Le chant des revenants est le titre de ce roman lyrique de
Jesmyn Ward.
Dès l'incipit la couleur est annoncée et le grand sujet du livre ce sera la mort.
Peut-on y échapper ? Peut-on la regarder en face ? Comment, quand on est noir, vivre avec les fantômes du passé ? Comment s'échapper de cette misère en héritage ? Y-a-t-il un salut ?
Ce sont toutes ces questions que sonde le livre.
On y suit durant quelques jours de leur vie, les aventures de Léonie, jeune femme noire, qui va aller chercher son mari blanc à sa sortie de prison. Mais cette escapade pleine de promesse va se révéler être un cauchemar hanté par les fantôme de l'esclavage, de la ségrégation et du racisme.
Accompagnée de ses deux enfants, Jojo et Kayla, Léonie va accomplir un éternel retour vers la mort.
Tout cela se passe dans le sud poisseux de
Faulkner, où, même aujourd'hui, les vies des noirs ne valent rien aux yeux des blancs.
Et c'est aussi cela que le livre rappelle, la violence aveugle du racisme envers un peuple qui a déjà payé un si lourd tribu.
La brutalité des foules pour qui les noirs sont à peine plus que des objets est palpable à chaque interaction.
Léonie n'ose pas se disputer avec son ami blanche de peur d'être inquiété par les autorités, sa belle famille blanche la méprise, un policier blanc l'arrête et tient ses enfants en joug avec son pistolet.
Alors elle fuit dans la drogue, mais elle se retrouve enfermée dans un monde peuplé des fantômes de son passé tels que son frère mort.
L'autre voix de ce livre, c'est Jojo son fils adolescent, qui peine à comprendre sa mère et le monde dans lequel elle évolue.
Lui aussi est hanté par les fantôme du vieux sud qui lui parviennent par l'intermédiaire des histoires de son grand-père noir.
Ce sont donc deux cents ans d'histoire funeste qui pèsent sur les épaules de nos personnages.
Jesmyn Ward nous communique tout cela à travers une très belle écriture qui produit une musique douce et lancinante avec une succession d'images évocatrices.
Et c'est en fait
le chant des revenants qui nous parvient à travers cette écriture subtile.
Un livre d'un grande qualité, que je remercie Babelio et Belfond de m'avoir fait connaître via une opération Masse critique privilégié.