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3,8

sur 744 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque j'ai refermé le livre après avoir lu la dernière phrase (« On rentre, ils disent. On rentre »), j'étais quelque peu perplexe voire perturbée. Avais-je aimé ce livre ou l'avais-je détesté ? Une chose était sûre : il ne m'avait pas laissé indifférente. Finalement, en laissant couler le temps, j'ai réalisé que ce texte polyphonique était magnifique, que la sensation éprouvée à la fin de la lecture, était certainement voulue par l'auteur. J'avais été dérangée par cette misère, cette mise au ban de la société d'une partie de la population par une autre qui se croit supérieure. J'avais été émue par ce jeune garçon de 13 ans qui doit porter sa soeur à bout de bras, au propre et au figuré, par cette jeune mère qui a enfanté trop tôt et qui n'éprouve aucun instinct maternel, qui fait passer ses propres besoin avant ceux de ses enfants.
Et ses deux grands-parents qui, loin d'être parfait, constitue les racines -fragiles- de cette famille déchirée. Et ce sont eux qui apportent à Jojo la force et la connaissance pour gérer ses parents mais aussi les fantômes qui viennent tous les hanter.
Les spectres sont aussi de manière allégorique ceux de l'Amérique toute entière, et particulièrement ceux du Sud, les spectres effrayants du passé -violence, racisme, haines antiques- hantant le présent d'un pays où la misère côtoie dans l'ombre le fameux "rêve américain".
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Le chant des revenants, quel titre poétique...
J'y voyais une référence à Given, l'oncle de Jojo, mort trop jeune et qui ne quitte jamais vraiment les hallucinations de sa soeur junkie Leonie. Ou alors une métaphore à propos des victimes d'un racisme ancestral, affectant toujours les vivants.
Eh bien, il y a un peu de tout cela dans le roman de Jesmyn Ward.

L'histoire, racontée en alternance par Leonie et son fils Jojo, s'avère magnifique et douloureuse. La jeune femme est loin d'être une mère aimante et attentionnée, préférant volontiers la drogue à ses enfants Kayla et Jojo.
L'amour qu'elle éprouve pour Michael, leur papa, est une chose belle et terrible à la fois puisque pour lui, elle est prête à tout, quitte à embarquer Jojo et Kayla avec elle dans son road trip vers la prison dont Michael va enfin sortir !
Un road trip dont les enfants se seraient volontiers passés pour rester avec leurs grands-parents, les seuls figures aimantes qu'ils connaissent. Et les seules figures positives de cette famille dysfonctionnelle pour ainsi dire, d'ailleurs.
Jojo aura donc fort à faire pour protéger sa petite soeur de l'inconséquence de ses parents et des autres menaces extérieures qui vont planer au-dessus d'eux...

La dimension fantastique du roman, dont je ne vous dévoilerai pas grand chose volontairement, pourra en surprendre certains mais pour moi, elle est une vraie réussite ! Elle apporte un éclairage au passé du grand-père, River, et une touche d'émotion supplémentaire à ce roman si sombre.

Aaaah qu'est-ce que j'ai pu détester Leonie ! Il est tellement difficile de dépasser son égoïsme, de compatir à son chagrin... Mais c'est clairement un personnage complexe et abouti, comme j'en ai rarement vu.
River, le papi, est une belle âme, torturée mais honorable.

J'ai été émue par ce roman chorale, par cette écriture incroyable, par ces deux enfants trimballés contre leur gré mais qui s'aiment d'un amour si fort...
Merci donc à Babelio pour cette belle lecture, je lirais d'autres Jesmyn Ward c'est certain !
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Trois voix portent le récit de cette famille noire du Sud des États-Unis. D'abord celle de Jojo, treize ans maintenant, enfant métis qui vit chez ses grands-parents noirs, chérit sa petite soeur Kayla, mais n'entretient que des relations sans illusions avec sa mère, Leonie qu'il n'appelle jamais "maman". Jojo voit les morts et en particulier Richie, jeune garçon noir que le grand-père de Jojo a connu autrefois au pénitencier de Parchman.
Richie est la deuxième voix de ce roman choral, relatant la violence dont ont été victimes les Noirs, même après l'abolition de la ségrégation.
C'est à Leonie, enceinte à dix-sept d'ans d'un premier enfant, droguée à la méthamphétamine pour oublier la mort de son frère , Given, victime officiellement d'un accident de chasse, mais dans les faits d'un crime raciste, que revient la troisième voix. Égoïste et bien trop amoureuse de Michael, un Blanc rejeté par sa famille car selon eux il a épousé une "pute noire", Leonie embarque ses enfants dans un road movie parfois halluciné pour aller chercher Michael qui va sortir de Parchman où il a effectué sa peine de prison. L'occasion de vivre de manière resserrée tout à la fois le racisme et la violence au quotidien.
Réalisme, lyrisme et une pointe de fantastique, tels sont les ingrédients de ce roman captivant où seul le chant d'une enfant pourra apporter le repos à tous ceux qui sont morts sans sépulture.
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Le chant des revenants de Jesmyn Ward est un roman noir puissant et passionnant.
Les chapitres alternent avec les voix de Jojo, 13 ans, qui a tout appris de son grand-père maternel, et qui veille sur sa petite soeur Kayla. Il y a la voix également de sa mère Léonie, qui ne joue pas du tout son rôle, droguée et pas du tout maternelle, et qui embarque ses deux enfants sur la route pour aller chercher leur père Mickael qui sort de prison. Et la dernière voix est celle de Richie, un fantôme, qui communique avec Jojo.
C'est un roman empli de sentiments et les pages bouleversantes se succèdent rapidement. Jojo est d'emblée un personnage très attachant, courageux et qui joue un rôle primordial dans cette famille.
On comprend la difficulté de cette famille avec Léonie qui a eu deux enfants avec un blanc et qui sont rejetés par la famille raciste de Mickael. Il y a également la souffrance dû à la mort de son frère et la maladie cruelle qui touche sa mère.

Un livre noir très intéressant et je remercie Babelio et Belfond de me l'avoir fait connaître via une opération Masse critique privilégié.
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Le chant des revenants est le titre de ce roman lyrique de Jesmyn Ward.
Dès l'incipit la couleur est annoncée et le grand sujet du livre ce sera la mort.
Peut-on y échapper ? Peut-on la regarder en face ? Comment, quand on est noir, vivre avec les fantômes du passé ? Comment s'échapper de cette misère en héritage ? Y-a-t-il un salut ?
Ce sont toutes ces questions que sonde le livre.

On y suit durant quelques jours de leur vie, les aventures de Léonie, jeune femme noire, qui va aller chercher son mari blanc à sa sortie de prison. Mais cette escapade pleine de promesse va se révéler être un cauchemar hanté par les fantôme de l'esclavage, de la ségrégation et du racisme.
Accompagnée de ses deux enfants, Jojo et Kayla, Léonie va accomplir un éternel retour vers la mort.

Tout cela se passe dans le sud poisseux de Faulkner, où, même aujourd'hui, les vies des noirs ne valent rien aux yeux des blancs.
Et c'est aussi cela que le livre rappelle, la violence aveugle du racisme envers un peuple qui a déjà payé un si lourd tribu.
La brutalité des foules pour qui les noirs sont à peine plus que des objets est palpable à chaque interaction.
Léonie n'ose pas se disputer avec son ami blanche de peur d'être inquiété par les autorités, sa belle famille blanche la méprise, un policier blanc l'arrête et tient ses enfants en joug avec son pistolet.
Alors elle fuit dans la drogue, mais elle se retrouve enfermée dans un monde peuplé des fantômes de son passé tels que son frère mort.
L'autre voix de ce livre, c'est Jojo son fils adolescent, qui peine à comprendre sa mère et le monde dans lequel elle évolue.
Lui aussi est hanté par les fantôme du vieux sud qui lui parviennent par l'intermédiaire des histoires de son grand-père noir.
Ce sont donc deux cents ans d'histoire funeste qui pèsent sur les épaules de nos personnages.

Jesmyn Ward nous communique tout cela à travers une très belle écriture qui produit une musique douce et lancinante avec une succession d'images évocatrices.
Et c'est en fait le chant des revenants qui nous parvient à travers cette écriture subtile.

Un livre d'un grande qualité, que je remercie Babelio et Belfond de m'avoir fait connaître via une opération Masse critique privilégié.
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