans des contrées où les mots ont du pouvoir, où la lecture est synonyme de vie, d'espoir, de renouveau. L'histoire, contée à deux voix par le narrateur en parallèle à la voix de Marianne de la République (rien que ça !) nous conte les péripéties de Fred, dandy dealer à la petite semaine qui, s'il a un vocabulaire de cité, est capable de retenue lorsqu'il s'adresse à certaines personnes représentant l'autorité comme les policiers, les juges, les surveillants. Son codétenu, un juif accro aux drogues, détecte cette force en lui et n'aura de cesse de lui prouver qu'il peut exister sans parler en verlan ou en ponctuant chaque phrase d'un chapelet d'insultes. Et tandis qu'ils mènent ensemble une croisade vers la culture, tandis que le noir Fred se judaïse les pensées, son codétenu, lui, se détache de la drogue…
Les détracteurs de ce livre lui reprochent un trop plein de belles phrases, un raz-de-marée de beau vocabulaire, un tsunami de références philosophiques… Comme si l'auteur avait voulu nous en mettre plein la vue… Oui, c'est peut-être le cas, mais ce message d'espoir, il y a mis toutes ses tripes, toute son âme… Doux rêveur, son message peut être perçu comme utopique… Et pourtant, Dieu que j'ai envie d'y croire ! Dieu comme j'aimerais que les seules joutes des cités soient des joutes verbales, où chacun s'exprime dans la plus belle partie de la langue de Molière, à coup de références littéraires…
Oui, c'est peut-être un peu trop, oui, il y a tellement de références à Dieu…
Moi, cet aspect ne m'a pas gênée… J'ai voulu voir l'espoir, l'espoir que la Connaissance puisse guérir la Violence. J'ai puisé dans les mots de Ludovic Hermann-Wanda le plein de positivité et, contre toute attente, ce livre que je redoutais de lire s'est transformé en véritable coup de coeur… Et quand on sait qu'en plus, il est parsemé de références rock ‘n roll telles Steven Tyler ou Jimi Hendrickx, on comprend que je sois sous le charme…
Dans le cadre du prix Première, il était reproché à ce livre de ne pas pleinement prouver le potentiel de l'auteur à écrire d'autres histoires, parce que bien que romancée, celle-ci est un peu la sienne… Moi j'estime que s'il devait cesser d'écrire, ça devrait être pour faire le tour des écoles à qui on devrait glisser dans l'oreille de mettre « Prisons » au programme de lecture…
Pour conclure, je ne peux que vous inciter à partir à la découverte de ce doux message empli de candeur…
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